Vital Lative
Maire de Bouillante | |
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Nom de naissance |
Charles Lative |
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Enfant |
Georges Lative (d) |
Statuts |
Vital (Charles)[1] Lative, né en 1819 et mort le à Pigeon (Bouillante), est un esclave et homme politique français qui deviendra maire de Bouillante en 1851 et le restera jusqu'en 1874.
Il est considéré comme un symbole de la promotion sociale[2].
Biographie
[modifier | modifier le code]Vital Lative est le fils de Catherine Almaïde Proxilène, une affranchie. Esclave appartenant à Durand de Surmont[3], son nom patronymique est l'anagramme de son prénom officiel. Charpentier, il demande son affranchissement le 7 février 1845[2],[4].
Le 15 février 1850, aux premières élections municipales au suffrage universel à Bouillante, Eucher Paris-Desjordon est élu maire, mais il décide d'abandonner la commune et de s'installer à Pointe-à-Pitre. Vital Lative, charpentier reconnu dans sa commune par les notables, sans doute pour mettre fin à des hostilités venues des nouveaux libres, est choisi par le Second Empire, comme maire par intérim le 6 juin 1851[5]. Une lettre ministérielle du 22 janvier 1852 dissout le conseil municipal et le 31 août 1852, une commission provisoire est organisée avec à sa tête comme président Vital Lative. La commission est installée officiellement le 3 octobre 1852[6]. Vital Lative restera maire de Bouillante jusqu'au 24 décembre 1874[7]. En 1857, il remplace Jean-Pierre Pineau dit Tréville, décédé, au collège des assesseurs de l'arrondissement de Basse-Terre[8].
En 1865, il doit gérer deux évènements importants, un ouragan et une pandémie. Le 6 septembre 1865[9], l'ouragan détruit les voies de communication de Bouillante et la rivière Bourceau déborde et saccage plusieurs habitations dont la sienne. Vital Lative commence à peine de remettre en état les voies de communication de Bouillante qu'il apprend qu'une pandémie de choléra fait rage dans plusieurs villes. La pandémie s’abat sur Bouillante quelques mois plus tard malgré ses mesures de prévention. Avec peu de moyens matériels et un seul médecin pour trois communes, la peur s'installe dans la ville. Lative demande l'aide des autorités de Basse-Terre, met des moyens radicaux comme brûler tout objet en contact avec la victime et interdit toute festivité pour enrayer la maladie. L'épidémie qui a fait 230 décès sur 3 079 habitants s'arrête officiellement le 30 avril 1866[10].
En octobre 1873, au début de la Troisième République, il choisit, lors d'une rébellions des habitants de la commune, de les soutenir contre les forces de l'ordre ce qui lui vaut une suspension de trois mois[7],[11]. Le débat ne tarde pas à être vu comme une lutte blancs contre noirs par les représentants de l'autorité de la Troisième République. Le 24 décembre 1874, il est révoqué purement et simplement car déclaré comme opposant politique au régime[12]. Vital Lative cherche alors à se disculper d'accusations diverses, mais les registres de délibérations disparaissent[12]...
Victor Schoelcher écrit à son sujet en 1875 : « M. Lative était maire de cette commune depuis vingt ans. Il a toujours rempli ses fonctions avec sagesse, avec équité... »[13]
En 1881, il revient à la politique et devient adjoint au maire[14]. Lative est membre de la commission administrative des établissements de bienfaisance de Bouillante jusqu'à sa mort et sera remplacé par François Dahomais[15]. Il meurt à Pigeon, un hameau de Bouillante le 27 novembre 1889[16].
Famille
[modifier | modifier le code]Vivant avec Fragile Pharué dont il a deux enfants non reconnus, il reconnaît le troisième, Wilfrid André le 3 décembre 1846 et épouse Fragile le 18 février 1851[17]. Il légitime à ce moment-là leurs autres enfants[18]. Veuf, il épouse le Marie Cécile Lilia Gosse à Pointe-Noire[19] avec qui il aura un enfant du nom de Marie Vital Engelbert[20].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Prénom sous lequel il signe donc vraisemblablement son vrai prénom. Les esclaves avaient souvent un prénom attribué par leur propriétaire.
- Gérard Lafleur, Bouillante. Cœur de la Côte sous le vent, Karthala, 2004, p. 185.
- Gazette officielle de la Guadeloupe du 15 février 1845, p. 65.
- Bulletin officiel de la Guadeloupe : arrêté du Gouverneur en conseil le 7 février 1845 sur l'accord des titres de liberté sur Gallica
- Gérard Lafleur, Bouillante. Cœur de la Côte sous le vent, Karthala, 2004, p. 187.
- Dépêche ministérielle du 22 janvier 1852, Gazette officielle de la Guadeloupe no 15, 31 août 1852.
- Gérard Lafleur, Bouillante. Cœur de la Côte sous le vent, Karthala, 2004, p. 188.
- Bulletin officiel de la Guadeloupe : décisions du gouverneur, le 18 avril 1857 sur Gallica
- « Ouragan 4 de 1865 », sur Infoclimat (consulté le )
- DOI Une épidémie de choléra à Bouillante (1865-1866) de Gérard Lafleur, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe
- L’Écho de la Guadeloupe, bulletin du 28 octobre 1873 sur Gallica
- Gérard Lafleur, Bouillante. Cœur de la Côte sous le vent, Karthala, 2004, p. 190-191.
- Victor Schoelcher, La grande conspiration du pillage, de l'incendie et du meurtre à la Martinique, 1875, p. 91.
- Gérard Lafleur, Bouillante. Cœur de la Côte sous le vent, Karthala, 2004, p. 193.
- Bulletin officiel de la Guadeloupe : décisions du gouverneur, le 7 février 1890 sur Gallica
- « Guadeloupe Bouillante 1889 », numéro 52, sur ANOM (consulté le ), p. 58
- Sandra Willendorf, Les affranchissements en Guadeloupe 1826 - 1848, vol. 2, 2022, p. 584.
- Gérard Lafleur, Bouillante. Cœur de la Côte sous le vent, Karthala, 2004, p. 186.
- « Guadeloupe Pointe-Noire 1866 », numéro 23, sur ANOM (consulté le ), p. 50
- « Lative Marie Vital Engelbert (1895) », sur Archives départementales de Guadeloupe (consulté le )