La présente invention concerne la technologie des transmissions par fibres
optiques en général, et décrit plus particulièrement un système de transmission
optique à horloge commune permettant de réduire le coût de réalisation des
convertisseurs optiques dans un mode de transmission où de nombreuses
longueurs d'ondes, organisées en bandes de longueurs d'ondes, sont transportées
ensembles dans un réseau de fibres optiques.
Depuis des années, les opérateurs de réseaux investissent dans le
transport de l'information (voix et données) sous forme optique en raison des
avantages inhérents au mode de transmission sur fibre. En particulier les réseaux
fédérateurs ('Backbone') ont vu leur capacité de transport augmentée dans des
proportions considérables grâce à l'adoption d'une technique connue sous
l'acronyme de DWDM pour 'Dense Wavelength Division Multiplexing'. Cette
technique permet en effet de transmettre des longueurs d'ondes différentes dans
une même fibre et donc de multiplier le nombre de canaux de transmission,
complètement indépendants, sur une même fibre physique. Des dizaines, voire des
centaines de longueurs d'ondes, peuvent ainsi être combinées et transportées dans
un même milieu de propagation.
Une fonction essentielle dans ces réseaux est alors de pouvoir diriger et
orienter les flots d'information transportés, sous forme d'une modulation des
diverses longueurs d'ondes, vers leur destination finale. Ceci est notamment
réalisé par l'intermédiaire de commutateurs optiques dont un schéma fonctionnel
(100) est illustré sur la figure 1. Ces dispositifs sont d'une façon générale à
même de diriger n'importe lequel des flots reçus sur une des interfaces d'entrée,
par exemple (110), vers n'importe laquelle des interfaces de sortie, par exemple
(120). Chacune de ces interfaces d'entrée ou de sortie nécessite d'être
synchronisée par un dispositif fournissant un signal d'horloge. Toutefois la
réalisation pratique de ces dispositifs est onéreuse. En particulier parce que ces
interfaces doivent combiner les nouvelles technologies optiques à celles, toujours
nécessaires, de l'électronique traditionnelle.
Une autre fonction essentielle est la transmission sur de longues distances.
Le document US 4.267.590 décrit un système de transmission qui comporte
- Une pluralité de dispositifs d'émission pour recevoir une pluralité de
signaux électriques de données, et moduler respectivement une pluralité de
signaux optiques ayant des longueurs d'onde différentes, puis les multiplexer
spectralement en un signal optique composite.
- Une fibre optique de transmission.
- Un dispositif pour démultiplexer ledit signal optique composite en une
pluralité de signaux optiques.
- Une pluralité de dispositifs de réception connectés respectivement à
chacune des sorties du dispositif pour dé-multiplexer.
Les dispositifs d'émission est synchronisés respectivement par une pluralité
de signaux d'horloge déphasés, fournis par une horloge commune relie à une
cascade des dispositifs de déphasage. Chacun des dispositifs de réception reçoit
un seul des signaux optiques résultants du démultiplexage, il et est synchronisé
individuellement par un dispositif de synchronisation comprenant un circuit
d'acquisition de signal, d'horloge recevant ce signal optique.
Le but de l'invention est de fournir un système de transmission par fibres
optiques utilisant une horloge commune aussi bien dans la partie émission que
dans la partie réception, permettant ainsi de réduire le coût de réalisation du
système.
L'objet de l'invention est donc un système de transmission par fibres
optiques, notamment un commutateur optique, comprenant :
un premier dispositif pour régénérer une pluralité de signaux électriques
ou optiques en un signal optique composite incluant une pluralité de longueurs
d'ondes, un premier circuit d'horloge fournissant un signal d'horloge commun
pour régénérer ces signaux électriques ou optiques ; un second dispositif pour régénérer ledit signal optique composite en une
pluralité de signaux électriques ou optiques, ledit second dispositif comprenant un
moyen pour dé-multiplexer ladite pluralité de longueurs d'ondes, et une pluralité
de régénérateurs connectés respectivement à chacune des sorties dudit moyen
pour dé-multiplexer, chacun des régénérateurs comprenant une entrée d'horloge
et une sortie de données pour restituer un signal régénéré ;
caractérisé en ce que ledit second dispositif pour régénérer comprend
un second circuit d'horloge commun pour fournir un signal d'horloge à chacun
desdits régénérateurs ; et un moyen d'acquisition de signal d'horloge, commun à
tous les régénérateurs du second dispositif pour régénérer, ce moyen d'acquisition
étant connecté à l'une des sorties dudit moyen pour dé-multiplexer et à une entrée
dudit second circuit d'horloge commun.
Les buts, objets, ainsi que les caractéristiques et avantages de l'invention
ressortiront mieux de la description détaillée d'un mode préféré de réalisation de
cette dernière. illustré par les dessins d'accompagnement dans lesquels :
La FIGURE 1 illustre un schéma fonctionnel d'un commutateur optique où
l'invention trouve le mieux son application. La FIGURE 2 représente la partie émission d'un système de transmission
optique selon l'invention. La FIGURE 3 représente la partie réception d'un système de transmission
optique selon l'invention Les FIGURES 4A, 4B et 4C représentent des systèmes permettant
d'introduire une dé-corrélation entre les séquences de bits transmises sur des
canaux adjacents. La FIGURE 5 est un diagramme représentant le décalage temporel entre
les signaux sur des canaux adjacents.
L'invention tire avantage de ce que les signaux optiques servant à
transporter l'information sont en fait organisés en bandes regroupant plusieurs
longueurs d'ondes ou canaux individuels de transmission. Une telle organisation
permet d'obtenir un coût raisonnable avec un grande capacité de commutation
d'information conforme à la demande toujours croissante en bande passante des
réseaux de télécommunication.
Ainsi la figure 2 prend comme exemple le cas d'une bande regroupant
quatre longueurs d'ondes qui sont combinées pour être transportées, comme un
tout, vers le point d'utilisation parcourant ainsi un chemin identique et traversant
les mêmes équipements notamment un ou plusieurs commutateurs optiques du
type illustré dans la figure 1. Ce mode de transmission est désigné sous
l'acronyme de WBDM pour 'Wavelength Banding Division Multiplexing'. Ainsi,
dans ce mode de transmission, les quatre modulateurs optiques (210, 212, 214 et
216) nécessaires pour moduler les quatre longueurs d'ondes de la bande à
transmettre à partir de quatre signaux électriques correspondants (211, 213, 215
et 217) utilisent une même source d'horloge (220) de telle façon qu'ils soient
parfaitement synchronisés à l'émission. Quoique l'invention fasse état ici d'une
modulation à partir de signaux électriques, il doit être compris que ces signaux
pourraient être aussi bien des signaux optiques.
Chaque modulateur comprenant donc, dans cet exemple particulier
servant à illustrer l'invention, une entrée pour le signal électrique de modulation
(219) et une entrée d'horloge (221). On notera ici que la modulation sera de
préférence de type NRZ (Non Return to Zero), la plus simple à mettre en oeuvre à
partir de signaux électriques binaires. Une fois modulées, les quatre longueurs
d'ondes sont multiplexées optiquement (230) dans un dispositif standard
approprié (par exemple un coupleur optique). L'horloge commune (220) peut
également être mise à profit pour ajouter une modulation RZ commune (240) ce
qui facilitera la détection du signal à l'autre bout de la transmission mais n'est
cependant en rien indispensable pour une bonne mise en oeuvre de l'invention.
Puis, comme indiqué sur la figure 3, à la réception du signal transmis
(235), les canaux individuels formant la bande de longueurs d'ondes sont démultiplexés
(330) dans un dispositif optique standard (330) tel qu'un séparateur
de longueurs d'ondes. L'un des canaux est alors sélectionné, celui du haut par
exemple et le signal est reçu par un moyen d'acquisition (305) à partir duquel
l'horloge utilisée lors de la transmission est extraite et peut donc être utilisée,
moyennant un décalage temporel adéquat, pour les quatre canaux de la bande
de longueurs d'ondes de cet exemple particulier de mise en oeuvre de l'invention.
Les signaux, qui ont modulé les signaux optiques, peuvent alors être restitués (311,
313, 315 et 317) en sortie des quatre régénérateurs (310, 312, 314 et 316), et en
utilisant, comme à l'émission, une seule source d'horloge (320), chaque
convertisseur optique-électrique comprenant notamment une sortie (319) et une
entrée d'horloge (321).
Ainsi l'invention permet de partager une seule horloge à l'émission
comme à la réception contribuant à diminuer le coût de réalisation de la fonction.
On notera toutefois que la réalisation de l'invention suppose
implicitement que la dispersion chromatique des signaux optiques transmis à
travers les différents dispositifs nécessaires à l'acheminement des signaux vers leur
destination finale est faible afin que l'horloge commune puisse effectivement,
sans erreur, échantillonner les signaux optiques reçus. Cela passe notamment par
l'utilisation de commutateurs, du type de la figure 1, incluant une compensation
chromatique qui est une technique connue de l'homme de l'art.
Par ailleurs les spécialistes en transmission optique savent bien que le
transport d'information par modulation de longueurs d'ondes proches, comme
dans le cas du WBDM, peut induire des phénomènes parasites indésirables. Il se
produit alors une inter-modulation parasite croisée entre canaux. Ces
phénomènes qui apparaissent notamment dans le type de commutateurs optiques
de la figure 1 et en particulier avec l'utilisation nécessaire d'amplificateurs
optiques ou SOA (Semiconductor Optical Amplifier) sont connus des spécialistes
sous le nom de XGM pour 'Cross-Gain Modulation' et aussi sous le nom FWM
pour 'Four Wave Mixing'. Ces phénomènes parasites sont d'autant plus accentués
que les données véhiculées sur des canaux adjacents sont identiques. Si, en
général, les données à transporter sur des canaux adjacents sont différentes, il
n'est pas rare cependant que des périodes de plus ou moins longue durée,
puissent exister où les données transportées sont de fait identiques. En particulier,
les entêtes de messages ont souvent des parties communes qui se répètent
régulièrement et qui peuvent être en phase entre deux canaux adjacents.
Par ailleurs l'utilisation effective des canaux de transmissions n'atteint que
très exceptionnellement leur pleine capacité. Une pratique courante consiste alors
à envoyer, au lieu de paquets de données réelles, des pseudo paquets vides de
données, qui maintiennent la synchronisation entre les équipements de
communication. Les paquets vides, toujours d'un même format, que le récepteur
sait reconnaítre comme tels, sont simplement ignorés à la réception au delà de
leur utilisation qui est donc de maintenir la synchronisation d'un lien. Ainsi, une
partie significative des informations transmises par des canaux adjacents peut être
identique, d'autant plus que les canaux de transmission sont sous-utilisés et donc
comportent beaucoup de paquets vides.
Dans ce cas, les phénomènes parasites d'inter-modulation mentionnés ci-dessus
peuvent atteindre un niveau incompatible avec une bonne mise en oeuvre
de l'invention en raison d'un taux d'erreur, BER ou 'Bit Error Rate', trop important
sur les liens. L'invention, comme décrit dans les figures 2 et 3, suppose en effet
que les signaux transportés sont parfaitement synchronisés pour permettre
l'utilisation d'une horloge commune, ce qui ne peut qu'exacerber l'apparition des
phénomènes indésirables décrits. Ainsi, pour pouvoir tirer pleinement avantage de
l'invention il y a donc lieu d'introduire une dé-corrélation entre les séquences de
bits transmises entre canaux adjacents.
Les figures 4A, 4B et 4C illustrent la mise en oeuvre de trois méthodes
pour obtenir l'effet désiré. La figure 4A montre que la dé-corrélation est obtenue
au niveau optique en introduisant une fibre optique (410) d'une longueur
suffisante (plusieurs kilomètres) qui par l'effet de la dispersion chromatique va
créer un décalage temporel entre canaux adjacents.
Le dispositif de la figure 4B permet d'obtenir le même effet par
l'introduction de délais, entre canaux adjacents, au niveau électrique (420) avant
mélange des longueurs d'ondes constituant la bande de longueurs d'ondes (425).
Le décalage temporel D entre 2 canaux adjacents j et j-1 est un nombre réel αi du
temps bit Tbit défini comme suit : Di-Di-1 = αi Tbit.
Dans le cas d'un schéma de modulation RZ, on peut tirer avantage du
retour à zéro de la puissance entre 2 symboles. Quand le reste de la division du
décalage temporel entre canaux adjacents par le temps bit est égal à la moitié
d'un temps bit (αi=0.5), un canal j atteint son maximum de puissance pendant
que les canaux adjacents j+1 et j-1 sont à leur puissance minimale (voir Figure
5). Du fait de la diversité des composantes de FWM dans un contexte WDM, la
plage efficace du décalage temporel entre canaux est élargie suivant la formule
suivante : αi = n+ε où n est un entier et ε un réel compris entre 0,25 et 0,75.
Dans la figure 4C, la dé-corrélation des séquences de bits est
simplement obtenue par inversion des données transmises (430) entre canaux
adjacents de telle façon que celles-ci prennent des valeurs opposées à la
transmission mais qui seront rétablies à la réception.