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Nicolas Pineau

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Nicolas Pineau
Le château d'Asnières, à l’aménagement duquel participe Nicolas Pineau.
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 69 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Formation
Maîtres
Lieu de travail
Mouvement
Enfant
Dominique Pineau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Nicolas Pineau, né le , et mort le , est un sculpteur ornemaniste et architecte français. Il est l'un des inventeurs de la rocaille française[1].

Il est le fils de Jean-Baptiste Pineau, sculpteur ordinaire du roi, et de Marguerite Beaujean[2]. Orphelin de père à tout juste dix ans, il reçoit néanmoins une bonne éducation technique en sculpture et en architecture : élève d’Hardouin Mansart et de Boffrand, il suit les cours de sculpture de l’académie de Saint-Luc, pendant lesquels il reçoit les conseils de Coysevox pour les figures et fréquente l’atelier de Thomas Germain, l’orfèvre du roi.

Il épouse Anne Simon (?-1735). Le couple, qui vit dans la manufacture des Gobelins, a quatre enfants: Marine Esther, Marie Anne Françoise (née en 1712[3]), Dominique, qui sera sculpteur du roi, et Louise.

François Le Fort, qui a succédé à son oncle dans la confiance de Pierre le Grand, l’attire en Russie par la promesse de travaux importants. Il quitte la France en 1716 avec son beau-frère, le peintre Louis Caravaque et l’architecte Alexandre Leblond. Honoré du titre de « premier sculpteur de Sa Sacrée Majesté Césarienne », il apporte à Saint-Pétersbourg les traditions du grand style de Versailles, qui était alors un modèle pour tous les souverains européens au XVIIIème siècle.

La formation poussée acquise auprès de maîtres réputés, permet à Pineau d’être le maître entier de ses œuvres pendant dix ans. Il suit ses œuvres dans tous les détails de leur exécution, se montrant aussi bien capable de donner les plans d’un palais que d’un arsenal, de modeler le masque d’une clef de voûte que l’esquisse d’un monument commémoratif, de sculpter la caisse d’un carrosse que le piédestal d’une statue, de dessiner aussi bien un surtout de table en orfèvrerie que la lanterne en bronze doré d’un escalier d’apparat.

Le talent et la créativité de Pineau donnent satisfaction à toutes les fantaisies impériales. Ainsi, il présente plus de dix projets pour la décoration d’une salle de fêtes. Peu à peu, Pineau se dégage des influences de Daniel Marot et de Jean Bérain, pour trouver dans des combinaisons de rocailles les éléments dont il forme un peu plus tard le style dont il est crédité. Certains panneaux à décors chinois composés à Saint-Pétersbourg offrent déjà des encadrements, dont les motifs contrariés s’écartent nettement des principes de rigoureuse symétrie propre à l’école de Versailles.

Peu après la mort de Pierre le Grand, Nicolas Pineau rentre en France[4]. Il renonce alors à l’architecture proprement dite pour se livrer à la sculpture d’ornements et au décor des intérieurs. À l’époque où la mode exige que tous les murs soient revêtus de lambris sculptés en plein bois, son talent trouve vite à s’employer dans les aménagements des somptueux hôtels construits à Paris au début du règne de Louis XV.

Les dessins de Nicolas Pineau illustrent ses recherches pour les grands et petits appartements des gens de cour les mieux qualifiés ou des financiers nouvellement enrichis dans les fermes. La duchesse de Mazarin le sollicite tout particulièrement dans son hôtel, lui demandant des sculptures pour le bâtiment, des rampes pour l’escalier, des bronzes pour les portes de son cabinet et même des charnières en bois sculpté pour ses carrosses. Le trésorier de la maison du roi, Étienne-Michel Bouret, lui commanda la boiserie de sa salle à manger, à Croix-Fontaine, et le dessin de son mausolée avec une inscription latine à la gloire du défunt. Le prince d’Isenghien et le comte de Middelbourg Baltazar de Gand lui confièrent la décoration de leur maison de Suresnes. La famille de Voyer de Paulmy d'Argenson, Simon Boutin père, receveur général des finances de la généralité de Tours, Bon Boullogne, et la famille Rouillé furent de ses clients.

Pineau compose des cartouches et des tympans pour les portes cochères des hôtels duc de Chatillon[Lequel ?], du prince de Conti[Lequel ?], du marquis de Feuquières[Lequel ?], du maréchal de Villars[Lequel ?], du duc d’Harcourt[Lequel ?] ; il dessine les dessus-de-porte du cabinet du roi, invente deux modèles de candélabres pour la marquise de Pompadour et fournit à Nattier un cadre en bois sculpté avec attributs galants destiné à un portrait de la favorite.

Nicolas Pineau devient le sculpteur attitré du grand architecte rocaille Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne pour lequel il compose ses meilleurs ornements. Parmi eux, ceux de la cathédrale Saint-Louis de Versailles (agrafes de la nef, du transept et du chœur; ancien tabernacle et maître-autel; décoration de la chapelle de la Vierge), de l'ensemble du financier Simon Boutin père, rue de Richelieu à Paris (grand et petit hôtel + maison à loyer)[5] et du château d'Asnières[6]. Il dessine la chaire, les boiseries du chœur et de la salle capitulaire de la Chartreuse de Lugny et réalise les fonts baptismaux de l’église Saint-Paul à Paris. Il est aussi sculpteur de la Maison des Dames de Saint-Chaumont1734-1735 ). Les voisins de sa maison de Paris, les religieux de Notre-Dame de Nazareth, lui commandent les sculptures de leur chapelle et toute une ornementation signalée à l’admiration des voyageurs, dans l’Almanach d’Hébert de 1779.

À sa mort, Pineau est membre de l’Académie de Saint-Luc. Son confrère Blondel, dit de lui qu’il fut l’inventeur « du contraste dans les ornements » et loue vivement la sobriété qu’il avait su conserver dans ses compositions. Pineau rompt volontairement avec son système de courbes inégales et avec l'ancienne symétrie. Ainsi, au moyen de rocailles habilement combinées et pleines de fantaisie, Pineau parvient à conserver dans ses décorations l’équilibre et la pondération. Cela explique que ses réalisations deviennent des modèles non seulement pour les architectes, mais aussi les sculpteurs sur bois, les ferronniers, les fabricants de bronzes et les ébénistes.

Cet article est la copie modifiée par l'historien de l'art Philippe Cachau d'un texte tombé dans le domaine public, paru dans le Bulletin des Musées de France, publié sous la direction de Paul Vitry, en 1908[7].

Notes et références

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  1. « Architecte, décorateur, ornemaniste : 25 dessins de Nicolas Pineau des collections du Musée des Arts Décoratifs », sur madparis.fr (consulté le )
  2. Elle demeurait dans la manufacture des Gobelins au moment de son décès à 80 ans le 14 juin 1738. Copie de l'extrait d'inhumation numérisé sur geneanet.
  3. Une copie de son acte de baptême dans le fonds Laborde a été numérisée sur geneanet.
  4. Son retour est antérieur à 1728, date de son association avec Antoine Nicolas Rivet, sculpteur - menuisier, fils d'Antoine Rivet, menuisier ordinaire du roi de 1689 à 1702 et de Marie Moulin. Katie Scott, The Rococo Interior. Decoration and Social Spaces in Early Eighteenth-century Paris, New Haven, London, Yale University Press, 1995, note 42, p. 268.
  5. « "Le fabuleux ensemble de M. Boutin, rue de Richelieu" », sur philippecachau.e-monsite.com, (consulté le )
  6. « Cheminée du château d'Asnières », sur philippecachau.e-monsite.com (consulté le )
  7. Et actuellement disponible en ligne à cette adresse.

Bibliographie

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  • Émile Biais : Les Pineau, sculpteurs, dessinateurs du cabinet du roi, graveurs, architectes (1682-1886), Paris, 1892.
  • Stanislas Lami : Dictionnaire des sculpteurs de l'école française sous le règne de Louis XIV, t. II, Paris, 1906, p. 259-261.
  • Musées et monuments de France, Paris, Librairie centrale d’art et d’architecture, 1908, p. 68-69.
  • Philippe Cachau : Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dernier des Mansart (1711-1778), thèse de doctorat d'histoire de l'art soutenue à Paris-I, 2004, t. I, p. 322-347.
  • Philippe Cachau : "La maison des Musiciens Italiens de Montreuil à Versailles", Cahiers Philidor, n° 35, décembre 2008, p. 1-59 (étude en ligne sur le site du Centre de Musique Baroque de Versailles, http://philidor.cmbv.fr).
  • Philippe Cachau : La cathédrale Saint-Louis de Versailles, un grand chantier royal du règne de Louis XV, éd. Somogy, Paris, 2009, p. 41-45.
  • Philippe Cachau : "Le château de Jossigny : une réalisation pittoresque de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1753)", Les Cahiers d’Histoire de l’Art, n° 9, 2011 (1ère partie), p. 52-71.
  • Philippe Cachau : "Le château de Jossigny : une réalisation pittoresque de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne", Les Cahiers d'Histoire de l'Art, n° 10, 2012 (2e partie), p. 60-74.
  • Philippe Cachau : "Le château de Christian IV, duc des Deux-Ponts, à Jägersburg. Un château français en Allemagne (1752-1756)", revue Francia, n° 39, Institut historique allemand, Paris, 2012, p. 135-165.
  • Philippe Cachau : "L’entrepôt général d’Asnières ou les beaux haras oubliés du marquis de Voyer (1752-1755)", Revue des Amis du Cadre noir de Saumur, n° 89, 2016, p. 57-60.
  • Philippe Cachau : "Le fabuleux ensemble de M. Boutin, rue de Richelieu", Paris au cœur, Bulletin de la Société historique et archéologiques des 1er et 2e arrondissements de Paris, n° 7, 2017, p. 7-9.
  • Philippe Cachau : "Le mécénat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)", Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, année 2013, 2017, p. 139-171.
  • Philippe Cachau : "Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, premier architecte des États de Bourgogne (1742-1746-1776), Revue Dijon Histoire et Patrimoine, n° 81, 2021, p. 17-29.
  • Philippe Cachau : "Blondel et les Mansart : une leçon d’architecture particulière", Jacques-François Blondel, la dernière leçon d’architecture « à la française », actes du colloque international Jacques-François Blondel, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Aurélien Davrius (dir.), Bruxelles, 2022, p. 33-53.

Liens externes

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