Siège de Daraya
Date |
– (3 ans, 9 mois et 19 jours) |
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Lieu | Daraya |
Issue | Victoire des loyalistes |
inconnues | 1 000 hommes (en 2016)[1],[2] 700 hommes à la fin du siège[3] |
inconnues | 120 morts au moins (d'août 2015 à juillet 2016)[2] |
Batailles
- 1re Deraa
- 2e Deraa
- Homs
- Banias
- Telkalakh
- 1re Rastane
- Talbiseh
- 1re Jisr al-Choghour
- 1re Jabal al-Zawiya
- 1er Hama
- Lattaquié
- 2e Rastane
- 1er Zabadani
- Douma
- 3e Rastane
- 2e Zabadani
- 1er Qousseir
- 1re Azaz
- 1re Idleb
- Taftanaz
- 4e Rastane
- Nobl et Zahraa
- Tremseh
- Damas
- Ghouta orientale
- Alep
- Al-Tel
- Menagh
- 1er Régiment 46
- 1re Maarat al-Nouman
- Cheikh Souleimane
- 2e Taftanaz
- 2e Hama
- 1re Al-Chaddadeh
- 1re Yaaroubiyé
- 1re Raqqa
- 2e Qousseir
- 3e Qousseir
- Ras al-Aïn
- Daraya
- Maaloula
- 2e Azaz
- Mahin et Sadad
- 2e Yaaroubiyé
- 1re Tall Hamis
- 2e Raqqa
- 1re Jarablous
- Al-Manajir
- Otaybah
- Yabroud
- Markada
- Kassab
- 1re Khan Cheikhoun
- Rankous
- 1re Boukamal
- Tall al-Jabiyah
- 1re Deir ez-Zor
- 1re Kobané
- Ras al-Maara
- 2e Deir ez-Zor
- Al-Chaer
- Division-17
- Brigade 93
- 1re Tabqa
- Djezaa
- 2e Kobané
- Mabrukah
- 3e Yaaroubiyé
- 2e Jabal al-Zawiya
- Wadi al-Deïf
- 2e Tall Hamis
- Tall Tamer
- 2e Régiment 46
- Bosra
- Cheikh Hilal
- 2e Idleb
- Foua et Kafraya
- Bousra al-Harir
- Qalamoun
- 2e Jisr al-Choghour
- 1re Palmyre
- Al-Amr
- 1re Tall Abyad
- Sourane
- 1re Hassaké
- Brigade 52
- Aïn Issa
- 2e Hassaké
- 3e Zabadani
- Sarrine
- Sahl al-Ghab
- Malkiyé
- Al-Qaryatayn
- 1re Marea
- 1re Abou Douhour
- 3e Hama
- Al-Hol
- Tichrine
- Cheikh Meskin
- 1re Tall Rifaat
- 2e Al-Chaddadeh
- Khanasser
- 2e Tall Abyad
- 2e Palmyre
- Al-Raï
- 2e Maarat al-Nouman
- 1re Tasil
- Qamichli
- 2e Tall Rifaat
- Khan Touman
- 3e Raqqa
- 2e Marea
- 1re Manbij
- 2e Tabqa
- 2e Boukamal
- 3e Hassaké
- Opération Bouclier de l'Euphrate
- 2e Jarablous
- 4e Hama
- 4e Raqqa
- 3e Palmyre
- Al-Bab
- Wadi Barada
- 4e Palmyre
- 1re Poche d'Idleb
- 2e Tasil
- 5e Hama
- al-Hamad
- 3e Tabqa
- Badiya
- al-Tanaf
- Aqareb et Maboujé
- 5e Raqqa
- 2e Poche d'Idleb
- 1re Al-Soukhna
- Ouqayribat
- 3e Deir ez-Zor
- 2e Abou Douhour
- Beït Djine
- Mayadine
- 3e Boukamal
- Afrine
- Khoucham
- 3e Poche d'Idleb
- 4e Boukamal
- 3e Deraa
- Soueïda
- Al-Safa
- 4e Poche d'Idleb
- 2e Khan Cheikhoun
- Opération Source de paix
- Baricha
- Maarat al-Nouman et Saraqeb
- 2e Al-Soukhna
- 4e Deraa
- Al-Sinaa
- 2e Afrine et al-Bab
- Opération Griffe-Épée
- 4e Deir ez-Zor
- Nord-ouest de la Syrie
- 2e Alep
Coordonnées | 33° 27′ nord, 36° 15′ est | |
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Le siège de Daraya a lieu du au lors de la guerre civile syrienne. Les rebelles capitulent au bout de trois ans et neuf mois de siège au cours duquel la ville aura été détruite à 90 %.
Prélude
[modifier | modifier le code]Le , les premières manifestations contre le régime de Bachar el-Assad commencent dans la ville de Daraya, située à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Damas. Comme dans les autres villes de Syrie, les manifestations sont réprimées brutalement, l'opposition se militarise progressivement et l'Armée syrienne libre apparaît à Daraya[5].
Le , 700 civils sont massacrés par les forces du régime, ce qui provoque l'exode de la majeure partie du reste de la population[6].
Le , un conseil civil local est créé, faisant de Daraya une des rares villes de Syrie où les forces militaires rebelles sont sous l'autorité d'une administration civile[5],[4].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Le , l'armée syrienne commence le siège de Daraya. La ville se trouve à proximité de l'aéroport militaire de Mezzeh, une des plus importantes bases militaires du régime syrien[6],[7].
La ville est défendue par deux groupes rebelles : le plus important est le Liwa Shuhada al-Islam, un groupe de l'Armée syrienne libre qui rassemble environ 80 % des combattants, l'autre est l'Union islamique Ajnad al-Cham[6],[8],[4]. Environ un millier de combattants rebelles sont présents à l'intérieur de la ville en 2016[1],[2]. 90 % des rebelles de Daraya sont originaires de la ville[4].
En , le conseil local de Daraya estime que 1 300 personnes ont été tuées dans la ville depuis le début de la révolte en Syrie[9].
Début 2014, les rebelles et les loyalistes ouvrent des négociations. Les rebelles demandent la libération de 2 400 habitants de Daraya, mais le régime exige en contrepartie que les rebelles remettent leurs armes, ces derniers refusent[6].
Début 2016, Daraya ne compte plus que 4 000 à 8 300 habitants, contre 45 000 à 250 000 avant la guerre[8],[6]. La ville est détruite à 90 %[7].
Après la trêve du , les bombardements baissent fortement en intensité. Le conseil civil de Daraya en recense cependant 46 en mars, avril et mai[6].
Malgré son encerclement, la population de Daraya parvient à subsister grâce à des vivres acheminés clandestinement depuis la localité voisine de Mouadamiyat al-Cham, également assiégée. Mais, en , l'armée syrienne coupe la route qui relie ces deux localités. De plus, les bombardements continus ont contaminé l'eau potable et les terres agricoles avec des produits chimiques. La population commence alors à souffrir de la faim. De nombreux habitants doivent se nourrir de feuilles d'arbres et d'herbes bouillies. Le , elle reçoit pour la première fois la visite d'une délégation de l'ONU menée par Khawla Matar. La délégation visite la ville et assure qu'elle fera son possible pour apporter une aide humanitaire aux civils[8],[10],[6].
Le , un premier convoi humanitaire de l'ONU et de la Croix-Rouge se présente devant Daraya. Le régime syrien n'autorise que l'envoi de seulement quatre camions chargés de kits chirurgicaux, de médicaments, de vaccins, mais pas de vivres. Pourtant, les soldats loyalistes bloquent les véhicules, qui doivent faire demi-tour. Neuf obus d’artillerie s'abattent ensuite sur un groupe de civils rassemblé dans l'attente du convoi, faisant au moins deux morts et cinq blessés[6],[7]. Le , les forces du régime syrien mènent un assaut au sud de la ville[1],[11]. Le , 29 groupes rebelles menacent de rompre le cessez-leu-feu si le régime ne cesse pas son offensive sur Daraya et la Ghouta[12].
Sur la pression de la Russie, le régime laisse passer un autre convoi de cinq camion qui peut entrer dans la ville de Daraya le . Il n'apporte cependant pas de vivres, au grand désespoir de la population[13],[14],[3]. Le soir du , neuf camions chargés de nourriture peuvent enfin débarquer une aide alimentaire pour la première fois depuis le début du siège. Cette dernière est capable de nourrir 2 400 personnes en un mois. Mais, le matin , l'aviation syrienne mène d'intenses raids aériens sur Daraya afin d'empêcher la distribution de l'aide alimentaire. Au moins 28 barils d'explosifs sont largués[15],[16],[17],[18]. De plus, pour le Conseil de Daraya, l'aide alimentaire est insuffisante et ne permet de nourrir qu'un tiers de la population[2].
En juin, les rebelles parviennent provisoirement à rétablir le contact avec Moadamiya lors d'un raid. Cependant, les forces du régime contre-attaquent et progressent au sud-ouest de Daraya, capturant un demi-kilomètre de terres agricoles. Les loyalistes proposent alors aux rebelles de rendre la ville en échange de leur évacuation vers d'autres zones tenues par l'opposition, mais les rebelles de Daraya refusent. L'armée syrienne poursuit alors sa progression. À la mi-juillet, elle tient la moitié ouest de Daraya[2].
Le , le seul hôpital de Daraya est totalement détruit par un baril d'explosif incendiaire largué par un hélicoptère du régime[19].
Le , un accord est conclu entre le régime et les rebelles. Les assiégés acceptent de rendre la ville. En échange, les civils — 4 000 à 8 500 hommes, femmes et enfants — doivent être évacués dans les zones contrôlés par le gouvernement et les 700 rebelles encore présents à Daraya, vers le gouvernorat d'Idleb, tenu par l'opposition[20],[3],[21],[22]. Les rebelles doivent remettre leurs armes lourdes et de moyen calibre, mais ils peuvent conserver leurs fusils[21],[23]. Le dans l'après-midi, les habitants commencent l'évacuation[21],[24],[25],[22]. Douze bus quittent la ville. Les rebelles et leurs familles sont conduits vers la région d'Idleb et les autres civils, vers la localité de Hrajela, tenue par le régime et située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Daraya[26]. Le , les derniers convois de civils et des rebelles quittent la ville, chargés dans 40 autres bus[26]. L'armée syrienne fait ensuite son entrée dans la ville[23],[27]. Après trois ans et neuf mois de siège, Daraya se retrouve vidée de toute population et détruite à 90 %[21]. La ville était devenue un lieu emblématique de la révolution syrienne pour avoir été l'une des premières à se soulever en 2011, mais aussi en raison du massacre de 2012 et de sa longue résistance[21],[24],[22].
Le , Bachar el-Assad se rend à Daraya et assiste à la prière de l'Aïd al-Adha dans la mosquée Saad ibn Moaz[28],[29].
Bilan humain
[modifier | modifier le code]Selon les déclarations d'un membre de l'ASL, plus de 120 rebelles ont été tués à Daraya d' à [2].
Amnesty International indique que selon le Conseil municipal de Daraya, près de 6 800 barils d'explosifs ont été largués sur la ville par des hélicoptères entre et le , faisant au moins 42 morts, dont 17 enfants, et 1 200 blessés parmi la population civile[30].
Au moins 2 388 habitants de Daraya sont morts entre et début 2016 selon le Centre de documentation du Conseil de la ville[4],[31].
Suites
[modifier | modifier le code]En , la localité de Mouadamiyat al-Cham, voisine de Daraya, capitule à son tour et conclut un accord avec le régime pour évacuer les combattants et les civils. Le , 2 100 rebelles et membres de leurs familles commencent à être évacués pour être conduits vers le gouvernorat d'Idleb[32].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- « Daraya, la ville des roses est plombée par les barils : 1 200 jours de vie assiégée. », Libération, .
- Caroline Hayek, « Daraya, martyrisée mais insoumise », OLJ, .
- Yasmine Hakim, « Histoire(s) de Daraya : 2001-2016 (1) », Un œil sur la Syrie, .
- Yasmine Hakim, « Histoire(s) de Daraya : 2001-2016 (2) », Un œil sur la Syrie, .
- Yasmine Hakim et Ismail al-Souri, « Histoire(s) de Daraya : 2001-2016 (3) », Un œil sur la Syrie, .
- Yasmine Hakim et Ismail al-Souri, « Histoire(s) de Daraya : 2001-2016 (4) », Un œil sur la Syrie, .
- « Lettre du Conseil local de Daraya au Président de la République », Un œil sur la Syrie, .
Vidéographie
[modifier | modifier le code]Récit
[modifier | modifier le code]- Delphine Minoui, Les passeurs de livres de Daraya, Seuil, [33]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Syrie-Les rebelles de Darayya craignent un assaut gouvernemental », Reuters,
- Mohammad Abdulssattar Ibrahim, David Leestma et Orion Wilcox, « With fewer than 1,000 remaining, Darayya rebels ‘abandoned’ as regime advances », Syria Direct,
- « Syrie : accord sur l’évacuation de rebelles et de civils de Daraya, assiégée depuis 2012 », Le Monde avec AFP,
- « Daraya, la ville des roses est plombée par les barils : 1 200 jours de vie assiégée. », Libération,
- Moataz Mourad, « Histoire(s) de Daraya : 2001-2016 (Hors-série) », Un œil sur la Syrie,
- Marie Kostrz, « Daraya, témoignages d’une ville syrienne assiégée », Orient XXI,
- Benjamin Barthe, « Le régime syrien bombarde Daraya pendant une opération humanitaire », Le Monde,
- Delphine Minoui, « Syrie : le cri d'alarme des habitants de Daraya, minés par la faim », Le Figaro,
- Albert Aji et Bassim Mroue, « Syrie: les forces du gouvernement prennent une banlieue stratégique », AP, , AP,
- Caroline Hayek, « Daraya la martyre verra-t-elle enfin le bout du tunnel ? », OLJ,
- Syrien: les forces du régime à l'assaut de Daraya, Belga, 15 mai 2016.
- Syrie: les rebelles exigent l’arrêt de l’offensive du régime près de Damas, Le Soir, 22 mai 2016.
- « Syrie: premier convoi humanitaire à Daraya depuis 2012, sans nourriture », AFP,
- Jean-Pierre Filiu, « La population d’une ville assiégée de Syrie pourra manger… du shampooing », Un si Proche Orient,
- « Syrie: Une ville assiégée depuis 2012 reçoit son premier convoi d'aide alimentaire », M.C. avec AFP,
- « Syrie : Ayrault dénonce les raids du régime sur Daraya lors de l’arrivée d’aide humanitaire », Le Monde,
- (en) « Resentment in Darayya over the quantities of food entered the city which has about 8300 people, and 28 barrel bombs targeted it », OSDH,
- AFP, « Syrie: des raids du régime empêchent la distribution alimentaire à Daraya »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Syrie: un hôpital de Daraya bombardé, Le Figaro avec AFP, 19 août 2916.
- « Syrie: accord sur l'évacuation de milliers de rebelles et civils de Daraya, près de Damas », AFP,
- Laure Stephan, « Le régime syrien reprend Daraya, symbole de la révolte », Le Monde,
- Hala Kodmani, « Etranglé par le régime d'Al-Assad, Daraya capitule », Libération,
- « Syrie : Daraya, vidée de ses habitants, de nouveau sous contrôle du régime », AFP,
- « Syrie: civils et rebelles évacuent la ville de Daraya dans la douleur », RFI,
- « Syrie : les habitants de la ville rebelle de Daraya contraints d’accepter l’exil », Les Observateurs France 24,
- « Syrie: les premiers rebelles évacués de Daraya arrivent à Idleb », AFP,
- Laure Stephan, « Le régime d’Assad célèbre l’évacuation du fief rebelle de Daraya, dans la banlieue de Damas », Le Monde,
- Syrie: Assad se rend dans un ex-fief rebelle, Le Figaro avec AFP, 12 septembre 2016.
- Benjamin Barthe, Bachar Al-Assad, le maître du chaos, Le Monde, 5 octobre 2016.
- Syrie : le gouvernement bombarde et affame ses propres citoyens, Amnesty International, 19 avril 2016.
- Caroline Hayek, Daraya, martyrisée mais insoumise, OLJ, 4 mars 2016.
- « Syrie: 620 rebelles évacués près de Damas », Le Figaro avec AFP,
- Minoui, Delphine., Les Passeurs de livres de Daraya : une bibliothèque secrète en Syrie, Paris, Éditions du Seuil, 157 p. (ISBN 978-2-02-136302-9 et 2021363023, OCLC 1006381178, lire en ligne)