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Charles Léandre

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Charles Léandre
Autoportrait (1920), lithographie,
Condé-sur-Noireau, musée Charles Léandre.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Charles Lucien LéandreVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Genre artistique
Distinctions
Caricature de Charles Léandre pour Le Rire ().

Charles Lucien Léandre, né le à Champsecret et mort le à Paris, est un illustrateur, lithographe, caricaturiste, dessinateur, sculpteur et peintre français.

' A l'eau! A l'eau! (1895), Palm Beach (USA), Collection David E. Weisman et Jacqueline E. Michel.

Charles Léandre est le fils d’un officier de carrière, originaire de Saint-Front, qui fut maire de Champsecret jusqu’à sa mort accidentelle à l’âge de soixante ans, en 1868[1]. Élève très moyen au collège, la seule discipline en laquelle il se distingue est le dessin[2]:29. Ses parents aspirent pour lui à une carrière militaire, et ce n’est que par un heureux hasard que Charles Léandre va pouvoir assouvir ses aspirations artistiques.

Charles Léandre suit les cours de Bourgeois, professeur de dessin[2]:29. À l’occasion d’un voyage en train vers Paris en 1878, sa mère rencontre l’épouse du peintre Émile Bin auprès de laquelle elle se renseigne sur le métier de peintre. Celle-ci lui vante la vie d’artiste et l’encourage à adresser son fils à son mari. Le lendemain Charles Léandre se rend dans l’atelier d’Émile Bin qui l’accueille et devient son professeur pendant deux années[3]. C’est dans l’atelier de Bin qu’il fait ses premières caricatures.

En 1880, Léandre s’inscrit avec son ami Maurice Eliot à l’École des beaux-arts de Paris[2]:15 où ils entrent dans la classe d'Adolphe Yvon[3], puis d'Alexandre Cabanel[3]. Il y passe des concours et obtient des récompenses : celui du dessin antique en 1883 ou des travaux d’atelier de 1884 à 1886[2]. En 1882, il est reçu au concours du professorat de dessin dans les écoles de la Ville de Paris[3]:124. Il y enseigne jusqu’en 1897.

Après avoir loué ensemble, en 1882, un petit atelier parisien au 31, boulevard de Clichy, Charles Léandre et son ami Eliot emménagent en 1884 dans un atelier près de la place Pigalle au 3, rue Houdon[4],[3]:36.

Parallèlement à son activité d'enseignement, il poursuit son travail personnel de peintre. Il est admis au Salon des artistes français avec la toile intitulée Fanchon la tricoteuse (1882)[5]. Léandre envoie des tableaux et des portraits au Salon des artistes français et se voit récompensé par une mention honorable, en 1888, avec les Mauvais Jours (aujourd’hui au musée de Barcelone)[6]. Charles Léandre est récompensé par une médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1889 pour une grande huile sur toile : la Mère, ou « Dormio cor meum vigilat[7] »[2]:22.

En 1890, Charles Léandre s’installe au 59, rue Lepic où il louera un atelier et un appartement dans lequel il va demeurer pendant un quart de siècle[8].

En 1891, Charles Léandre est récompensé par une deuxième médaille au Salon des artistes français, avec les Longs Jours (Domfront-en-Poiraie, musée Charles-Léandre)[2]:22. Fin 1896, il devient membre de la Société des peintres-lithographes, réalisant leur première affiche (1897)[9].

En 1900, l’artiste est au sommet de sa carrière : lors de l'Exposition universelle, il fait partie des cinq artistes lithographes sélectionnés pour réaliser deux compositions sur un thème imposé dans le cadre des estampes décoratives des palais centennaux. Léandre obtient une médaille d’or[2]:56. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1900[2]:125.

Le roi Rothschild, caricature antisémite pour la une du journal Le Rire () publiée pendant l'affaire Dreyfus.

En 1904, il crée la Société des peintres humoristes où siègent, entre autres, Cappiello, Abel Faivre, Poulbot, Forain, Sem, Jules Chéret[5]:151.

En 1921, Léandre obtient la médaille d’honneur de la Société des artistes français, dans la section gravure, une des plus importantes distinctions qu’un artiste puisse obtenir[2]:125. En 1925, Charles Léandre est promu officier de la Légion d'honneur[2]:125.

Il meurt en 1934 à Paris dans son atelier de la rue Caulaincourt[10].

Membre de la Société des Normands de Paris et très attaché à son terroir, le peintre a toujours passé l’été dans sa maison de Champsecret et a choisi d’y être enterré.

Caricaturiste, portraitiste et illustrateur

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Caricaturiste de journaux illustrés (Le Chat noir, La Vie moderne, Le Figaro, Le Rire, le Grand Guignol, L'Assiette au beurre), il croqua avec entrain les grands de son époque (la reine Victoria, Clemenceau, Zola et beaucoup d’autres). Selon Théophile Gautier, Charles Léandre savait particulièrement mettre en valeur les « particularités ridicules d’une figure ou d’un individu[2]:40 ». Ses dessins irritent parfois jusqu'à ce que l'on lui conseille plusieurs fois « d’employer son art à des œuvres plus hautes. »[réf. nécessaire]

C’était en effet un portraitiste talentueux et ses œuvres au pastel font référence. Concernant les pastels de Léandre, Émile Bayard dans son ouvrage Caricatures et caricaturistes préfacé par Léandre et publié en 1900 indique que « les pastels de Léandre sont empreints de cette même science d'élégance et de goûts raffinés ; ils nous rappellent les meilleures productions dans le genre, sans écart de l'exécution trop originale et inutile si en faveur aujourd'hui, avec la préoccupation unique de la vérité, pour toucher aussi près que possible à la nature admirable, en dehors de toutes les vaines théories d'expression. »

Il s’y résolut en illustrant des livres, notamment Madame Bovary de Gustave Flaubert, Les dix contes du pays de Caux de Guy de Maupassant, Le gendarme est sans pitié de Georges Courteline, ou les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas.

Les peintures de Charles Léandre sont essentiellement des paysages aux couleurs douces, marqués d'une certaine nostalgie, ceux de sa Normandie natale, imprégnées aussi parfois de touches impressionnistes, ou des portraits, dans lesquels l’artiste laisse apparaitre parfois ses propres interrogations, ses inquiétudes et l’expression aussi d'une certaine spiritualité rendues par l'atmosphère de ses compositions. Le Chant de la Marie, Les AmoureuxLes Longs Jours ou La Garde Malade, illustrent par exemple cette démarche et cette mélancolie qui apparaissent dans nombre de ces tableaux.[réf. nécessaire]

Œuvre pendant la Première Guerre mondiale

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Dessin montrant une famille dont le père est entouré de sa femme et de deux enfants dont un dans ses bras
Le départ du permissionnaire. - Papa !...Papa !... emmène-moi ! (1915), La Contemporaine.

Lorsque survient la Première Guerre mondiale, Charles Léandre est trop âgé pour agir directement au front. Il décide alors de mettre « son talent au service de la France[11]. »

Il met donc en œuvre son talent d'illustrateur et produit de nombreuses illustrations pour Le Rire Rouge ou La Baïonnette, et crée quelques affiches telles que la Journée du Calvados, la Journée de l'Orne et la Journée du Poilu. Il produit également une série de planches lithographiées dont La Première victime ou La Charité, qui reprend le sujet d'un tableau important conservé à Flers de l'Orne : La Bête monstrueuse et les Belles Alliées, La Folie de la Guerre, qui fait penser à une estampe de Dürer, et passe pour une horrible hallucination. Enfin, il crée une série de vingt-quatre estampes intitulée Jours de Guerre et de Paix[12], et dessine également pour un recueil de poésies de Pierre Chapelle (Camouflets : dix sonnets écrits à la Guerre de 1917[13]), de nombreux dessins et tableaux fantasmagoriques dans lesquels il s'attache à traduire certaines scènes excessivement dramatiques[14].

Dans La Guerre et la Paix, une immense lithographie, Léandre "donne la pleine mesure de son art"[14]. D'un côté Jésus sur une colline encourage les hommes au travail des champs et observe un paysan qui pousse sa charrue, tandis que les femmes bercent leurs petits, des amoureux s'enlacent et de la fumée s'échappe des cheminées du village. De l'autre côté, l'Esprit du Mal brandit une torche et excite les hommes à la bataille, les faisant s'entretuer, brûle leurs maisons, détruit les récoltes[14].

Rétrospectives

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En 1999, la Ville de Condé-sur-Noireau, aidée par la région et le département, a acquis la collection du pharmacien Henri Buron, ancien conservateur et propriétaire d’un musée Charles Léandre de Montreuil-Bellay[2]:2 ; l'actuel musée Charles Léandre a été créé pour accueillir ces 250 œuvres : pastels, peintures, dessins originaux, lithographies, sculptures, affiches, en plus de 70 ouvrages illustrés et d’un fonds documentaire composé de lettres autographes, journaux satiriques, cartes postales et photographies[15].

La 2e partie de la collection Buron et le fonds d'atelier provenant de la succession de l'artiste ont fait l'objet d'une vente qui s’est déroulée à Bayeux le [16].

À Paris, le musée de Montmartre lui a consacré une rétrospective du au [2].

Portrait de Zo d'Axa, collection privée.

Illustration

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Notes et références

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  1. Société historique et archéologique de l'Orne, Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, Paris, (lire en ligne), chap. 107-109, p. 90.
  2. a b c d e f g h i j k l et m Musée de Montmartre, Charles Léandre, intime et multiple : présentée au musée de Montmartre du 03 octobre au 20 janvier 2008, Paris, Magellan & Cie, , 127 p., 24 x 17 cm (ISBN 978-2-35074-090-4, OCLC 743124519, lire en ligne), p. 22.
  3. a b c d et e Gérald Schurr, 1820-1920, les petits maîtres de la peinture : valeur de demain, t. 7, Paris, Éditions de l’Amateur, , 1328 p. (ISBN 978-2-85917-090-5, lire en ligne), p. 169.
  4. Chez l’encadreur et marchand de peintures Charles Dosbourg, qui succédera au marchand Le Barc de Boutteville à la mort de celui-ci en 1897.
  5. a et b Rêve de livres : Abbaye aux Dames, Caen, juillet-août 1991 : exposition, Paris, Coopération régionale pour l'animation et l'information dans le domaine du livre en Basse-Normandie, , 163 p., 24 cm (ISBN 978-2-909312-00-2, OCLC 882532167, lire en ligne), p. 150.
  6. Angelo Mariani et Joseph Uzanne, Figures contemporaines tirées de l’album Mariani, vol. 5, Paris, Henri Floury, lire en ligne sur Gallica
  7. « Je dors mais mon cœur veille ».
  8. Eugène Véron, Charles Henri Tardieu et Émile Molinier, L’Art : revue hebdomadaire illustrée, t. 57, Paris, (lire en ligne), p. 198.
  9. « La Société des peintres-lithographes » par Léonce Bénédite, in: Gazette des beaux-arts, Paris, juillet 1909, pp. 483-491sur Gallica.
  10. Gérard Conton et Julie Conton, Henri de Toulouse-Lautrec ou les labyrinthes du Temps : art et géométrie temporelle, Paris, Mémoires du Monde, , 424 p. (ISBN 978-2-9532372-7-6, lire en ligne).
  11. Fabien Paquet, « Histoire et archéologie du Mont Saint-Michel. Bibliographie scientifique », Annales de Normandie, vol. 71e Année, no 1,‎ , p. 147–180 (ISSN 0003-4134, DOI 10.3917/annor.711.0147, lire en ligne, consulté le )
  12. Frontispice. Jours de Guerre et de Paix. Album de 24 lithographies de Charles Léandre (1914-1916)
  13. Pierre Chapelle, Camouflets : dix sonnets écrits à la Guerre, Paris, Les Impressions d'Art de Georges Bertrand,
  14. a b et c Éric Lefèvre et Hervé Moëlo, Charles Léandre, OREP éd, (ISBN 978-2-915762-74-7), p.37-38
  15. Espace-musée Charles Léandre, Condé-sur-Noireau sur latelier-conde.fr.
  16. Certains de ses 166 lots, dont un portrait de Léandre dans l'atelier par Maurice Eliot (1886), sont reproduits dans La Gazette Drouot, no 12, , p. 188.
  17. Procès pour complot devant la Haute Cour, hiver 1899.

Bibliographie

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  • Henri Buron (préf. Montreuil-Bellay), Charles Léandre : catalogue raisonné, sa vie, son œuvre, Montreuil-Bellay, Musée Léandre, , 151 p.
  • Éric Lefevre, Charles Léandre, OREP, , 160 p.
  • Musée de Montmartre, Henri Buron, Claude Gautier, Raphaële Martin-Pigalle et Danièle Rousseau-Aicardi, Charles Léandre, intime et multiple [exposition, Paris, Musée de Montmartre, 3 octobre 2007-20 janvier 2008], Abbeville, Paris Magellan & Cie, , 127 p.
  • André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éd. A. Roussard, Paris, 1999, p. 361 (ISBN 9782951360105).
  • Charles Jeanniot, Les maîtres humoristes, Société d'Edition et de Publications, Librairie Félix Juven, Paris, 1908.

Liens externes

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