Procédé de fabrication d'un substrat semi- conducteur du type Silicium sur isolant à couche active semi- conductrice mince.
La présente invention concerne d'une manière générale les circuits intégrés, et plus particulièrement la fabrication d'un dispositif de type silicium sur isolant (« Silicon on Insulate (SOI) ») comprenant une couche de matériau semi-conducteur sur une couche de matériau isolant.
Ces dispositifs de type SOI sont plus particulièrement destinés à être utilisés pour réaliser des dispositifs du type totalement appauvris en porteur de charges dans la zone de canal encore appelés dispositifs "fully depleted" , dans lesquels l'épaisseur du substrat semi-conducteur contenant du silicium, encore appelé couche active, définit entre autre la tension de seuil des transistors de type MOS et revêt une grande importance. Une difficulté majeure de l'utilisation des ensembles "fully depleted" est la réalisation de couches minces de substrat semi- conducteur contenant du silicium sur une couche d'un matériau isolant avec un bon contrôle et une reproductibilité suffisante de l'épaisseur de cette couche active entre deux lots de fabrication différents. Pour être performantes, les structures "fully depleted" nécessiteraient des couches actives d'épaisseur de l'ordre de 5 à 30 nanomètres en fonction de la tension de seuil que l'on veut obtenir et des dimensions des grilles des transistors. Par exemple, pour une technologie 0, 1 μm, l'épaisseur idéale de silicium est de l'ordre de 15 nm pour une tension de seuil d'environ 0.35 volts. Tout défaut de planéité de la couche active ainsi que toute différence d'épaisseur de la couche active entre deux lots de fabrication entraînent une variation correspondante de la tension de seuil. En général, sur une même couche active, le défaut de planéité est faible (de l'ordre de quelques %), mais d'un lot à un autre, la différence d'épaisseur peut être beaucoup plus importante.
Les techniques de fabrication de dispositifs de type SOI connues présentent toutes un certain nombre d'inconvénients, en particulier un faible rendement de production, l'obtention de couches active d'épaisseur
relativement importante, d'uniformité médiocre, difficilement reproductible d'un ensemble à un autre et par conséquent une tension de seuil difficilement contrôlable.
Un premier procédé de fabrication de dispositifs de type SOI, connu sous le nom de "Technologie SIMOX", consiste à former une couche de
Siθ ensevelie dans un substrat de silicium par une étape d'implantation d'oxygène à dose élevée suivie d'un recuit à une température supérieure à 1300°C. Les inconvénients de ce procédé sont en particulier le coût élevé de la fabrication des tranches, les défauts cristallins générés dans la couche de silicium par l'implantation à forte dose et forte énergie' de l'oxygène, la faible épaisseur de la couche d'isolant ensevelie, ainsi que les défauts (trous) situés dans la couche d'isolant ensevelie.
Enfin, ce procédé, du fait que les épaisseurs des couches de silicium et des couches d'oxyde de- silicium ensevelies sont déterminées par le processus d'implantation, c'est à dire une implantation massive d'oxygène sous forte énergie et à dose élevée, permet difficilement d'atteindre des épaisseurs inférieures à 50 nm pour la mince couche de silicium résiduelle.
Un second procédé connu sous le nom de "Technique BESOI" , consiste à former un dispositif de type SOI par la formation sur une surface d'un premier substrat de silicium d'un mince film de SiO^ , puis à réunir ce premier substrat, par le mince film de Siθ2, à un second substrat de silicium et enfin à éliminer par meulage et polissage mécanique une partie d'un des substrats de silicium pour former une mince couche de silicium au-dessus de la couche d'oxyde de silicium ensevelie. La couche d'oxyde de silicium sur le premier substrat de silicium est formée par une succession d'étapes qui sont : l'oxydation de la surface de ce premier substrat suivie d'une attaque de la couche d'oxyde formée pour obtenir l'épaisseur voulue.
Ce procédé ne permet d'obtenir que des couches d'oxyde de silicium ensevelies et des couches de silicium sur l'oxyde de silicium enseveli relativement épaisses du fait du mauvais contrôle du procédé d'attaque. En outre, les couches minces obtenues par ce procédé présentent une mauvaise
uniformité consécutive à l'utilisation d'étapes mécaniques qui génèrent généralement un relief sur la surface de la couche active.
Un troisième procédé, connu sous le nom de "Technologie SMARTCUT" consiste à former par oxydation sur un premier substrat de silicium, une couche mince d'oxyde de silicium puis à implanter, sous la mince couche d'oxyde de silicium, des ions H dans ce premier substrat de silicium pour former, au sein de celui-ci, un plan de cavités. On réunit ensuite, par la mince couche d'oxyde de silicium, ce premier substrat à un deuxième substrat de silicium préalablement oxydé. On soumet ensuite l'ensemble ainsi formé à un traitement thermique qui a pour but de transformer le plan de cavités en un plan de coupe.
Ce procédé permet de récupérer d'une part un ensemble SOI et, d'autre part, un substrat de silicium réutilisable. Ce procédé nécessite l'implantation d'une dose élevée d'atomes d'hydrogène. En dépit de l'utilisation d'atomes d'hydrogène de plus petite taille que les atomes d'oxygène du procédé SIMOX, la surface de la couche mince de siliciu obtenue est également endommagée. En outre, l'utilisation de cette technique ne permet généralement pas d'obtenir des épaisseurs de couche mince de silicium inférieures à 50 nm environ. Dans les ensembles SOI ainsi obtenus, l'épaisseur de la couche active de silicium formée est déterminée par l'implantation de l'hydrogène permettant la coupe du substrat initial et ensuite le polissage final de cette couche. Le défaut de planéité engendré par ce procédé est d'environ 5 nm quelle que soit l'épaisseur de la couche finale. Il devient donc un inconvénient majeur pour des épaisseurs inférieures à 50 nm. De plus, la variation d'épaisseur d'une plaque à une autre peut être de l'ordre de 25 % à 40 % de l'épaisseur moyenne d'un lot de plaques, par exemple pour des épaisseurs nominales inférieures à 50 nm ce qui constitue un handicap important lors de la réalisation de circuits complexes en raison de la différence de tension de seuil résultant de la différence d'épaisseur.
Les procédés ci-dessus sont décrits, en particulier, dans l'article SOI : Materials to Systems (SOI : matériaux à systèmes) A.J. Auberton-Hervé, 1996 IEEE.
La présente invention propose de fournir un procédé de fabrication d'un dispositif de type SOI, qui remédie aux inconvénients des procédés de l'art antérieur.
En particulier, la présente invention propose un procédé de fabrication d'un ensemble SOI qui permette d'obtenir des substrats semiconducteurs contenant du silicium, reposant sur une couche de matériau isolant, très minces, y compris pour des épaisseurs de semi-conducteur isolé inférieures à 50 nm, de très bonne uniformité et possédant une très bonne reproductibilité à partir d'un dispositif de type SOI comprenant une couche de matériau semi-conducteur sur une couche de matériau isolant'.
Selon un aspect de l'invention, ce procédé de fabrication d'un dispositif de type silicium sur isolant (SOI) comprenant une couche de matériau semi-conducteur sur une couche de matériau isolant comporte :
1) une première phase comportant les étapes suivantes : a) formation dans la partie supérieure d'un premier substrat semiconducteur initial d'une première couche de matériau isolant au-dessus d'un plan de coupe de ce premier substrat, b) mise en contact de la première couche de matériau isolant avec la partie supérieure isolante d'un deuxième substrat initial, de façon à former une couche de matériau isolant unique, c) coupure au niveau du plan de coupe, de façon à obtenir un substrat semi-conducteur intermédiaire sur la couche de matériau isolant unique, puis
2) une deuxième phase comportant la formation dans le substrat semi-conducteur intermédiaire d'une couche de matériau isolant supplémentaire jointive de la couche de matériau isolant unique et surmontée par une couche supérieure de -substrat semi-conducteur final.
Lors de la première phase du procédé, le plan de coupe peut être formé avant ou après la première couche de matériau isolant. Cette première couche de matériau isolant peut être notamment formée par oxydation, nitruration, ou dépôt. Le deuxième substrat initial peut être de toute nature électrique. S' il est isolant, par exemple en verre, il ne sera ainsi pas nécessaire de former une partie supérieure isolante. Si le
deuxième substrat initial est semi-conducteur, la partie supérieure isolante pourra être notamment formée par oxydation, nitruration ou dépôt.
Un des avantages du procédé proposé est que l'implantation de l'espèce servant à générer la couche de matériau isolant supplémentaire jointive de la couche de matériau isolant unique permet de positionner avec une grande précision, et de façon tout à fait reproductible, l'espèce désirée par rapport à la surface d'entrée du faisceau d'ions dans le substrat semi-conducteur intermédiaire. La seule variation engendrée par ce procédé est une variation de positionnement de l'espèce implantée qui dépend uniquement de l'espèce implantée et de l'énergie utilisée lors de l'implantation. La position de l'espèce implantée dans le substrat semiconducteur intermédiaire ne dépend donc pas de l'épaisseur de ce substrat, mais uniquement de l'énergie d'implantation pour une espèce à implanter donnée. L'énergie d'implantation étant relativement simple à contrôler, il devient ainsi extrêmement aisé de contrôler la profondeur d'implantation des espèces ioniques. La reproductibilité du procédé provient du fait que toutes les implantations, pour une espèce donnée et pour une énergie donnée, auront lieu à la même profondeur, ce qui permet d'obtenir une couche supérieure de substrat semi-conducteur final parfaitement reproductible et ceci quelle que soit la différence d'épaisseur des substrats semi-conducteurs intermédiaires de différents dispositifs de type SOI initiaux soumis à l'implantation.
Cette technique offre donc une amélioration du contrôle de l'épaisseur de la couche active avec une reproductibilité remarquable et une extrême fiabilité.
L'invention est aussi remarquable en ce qu'elle utilise dans la première phase une phase du type « technologie SMARTCUT », et qu'elle permet de remédier au principal inconvénient de cette technique (impossibilité d'obtenir des épaisseurs particulièrement fines du substrat de silicium et dispersion importante des épaisseurs obtenues) en la combinant avec la deuxième phase de formation d'une couche isolante supplémentaire.
Préférentiellement, la formation dans le substrat semi-conducteur intermédiaire de cette couche de matériau isolant supplémentaire est réalisée à l' aide d'une implantation d' oxygène et/ou d' azote dans le substrat semi-conducteur intermédiaire, suivie d'un traitement thermique. Selon une réalisation préférée de l'invention, l'implantation d' oxygène et/ou d' azote est réalisée sous une énergie supérieure à 2 keN.
De préférence, l'implantation d' oxygène et/ou d' azote est réalisée à des doses comprises entre 1016 atomes/cm2 et 1020 atomes/cm2.
Selon une réalisation préférée de l'invention, l'épaisseur de la couche de substrat semi-conducteur -final est supérieure à 5 nm et est plus particulièrement comprise entre 5 nm et 30 nm.
Du fait de l'implantation d'atomes d'oxygène et/ou d'azote au sein du substrat semi-conducteur épais contenant du silicium de l'ensemble SOI initial, la couche de matériau isolant supplémentaire comprend de l'oxyde de silicium et/ou du nitrure de silicium.
Préférentiellement, le premier . substrat semi-conducteur initial comprend du silicium pur monocristallin, du germanium, des alliages de silicium et de germanium du type Si^_χGeχ (0<x< l) ou des alliages de silicium et de germanium contenant du carbone du type Sii Ge C (0<x<0.95 et 0<y<0.95).
L'invention concerne également un circuit intégré comprenant un dispositif de type SOI obtenu par le procédé précédemment décrit.
Ce circuit électronique peut comprendre au moins un composant électronique choisi dans la liste suivante : condensateur, transistor, diode de puissance ou haute tension.
D' autres avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront à l'examen de la description détaillée d'un mode de mise en œuvre nullement limitatif du procédé de l'invention et illustré par les figures 1 à 10 : - les figures 1 et 2 sont des vues en coupe transversale du dispositif de type SOI au cours de la première phase d'un mode de mise en œuvre du procédé de l'invention ;
- les figures 3 à 10 sont des vues en coupe transversale du dispositif de type SOI au cours de la deuxième phase d'un mode de mise en œuvre du procédé de l' invention.
La figure 1 montre un premier substrat semi- conducteur initial 0. Ce premier substrat semi-conducteur initial peut comprendre tout type de matériau semi-conducteur, et peut notamment comprendre du silicium monocristallin, du germanium, des alliages , des alliages de silicium
Sii j. " γ-Λ-Ge Λγ (0<x< l) ou des alliages de silicium Sii x ~Λ _-.- ,y-Ge Λ--.C, y, (0<x<0.95 et
0<y<0.95). Dans ce premier substrat semi-conducteur initial 0, on forme un plan de coupe, par exemple par implantation d'ions H+, représenté en pointillé sur la figure, et définissant une couche 1 du premier substrat semiconducteur initial 0. On oxyde ensuite la partie supérieure du premier substrat semi-conducteur initial 0 pour former une première couche de matériau isolant 3a au-dessus du plan de coupe.
On oxyde de même la partie supérieure d'un deuxième substrat semiconducteur initial 5 pour former une deuxième couche de matériau isolant 3b. On met alors en contact les deux substrats semi-conducteurs initiaux par leur couche de matériau isolant 3a et 3b pour former une couche de matériau isolant unique, tel qu'illustré sur la figure 2.
On coupe ensuite au niveau du plan de coupe, de façon à obtenir un substrat semi-conducteur intermédiaire sur la couche de matériau isolant unique 3. On effectue ensuite un polissage mécanochimique de la surface supérieure du substrat semi-conducteur intermédiaire afin d' éliminer les défauts engendrés par l'implantation ionique.
La figure 3 illustre le dispositif de type SOI à la fin de la première phase du procédé. Ce dispositif comprend le substrat semi-conducteur intermédiaire 1 sur la couche de matériau isolant unique 3, laquelle repose sur le deuxième substrat semi-conducteur initial 5. La première phase du procédé est par conséquent une phase du type « technologie SMARTCUT ».
La figure 4 illustre également un dispositif de type SOI à la fin de la première phase du procédé, le dispositif comprenant le substrat semi-
conducteur intermédiaire 2 sur la couche de matériau isolant unique 4, laquelle repose sur le deuxième substrat semi-conducteur initial 6.
Les dispositifs des figures 3 et 4, bien qu'obtenus par la même première phase du procédé, présentent des épaisseurs différentes des substrats semi-conducteurs intermédiaires 1 et 2. La différence d'épaisseur entre les substrats semi-conducteurs intermédiaires 1 et 2, est représentée sur les figures par la distance δ.
A partir de ces ensembles, et conformément à la deuxième phase du procédé, on réalise, au sein des substrats semi-conducteurs intermédiaires 1 et 2, une implantation de l'espèce servant à générer la couche de matériau isolant supplémentaire, l'espèce étant choisie parmi l'oxygène et/ou l'azote.
Les figures 5 et 6 présentent le profil des pics d'implantation 7 et 8 de l'espèce désirée au sein des substrats semi-conducteurs intermédiaires 1 et 2. Ces pics d'implantation 7 et 8 sont positionnés selon le procédé à la même profondeur x dans le substrat et ceci, quelle que soit l'épaisseur des substrats semi-conducteurs intermédiaires 1 et 2. Les pics 7 et 8 se trouvent donc implantés dans les substrats 1 et 2 à une différence de profondeur δ par rapport aux couches de matériau isolant unique 3 et 4. Ces implantations d'atomes d'azote et/ou d'oxygène sont préférentiellement réalisées pour des doses comprises entre 10 1 f. atomes/cm 9 et 1090 n atomes/c sous une énergie supérieure à 2 keN. L' énergie la plus basse est utilisée pour des épaisseurs du substrat semi-conducteur épais de l'ordre de 50 nm et peut atteindre plusieurs centaines de keN pour des épaisseurs de l' ordre de 500 nm. Ces doses relativement importantes et ces énergies permettent en outre de positionner précisément les pics d'implantation 7 et 8 dans les substrats semi-conducteurs intermédiaires 1 et 2.
Une fois l'implantation réalisée, on procède à une activation de l'espèce implantée de manière à créer une couche de matériau isolant supplémentaire par réaction de l'espèce implantée sur l'espèce composant les substrats 1 et 2. De manière générale, l'espèce implantée est de l'oxygène et/ou de l'azote. La couche de matériau isolant supplémentaire
ainsi formé sera donc constituée d'oxyde de silicium et/ou de nitrure de silicium. De préférence, l'étape d'activation comprendra un traitement thermique de l'ensemble ainsi formé.
Les figures 7 et 8 présentent le profil des couches de matériau isolant supplémentaire 9 et 10 obtenues après le traitement thermique. Le traitement thermique permet d'obtenir la formation dans les substrats semiconducteurs intermédiaires 1 et 2 de couches de matériau isolant supplémentaires 9 et 10. Ces couches de matériau isolant supplémentaires 9 et 10 sont réalisées de la même manière et avec des paramètres d'implantations identiques, elles sont donc formées à la même profondeur P dans les substrats semi-conducteurs intermédiaires 1 et 2.
Les figures 9 et 10 présentent une vue en coupe transversale des dispositifs de type SOI obtenus à la fin de la deuxième phase du procédé et montrent les substrats semi-conducteurs finaux 11 et 12 formés à partir des substrats semi-conducteurs initiaux 1 et 2, ces substrats semi-conducteurs finaux 11 et 12 étant d'épaisseur P supérieure à 5 nm, et de préférence comprise entre 5 nm et 30 nm, lesdits substrats semi-conducteurs finaux 11 et 12 ayant la même épaisseur P pour les deux ensembles utilisés.
On obtient ainsi deux dispositifs de type SOI comprenant chacun un substrat semi-conducteur final, respectivement 11 et 12, et de préférence constitué de silicium, reposant sur une couche d'un matériau isolant, respectivement 13 et 14, ladite couche de matériau isolant étant composée de la couche de matériau isolant unique, respectivement 3 et 4, et de la couche de matériau isolant supplémentaire, respectivement 7 et 8, les deux ensembles ayant la même épaisseur P de substrat semi-conducteur final, respectivement 11 et 12.
Les substrats ainsi obtenus sont donc parfaitement reproductibles et particulièrement adaptés à une utilisation pour la réalisation de dispositifs "fully depleted" .