Sécheresse de 2022 en Europe
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La sécheresse de 2022 en Europe est un épisode de sécheresse en Europe continentale et dans les îles Britanniques pendant l'été 2022.
Cette situation débute par un déficit hydrique dès l'hiver 2021-2022, marqué par de faibles pluies, et résulte en des restrictions d'usages d'eau à l'été ainsi qu'une série d'incendies dans plusieurs régions métropolitaines.
Selon l'Observatoire mondial de la sécheresse (GDO, en anglais : Global Drought Observatory) du Centre commun de recherche de la Commission européenne, la sécheresse est la pire depuis 500 ans[1],[2].
Allemagne
[modifier | modifier le code]En août 2022, le niveau du Rhin avait baissé au point d'affecter la navigation. Le niveau d'eau à Emmerich est descendu à -3 cm, soit 10 cm de moins que le précédent record de 2018. Le niveau normal de l'eau est de 239 cm. En raison des faibles niveaux d'eau, le coût du transport des marchandises a été multiplié car les navires n'ont pu charger que 25 à 35 % de leur cargaison habituelle.
Le 24 août, 54 % du territoire allemand est touché par une sécheresse exceptionnelle. En outre, 24,6 % étaient touchés par une sécheresse extrême et 12,2 % par une sécheresse sévère.
Belgique
[modifier | modifier le code]Espagne
[modifier | modifier le code]Hongrie
[modifier | modifier le code]France
[modifier | modifier le code]Chronologie
[modifier | modifier le code]La sécheresse s'est installée dès l'hiver 2021-2022. L'hydrologue Emma Haziza constate que l'année 2022 est caractérisée par un manque de précipitation en hiver et au printemps[3].
Dès le , huit départements ont mis en œuvre des mesures de restriction des usages de l'eau[4].
Le comité d'anticipation et de suivi hydrologique du 18 mai identifie des risques de sécheresse[5]. Le ministère de la Transition écologique publie une cartographie du risque de sécheresse par département pour l'ensemble de la France métropolitaine avec 3 niveaux de risques : très probable, probable et possible[6].
Au mois de juillet, seuls 9 mm de pluie sont tombés. C'est le mois de juillet le plus sec depuis le début des mesures en 1959. La sécheresse concerne la totalité du territoire de France métropolitaine[7]. La sécheresse se manifeste notamment par le faible enneigement dans les Alpes, un niveau historiquement bas des rivières et un niveau très bas des lacs comme le lac de Serre-Ponçon ou le lac de Sainte-Croix[8].
Le mois de juillet arrive après un printemps déjà très sec[9]. Le département de la Drôme, par exemple, est en alerte sécheresse depuis le [10].
Le , l'ensemble des 96 départements de France métropolitaine sont placés en vigilance sécheresse[11]. Parmi ces départements, 60 départements sont considérés en crise sécheresse le [12].
Le , le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, fait savoir que « plus d'une centaine de communes » sont privées d'eau potable, une situation qualifiée d'« historique »[13].
Le , la Première ministre Élisabeth Borne annonce la création d'une cellule interministérielle de crise[15].
Contexte
[modifier | modifier le code]Mise en perspective historique
[modifier | modifier le code]Au cours des 50 années précédentes, la France a connu d'autres épisodes de sécheresse notamment en 1976, en 1989-1990, en 2003, en 2011 et à l'automne 2018. La sécheresse de 2022 est comparable en intensité aux épisodes de 1976 et 2003 d'après le climatologue Jean-Michel Soubeyroux[16].
Situation météorologique
[modifier | modifier le code]En parallèle de la sécheresse de 2022, la France métropolitaine est touchée comme la plupart des pays d'Europe par plusieurs épisodes de canicule.
La sécheresse renforce la crise énergétique en Europe liée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022[17].
Causes et explications
[modifier | modifier le code]À l'automne 2021, la situation des nappes phréatiques était globalement favorable. La période de recharge des nappes phréatiques 2021-2022 a été largement déficitaire. Cela s'explique largement par le déficit pluviométrique de l'hiver 2021-2022[18].
Localement, la situation hydrologique dépend du type de nappe. Les nappes phréatiques inertielles conservent un niveau d'eau peu dégradé alors que les nappes phréatiques réactives sont directement affectées par le manque de pluie[18].
Conséquences
[modifier | modifier le code]Incendies
[modifier | modifier le code]La sécheresse a pour conséquence des feux de forêt, en particulier des mégafeux en Gironde et des restrictions d'eau[19]. Le système européen d’information sur les feux de forêt recense plus de 47 000 hectares de surfaces brûlées sur les sept premiers mois de l'année, dépassant déjà l'année 2019 où 43 600 ha avaient brûlé[20]. À titre de comparaison, la forêt d'Orléans d'une surface de 50 000 ha, dont 35 000 ha de forêt domaniale, est la plus grande de France dans ce registre.
Des régions habituellement épargnées de ces phénomènes de feux de forêt, comme la Bretagne, sont également concernées, « dont la propagation a été facilitée par la forte sécheresse et les vents tournants » selon la préfecture du Morbihan [21].
Tensions sur les nappes phréatiques
[modifier | modifier le code]En Haute-Corse, les réserves d'eau s'épuisent et début août le préfet appelle ses administrés à diminuer leur consommation d'eau[12].
À Seillans dans le Var, la nappe phréatique est asséchée et la commune est approvisionnée en eau par un camion-citerne[22]. La commune a mis en place des mesures de restriction de la consommation d'eau par personne à hauteur de 150 litres par jour. Pour faire respecter la règle, la commune pose des dispositifs de restriction du débit sur les compteurs des habitations qui excèdent le seuil[23].
Conséquences sur le marché de l'électricité
[modifier | modifier le code]La production hydroélectrique s'est effondrée à la suite de la sécheresse[17].
En parallèle, le faible niveau du Rhin diminue le tonnage net des bateaux transportant le charbon vers les centrales allemandes, ce qui augmente les coûts de production. Par conséquent, le prix du mégawattheure sur le marché européen a parfois atteint 470 euros en août[17].
La production d'électricité thermique est aussi menacée, car la faiblesse du débit des fleuves et la température élevée de l'eau de ceux-ci baisse l'efficacité des échangeurs thermiques constituant la source froide des turbines à vapeur. EDF a été contraint de réduire sa production d'électricité nucléaire[17].
Conséquences sur la faune sauvage
[modifier | modifier le code]La sécheresse de 2022 en France et plus généralement en Europe de l'ouest a des conséquences dramatiques sur la faune sauvage[24].
Risques pour le bâti
[modifier | modifier le code]La multiplication des sécheresses expose les bâtiments construits sur des sols argileux au phénomène de retrait-gonflement des argiles, ce qui peut conduire à des fissures et une fragilisation du bâtiment. Le ministère de la Transition écologique estime que près de 10,4 millions de maisons individuelles sont potentiellement très exposées[25],[26].
Débat public
[modifier | modifier le code]Questionnement sur la gestion de l'eau
[modifier | modifier le code]Dans une tribune au Figaro, Hervé Mariton défend l'idée que les capacités de stockage des eaux pluviales sont faibles, l'utilisation se faisant sur des stocks naturels fortement déficitaires[27].
Irlande
[modifier | modifier le code]Italie
[modifier | modifier le code]L'état d'urgence a été déclaré en juillet 2022. La sécheresse a été tenue pour responsable de la mort de dizaines de vaches. Le nord de l'Italie a connu un assèchement d'importants cours d'eau comme le Pô.
Luxembourg
[modifier | modifier le code]Moldavie
[modifier | modifier le code]Pays-Bas
[modifier | modifier le code]Portugal
[modifier | modifier le code]Roumanie
[modifier | modifier le code]Royaume-Uni
[modifier | modifier le code]Albanie
[modifier | modifier le code]Kosovo
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en-GB) « Europe's drought the worst in 500 years - report », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- « Sécheresses en Europe : la situation actuelle la pire depuis 500 ans », sur Commission européenne : Représentation en France : Informations, (consulté le )
- Amélie Poinssot, « Emma Haziza : cette sécheresse « nous oblige à réfléchir à nos usages de l’eau » », Mediapart, (lire en ligne).
- « BULLETIN NATIONAL DE SITUATION HYDROLOGIQUE DU 11 AVRIL 2022 », sur eau france.fr, .
- « Sécheresse : réunion du Comité d'anticipation et de suivi hydrologique », sur Ministères Écologie Énergie Territoires, (consulté le ).
- « Cartographie des territoires avec risques de sécheresse d'ici la fin de l'été 2022 », sur Ministère de la Transition écologique (consulté le )
- Victor Vasseur, « Sécheresse : seulement neuf millimètres de pluie, jamais un mois de juillet n’a été aussi sec en France », France Inter, (lire en ligne).
- Manon Vautier-Chollet, « Sommets, lacs et cours d'eau : partout en France, les effets de la sécheresse vus du ciel », France Inter, (lire en ligne).
- « Ce mois de juillet a été le plus sec jamais mesuré en France », Reporterre, https:reporterre.net, (lire en ligne).
- « « Nos plantes crèvent » : dans la Drôme, les paysans abattus par la sécheresse », Reporterre, (lire en ligne).
- Le Monde avec AFP, « Sécheresse : Paris et la petite couronne placés sous « vigilance », toute la France hexagonale sous surveillance », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « Canicule : vingt-six départements toujours en vigilance orange, soixante désormais placés en « crise sécheresse » », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
- « Sécheresse : plus de 100 communes privées d'eau potable », TF1info, lire en ligne
- « Sécheresse : les mesures pour économiser l’eau », sur Ministères Écologie Énergie Territoires (consulté le )
- « Face à la sécheresse, Élisabeth Borne annonce l’ouverture d’une cellule interministérielle de crise », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
- Esther Serrajordia, « Sécheresse : plusieurs épisodes violents depuis 1976 », La Croix, (lire en ligne).
- Martine Orange, « La sécheresse aggrave la crise énergétique en Europe », Mediapart, (lire en ligne).
- Violaine Bault et Marc Laurencelle, « Troisième vague de chaleur : une sécheresse sans précédent cet été 2022 », The Conversation, (lire en ligne).
- « Restrictions d'eau et incendies : les effets de la sécheresse », Euronews, 27 juillet 2022, lire en ligne
- « Incendies en France : déjà 47 000 hectares brûlés depuis le début de l’année », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Incendies en Bretagne : plus de 300 hectares brûlés dans le Finistère et le Morbihan », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « « Laboratoire » de la sécheresse dans le Var : « Prendre sa douche avec sa casserole, ça remet les idées en place » », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
- Sofia Fischer, « A Seillans, des réducteurs de débit imposés pour limiter la consommation d’eau », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
- Guillaume Delacroix, « La faune sauvage paye un lourd tribut à la sécheresse en Europe de l’Ouest », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
- Daphné Gastaldi (We Report), « La sécheresse fait craquer de plus en plus de maisons », Mediapart, (lire en ligne),
- « Nouveau zonage d'exposition au retrait gonflement des argiles : plus de 10,4 millions de maisons individuelles potentiellement très exposées », gouv.fr, (lire en ligne).
- « Hervé Mariton: « La gestion de l'eau en période de sécheresse illustre le mal français » », sur Le Figaro, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Observatoire européen de la sécheresse par le Centre commun de recherche de la Commission européenne
- Propluvia portail des arrêtés de restriction d'eau maintenu par le ministère de la Transition écologique
- Info-Sécheresse - Site gratuit d'informations sur les eaux souterraines, les eaux de surface, et la météorologie en France