Massacre de Thiaroye
Massacre de Thiaroye | |
Fresque murale à Dakar commémorant le massacre de Thiaroye en 1944. | |
Date | |
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Lieu | Camp de Thiaroye, colonie du Sénégal |
Victimes | Tirailleurs africains rapatriés |
Morts | de 70 à plusieurs centaines, selon les sources |
Motif | Répression d'une manifestation de tirailleurs africains, anciens prisonniers de guerre |
Participants | 1er régiment de tirailleurs sénégalais, 7e régiment de tirailleurs sénégalais, 6e régiment d'artillerie coloniale, Gendarmerie française |
Coordonnées | 14° 45′ 24″ nord, 17° 22′ 36″ ouest |
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Le massacre de Thiaroye[1] (prononcer tiaroï) est un massacre commis par les troupes coloniales et des gendarmes français à l'encontre de tirailleurs africains, le , au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, dans la colonie du Sénégal. Il survient à la suite d'une manifestation de tirailleurs, anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale récemment rapatriés, réclamant le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois.
Le nombre de victimes fait l'objet de controverses entre historiens. Deux documents militaires français font état, l'un de 35, l'autre de 70 tirailleurs tués. L'historien sénégalais M'Baye Gueye dénombre 191 tués ; l'historien français Martin Mourre évoque l'hypothèse de plusieurs centaines de victimes sans pour autant que ni l'une ni l'autre de ces hypothèses puisse être étayée sérieusement à ce jour, faute notamment d'ouverture des archives militaires françaises.
Historique
[modifier | modifier le code]Contexte
[modifier | modifier le code]Les tirailleurs en France de la campagne de France à la Libération
[modifier | modifier le code]Les tirailleurs sénégalais participent à la campagne de France, où ils sont faits prisonniers comme deux millions de soldats français. Mais, contrairement aux soldats originaires de la France métropolitaine, les Allemands ne les internent pas en Allemagne, souvenir de la Honte noire[2].
Ils sont ainsi 69 000 prisonniers de l’armée coloniale à être emprisonnés dans des Frontstalags répartis dans toute la France, dont 15 777 Sénégalais et 3 888 Malgaches. Leur nombre diminue fortement la première année : Armelle Mabon estime que 2500 d’entre eux ont réussi à s’évader ; de nombreux autres sont déclarés inaptes au travail, avec la complicité de médecins français, et envoyés en zone sud où ils sont pris en charge au sein des GMICR (groupements de militaires indigènes coloniaux rapatriables), 16 000 hommes en 1943[2].
Au sein de ces GMICR, seuls les Nord-Africains sont effectivement transportés en Afrique. Les conditions de détention sont dures : ils sont généralement affamés et mal vêtus, malgré les colis de la Croix-Rouge et de l’association Amitiés africaines. Certains sont employés pour divers travaux, et touchent une indemnité de 8 francs français par jour, qu’ils déposent sur un livret d’épargne géré par le Frontstalag. De nombreux tirailleurs réussissent à s’évader, bénéficiant de solidarités et de silences indispensables, obtenant vêtements civils et papiers. Malgré le nombre important d’évasion, la médaille des évadés n’a été attribuée qu’à une centaine de tirailleurs, autre discrimination[2].
Parmi les évadés, un grand nombre rejoint la résistance ; 52 combattent dans le maquis du Vercors. Le Guinéen Adi Bah, créateur d’un maquis dans les Vosges et mort sous la torture n’a été reconnu combattant de la Résistance qu’en 2003. Dans le cadre de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, le régime de Vichy fournit des cadres de l’armée pour encadrer les Frontstalags, ce qui permet à la Wehrmacht de récupérer quelques centaines de combattants pour le front de l'Est. Ce sont donc des officiers français, libres, qui deviennent les gardiens de prison des tirailleurs sénégalais pour le compte des Allemands, ce qu’ils ressentent comme une trahison[2].
Quelques éléments permettent de maintenir le moral de certains tirailleurs, comme les marraines de guerre et parfois, des rencontres amoureuses. Ces rencontres, qui débouchent parfois sur des naissances, sont envisagées plutôt négativement par les autorités françaises. D’un côté, ils stigmatisent le « pourrissement » des tirailleurs qui font « usage du vin et de la femme blanche » ; d’un autre côté, si les couples et les enfants s’installent aux colonies, et d’un point de vue proche de l’élevage, les colonies peuvent tirer avantage « de souches de métis adaptés au pays »[2].
Rassemblement et rapatriement des tirailleurs africains de métropole
[modifier | modifier le code]Alors que la Seconde Guerre mondiale n'est pas encore terminée, les tirailleurs africains sont, durant l'été 1944, parmi les premiers prisonniers de guerre libérés par l'avancée des troupes alliées à la suite du débarquement de Normandie. Près de 30 000 soldats indigènes, dont 17 000 Nord Africains, sont libérés ; s’y ajoutent les évadés et les FFI. Le général Ingold organise leur départ pour qu’il soit le plus rapide possible : regroupement en casernes pour rétablir la discipline, dans des conditions pires que celles de leur internement, ce qui émeut la presse. Enfin, lorsqu’ils embarquent pour l’Afrique, aucune cérémonie n’a lieu[2].
Après leur libération, les autorités décident de les démobiliser[3], en même temps qu'est menée une opération de « blanchiment » des troupes françaises. Au total, « de à , le nombre d’autochtones rapatriés en AOF (Afrique-Occidentale française) […] s'élève à 9 678, soit 3 261 ex-prisonniers et 6 334 rapatriés de France »[4]. En général, on constate une grande impatience de rentrer au pays chez les soldats coloniaux[2]. Les premiers tirailleurs à quitter la France s’embarquent les 9 et 22 octobre de Cherbourg, ayant touché une avance de 1500 FF[5]
Les tirailleurs de Thiaroye étaient initialement rassemblés dans des casernes à La Flèche, Versailles et Rennes[6]. Un contingent de 1 950 tirailleurs est ainsi rassemblé à Morlaix (Finistère) en vue de leur embarquement pour le Sénégal. Parmi eux, 315 tirailleurs refusent alors de quitter la métropole avant que leur situation soit réglée[7]. Ce sont donc 1 635 tirailleurs qui embarquent le sur un navire britannique, le Circassia, et arrivent à Dakar le . Ils sont issus de différents territoires de l'Afrique-Occidentale française — intégrés dans les « tirailleurs sénégalais » — sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar. Ils viennent des colonies du Sénégal, du Dahomey (actuel Bénin), du Soudan français (actuel Mali), de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de la Côte d'Ivoire, de l'Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Niger, du Gabon et du Togo[8].
Soldes et primes non versées
[modifier | modifier le code]N’ayant touché aucune somme durant la durée de la guerre, à l’exception de ceux qui ont travaillé au Frontstalag, les tirailleurs sont en droit de percevoir des arriérés de solde, plus des primes.
Ils perçoivent une partie de leur dû au moment de leur passage dans les centres de transit ; cependant, d’après les documents à notre disposition, ces versements sont inégaux selon les centres de transit (de presque rien à presque tout, mais les rapports se contredisent)[9]. Seule une avance sur prime de 1 500 francs leur est versée en , avant le départ de la métropole[10].
Le ministre des Colonies René Pleven souhaitait que la solde de captivité des tirailleurs soit alignée sur celle des Français, ce qui lui fut refusé[11].
D’après la circulaire du , un quart des sommes dues devait leur être remis à l’embarquement, le solde à leur arrivée à Dakar. Ceci est confirmé par télégramme au gouverneur de l’Afrique-Occidentale française (AOF), Pierre Cournarie[11]. Les tirailleurs ont reçu à ce moment une note qui leur indique les sommes qui leur restent dues[9].
Entre leur départ de Morlaix et leur arrivée à Dakar, une nouvelle circulaire datée du 16 novembre est envoyée aux administrations : désormais, le paiement des arriérés de solde se fera intégralement au départ de la métropole[11].
Les tirailleurs attendent le versement des sommes qui leur sont dues et composées de[12],[13] :
- une indemnité de combat ;
- une prime de continuation de service ou de maintien sous les drapeaux ;
- le solde de leur livret d’épargne ;
- un pécule ;
- la prime de démobilisation ;
- l’indemnité de congé de libération ;
- la solde de captivité ;
- la solde de traversée.
De plus, au moment de la démobilisation, l’armée doit procéder à l’examen des droits à avancement, régler les problèmes liés aux décorations et vérifier les grades FFI acquis par ceux qui ont participé à la Résistance. La seule opération qui a eu lieu à Thiaroye est le change de monnaie des sommes que les tirailleurs avaient déjà sur eux : en moyenne, 17 000 FF, mais une dizaine d’entre eux avaient entre 50 et 70 000 FF, éveillant les soupçons des officiers français qui en ont jugé l’origine douteuse[14].
Le voyage se fait sur le Circasia, un navire anglais prêté à la France. L’embarquement a lieu le 5 novembre ; deux escales ont lieu à Plymouth et Cardiff, puis le navire prend la direction du sud. À Casablanca, les tirailleurs sont débarqués par les Anglais, et sont hébergés dans un camp, avant que les autorités interviennent et que le Circasia ne les rembarque jusqu’à Dakar le 21 novembre. Les tirailleurs débarquent et sont convoyés au camp de Thiaroye en camions[15].
Au Sénégal : des autorités coloniales restées tardivement fidèles à Vichy
[modifier | modifier le code]Les officiers et sous-officiers blancs qui commandent les troupes coloniales restées en AOF, sont pour plupart restés longtemps fidèles au régime de Vichy, et ne se sont ralliés à la France libre qu’en 1943[16]. Au début de cette même année, le 3 mars, a lieu le massacre d'Effok en Casamance, perpétré par les troupes coloniales en représailles de la mort d’un sergent français un mois plus tôt[17]. Ce sont ces officiers qui ont en charge la démobilisation des tirailleurs rapatriés à Thiaroye[16].
Le massacre
[modifier | modifier le code]Réclamation des sommes dues aux tirailleurs
[modifier | modifier le code]Après leur débarquement à Dakar, les tirailleurs sont acheminés au camp de Thiaroye, un ancien camp de formation des tirailleurs[18].
Dans le camp militaire de Thiaroye, les 1 635 tirailleurs rapatriés attendent toujours le versement des sommes qui leur sont dues. Toutefois, le commandement ne donne satisfaction que sur les demandes de conservation de divers effets personnels. Selon le film d'Ousmane Sembène, Camp de Thiaroye (1988), la hiérarchie tente de leur imposer de convertir leurs francs métropolitains en francs de l'AOF[19] à un taux de change de 250 francs de l'AOF, au lieu de 500, pour 1 000 francs français. Selon l'historienne Armelle Mabon, l'échange en monnaie de banques coloniales a déjà eu lieu le , et c'est sur le paiement des autres sommes dues, la récupération d'argent déposé sur des livrets d'épargne, des questions d'habillement, de vérification des grades et des droits à avancement que porte le conflit[20].
Un groupe qui devait être acheminé sur Bamako refuse de partir le tant qu'il n'a pas été intégralement payé. Ce mouvement de protestation entraîne la visite du général Marcel Dagnan, au cours de laquelle les tirailleurs se montrent exigeants sur les réponses qu’ils attendent. Sa voiture est bousculée, son autorité s’évanouit, il ne répond à aucune des questions concernant le règlement administratif de la situation[21]. Choqué, il considère même avoir été à deux doigts d’être séquestré[22].
Un massacre commandité
[modifier | modifier le code]La veille du massacre, le général Dagnan met sur pied une force de répression, en accord avec son supérieur, le général de Boisboissel[23],[22]. Des gendarmes, renforcés de soldats issus des 1er et 7e régiments de tirailleurs sénégalais et du 6e régiment d'artillerie coloniale[24], appuyés par un char léger américain M3, deux automitrailleuses et un half-track, sont mobilisés[22].
Selon les rapports officiels, le camp est investi par les troupes du général Dagnan au matin du , à partir de 6 h 30[25]. Un tirailleur « mutiné » aurait « porté la main à son couteau » à 7 h 30, avant d'être désarmé par des sous-officiers français. Une première rafale aurait éclaté à 8 h 45[26]. Les tirs mortels ont lieu vers 9 h 30 sur les tirailleurs rassemblés dans la cour, la fusillade durant seulement quelques secondes[27],[28]. Julien Fargettas indique que les versions se contredisent sur l'origine du premier coup de feu (tir d'un tirailleur consigné dans un baraquement ou tir de semonce des forces de l'ordre face au harcèlement verbal des tirailleurs)[28].
Les officiers français insistent dans leurs rapports sur la menace posée par le regroupement des tirailleurs[26], tandis que les tirailleurs indiquent dans les interrogatoires postérieurs que le rassemblement signifiait qu'on allait accéder à leurs demandes[29].
Bilan humain et suites judiciaires
[modifier | modifier le code]Du côté des forces de l'ordre, Julien Fargettas indique qu'un tirailleur est blessé et trois officiers, dont deux supérieurs, sont contusionnés à la suite de l'agression par des manifestants[30].
En ce qui concerne les tirailleurs rapatriés, il est officiellement dénombré 35 morts et 46 blessés. Un télégramme du parle en effet de 24 tués et 46 blessés dont 11 décédés par la suite, soit 35 morts[28]. Mais le rapport du général Dagnan du , consultable au Service historique de la Défense (SHD), évoque « 24 tués et 46 blessés transportés à l’hôpital et décédés par la suite », soit finalement 70 morts parmi les tirailleurs[31],[32]. Certains historiens considèrent aujourd'hui que le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines d'hommes[31].
En route, quatre cents autres auraient aussi refusé de réembarquer après une escale à Casablanca[20].
34 tirailleurs sont jugés le , condamnés à des peines allant de un à dix ans de prison, à une amende de 100 francs de l'époque. Ils perdent en outre leurs droits à l'indemnité de démobilisation. Deux sont amnistiés en 1946, vingt-neuf par la loi du 16 août 1947, trois sont décédés durant leur détention, et ceux encore emprisonnés en 1947 bénéficient d’une suspension de l’exécution de jugement aboutissant à leur libération entre le 10 et le 27 juin 1947[33]. Finalement, à la suite de la consultation d'un carton portant sur l'amnistie du , nous savons que les condamnés n'ont pas été graciés par Vincent Auriol mais amnistiés[réf. nécessaire]. L'historienne Armelle Mabon précise qu'« il ne s'agit pas d'un acquittement, et les veuves de Thiaroye n'ont jamais perçu de pension[34]. »
Bilan humain controversé
[modifier | modifier le code]Bilan officiel des autorités coloniales en 1944
[modifier | modifier le code]Le bilan officiel d'après le télégramme chiffré du à 18 h du Genesuper Dakar est le suivant : « Intervention force armée du a occasionné chez les mutins les pertes suivantes : tués 24. Morts suite de blessures : 11. Blessés en traitement 35. Côtés force armée : 1 tirailleur blessé ; 3 officiers dont 2 supérieurs contusionnés suite agression rebelles. 48 mutins incarcérés seront traduits devant le tribunal militaire. Troupe indigène intervention a fait preuve d'un loyalisme absolu »[35].
Hypothèses d'historiens
[modifier | modifier le code]M'Baye Gueye, seul historien sénégalais à avoir étudié le sujet, compte 191 tirailleurs tués, en comparant le nombre de tirailleurs affectés après le massacre par rapport aux prévisions[36],[37].
L'historien Julien Fargettas estime néanmoins que le sujet a subi une « surenchère » mémorielle[38]. En , il publie une lettre ouverte à François Hollande sur le sujet, où il réclame la « constitution d'un comité d'historiens franco-africains »[39]. Il critique également les travaux d'Armelle Mabon en affirmant que « l'omission d'autres archives et témoignages, des conclusions hâtives et autres raccourcis incohérents, témoignent de la partialité de ce travail ». Celle-ci répond à son confrère en soulignant qu'il ne précise pas quelles archives ont été omises[40] et porte plainte en diffamation contre lui en [41], plainte dont elle sera déboutée en [42].
D'après l'historien Martin Mourre, auteur d'une thèse de doctorat sur le sujet[43], « le nombre exact de tués ne sera probablement jamais connu »[36] mais la présence de deux bilans officiels montre qu'au moins un de ces deux bilans est faux. Il ajoute que l'approximation dans les rapports militaires français de 1944 est « curieuse » et « laisse planer l'hypothèse d'un massacre impliquant plusieurs centaines d'hommes »[31]. Il mentionne notamment un rapport de la Sûreté générale à Dakar, postérieur au 1er décembre, relatant une soi-disant désertion de 400 tirailleurs lors d’une escale de 24 heures à Casablanca pendant le voyage de rapatriement, et qui pourrait avoir servi aux autorités coloniales à dissimuler le nombre réel des victimes à Thiaroye[16]. Enfin, Martin Mourre regrette qu'aucune fouille archéologique n'ait été menée dans le cimetière pour établir la vérité sur le bilan[44].
Chiffres officiels reconnus par la France
[modifier | modifier le code]Dans un discours prononcé à Dakar le , le président français François Hollande est le premier homme politique français à rappeler officiellement cette tragédie :
« La part d'ombre de notre histoire, c'est aussi la répression sanglante qui en 1944 au camp de Thiaroye provoqua la mort de 35 soldats africains qui s'étaient pourtant battus pour la France. J'ai donc décidé de donner au Sénégal toutes les archives dont la France dispose sur ce drame afin qu'elles puissent être exposées au Musée du mémorial. »
Cette reconnaissance tardive omet cependant la moitié des victimes, selon l'historienne Armelle Mabon[32]. Elle précise que le chiffre de trente-cinq est la version officielle depuis 1945 et que des documents traitant des causes et responsabilités ont été dissimulés : « L'absence de ces documents dans les archives ne relève pas du hasard, d'une perte malencontreuse ou d'un mauvais classement. Nous sommes confrontés à une volonté de les soustraire à tout regard et cela depuis près de soixante-dix ans[45]. » Elle ajoute, dans le quotidien Libération du [32] :
« Je souscris à la volonté du président de la République de donner les archives au Sénégal mais pour que ce geste fort ait du sens et permette une réconciliation après tant de malentendus et de mensonges, il faut impérativement : restituer tous les documents officiels dans les archives ; donner le bilan sincère du nombre de morts ; révéler le lieu de leur sépulture ; nommer ces hommes qui ont été tués ; amnistier ceux qui ont été condamnés, la grâce ne suffisant pas ; reconnaître la spoliation du rappel de solde et la responsabilité de l’armée ; réhabiliter ces tirailleurs en leur rendant un hommage solennel. »
Le , à Thiaroye, le président François Hollande évoque non plus « 35 morts » mais au moins « 70 morts », et déclare vouloir « réparer une injustice et saluer la mémoire d'hommes qui portaient l'uniforme français et sur lesquels les Français avaient retourné leurs fusils »[46]. Puis, en 2015, en gage selon lui de « transparence », il remet à l'État sénégalais les archives françaises de la Défense relatives à l'affaire. Cela n’est néanmoins pas le cas des dossiers conservés aux Archives nationales d'outre-mer (ANOM) ni de ceux de la justice militaire qui, pour l'historienne Armelle Mabon, seraient pourtant les plus à même de faire connaître la vérité, notamment quant aux responsabilités militaires et politiques[47],[48].
Dans un courrier daté du adressé à Armelle Mabon, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian reconnaît la présence de trois fosses communes[49].
Mémoire et reconnaissance officielle
[modifier | modifier le code]Mémoire
[modifier | modifier le code]Un monument Aux martyrs de Thiaroye est inauguré en à Bamako par le président du Mali Alpha Oumar Konaré[50], destiné à « rappeler le massacre qui a provoqué une prise de conscience de l'état d’inégalité profonde dans lequel la colonisation maintenait les indigènes »[51]..
Ce massacre provoque une prise de conscience de l'état d'inégalité profonde dans lequel la colonisation maintenait les Africains. Son souvenir reste vivace dans les années qui suivent et jusqu'à nos jours[52]. En , la journée du est déclarée « Journée du tirailleur sénégalais » par le Sénégal, qui invite les autres États d’Afrique d’où étaient originaires les tirailleurs. Le massacre de Thiaroye y est commémoré[53].
En 2011, une commune française, Trévé, dans les Côtes-d'Armor, honore la mémoire de quelque trois cents tirailleurs sénégalais qui, par leur refus d'embarquer, ont échappé au massacre du camp de Thiaroye ; une stèle est édifiée et un livre publié[54].
Un festival, Thiaroye 44 est organisé pour le commémorer depuis 2004 par Bachir Sy[55],[56].
Lors du discours de la commémoration du 80e anniversaire du massacre, le président Bassirou Diomaye Faye a fixé la date du de chaque année comme La journée du Tirailleur[57],[58].
Les 2 et 3 décembre 2024, l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar organise un colloque de deux jours, se penchant sur les enjeux historiographiques, les fictions et les imaginaires politiques mobilisés autour du massacre de Thiaroye et de sa mémoire[59].
Cimetière et musée
[modifier | modifier le code]En face du camp militaire, un cimetière contenant 202 tombes anonymes et un musée est gardé par Sidy Diop. Si l’entretien du cimetière est pris en charge par l’ambassade de France et l'armée sénégalaise, son conservateur déplore la méconnaissance des Sénégalais sur l'histoire du massacre[60].
Reconnaissance officielle
[modifier | modifier le code]Le , le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) annonce une action en justice contre l'État français pour obtenir la révision du procès d'un des tirailleurs[61]. De son côté, la Ligue des droits de l'homme (LDH) demande au gouvernement français « de reconnaître les faits et d'assumer ses responsabilités » dans cette affaire en organisant un procès en cassation[62].
Le dimanche , les présidents français François Hollande et sénégalais Macky Sall inaugurent un mémorial au cimetière de Thiaroye, à l'endroit même où des tirailleurs sénégalais furent tués par l'armée coloniale française[63].
Dans une tribune publiée en 2018 par le quotidien Le Monde, le fils d'un tirailleur déplore que l'Office national des combattants et des victimes de guerre (ONAC) considère alors toujours son père comme un déserteur et que le lieu où repose son corps reste non divulgué[64],[65].
Le , l'ONAC prend une décision collective « Considérant que les tirailleurs décédés à la suite de la répression survenue au camp de Thiaroye (Sénégal), le , ont vocation à l'attribution de la mention « Mort pour la France ». Six d'entre eux obtiennent cette distinction, alors que les victimes du massacre se comptent par dizaines. L'historienne Armelle Mabon souhaite que cette décision permettre au Garde des Sceaux de saisir la commission d'instruction de la Cour de Cassation afin de faire aboutir le procès en révision des 34 condamnés[66],[67]. Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko regrette un décompte sans concertation, estimant que ce n’est « pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés »[68],[69].
Le , à l'approche de l'anniversaire des 80 ans du massacre, le militant franco-sénégalais Karfa Diallo, né dans le camp de Thiaroye et fils de tirailleur[70], mobilise une dizaine d'associations, des élus et des acteurs de la société civile, pour la publication d'une tribune au Monde demandant à l'État français de reconnaître sa responsabilité dans l’exécution extrajudiciaire de dizaines de tirailleurs africains. Leur plaidoyer regroupe sept doléances : la reconnaissance officielle du massacre par une résolution votée à l'Assemblée nationale, des excuses formelles de la République, un procès de révision pour les tirailleurs condamnés, des réparations versées à leurs descendants, l'insertion d'une journée annuelle d'hommage à l'agenda des cérémonies nationales, un travail conjoint d’analyse et d’actions avec les pays africains concernés par cette histoire, et la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le drame et sa gestion[71]. Dans la foulée, le , cinq députés français demandent la mise en place d’une commission d’enquête chargée de faire d'auditionner des personnes impliquées dans le massacres de Thiaroye[72].
Historiographie
[modifier | modifier le code]L’évènement est connu immédiatement, mais dans la version officielle présentée par les autorités militaires français.
Les premières recherches historiques sur le sujet datent des années 1970 : l’historien canadien Myron Echenberg travaille depuis plusieurs années sur les troupes coloniales françaises. Il publie en 1978 un premier article sur les évènements du camp de Thiaroye en 1978, qu’il qualifie d’insurrection (voir bibliographie).
L’intérêt des historiens pour le sujet ne date véritablement que des années 1990 et d’abord au Sénégal, ou la mémoire des faits s’était conservée et avait été ravivée par le film d’Ousmane Sembène. Un mémoire de maîtrise et un article du premier numéro de la Revue sénégalaise d'histoire lui sont consacrés. Il y est d’emblée nommé comme un massacre. L’intérêt se manifeste aussi en France, d’abord avec les recherches d’Armelle Mabon, puis avec celles de Julien Fargettas, avec deux visions différentes des évènements : si le second suit globalement les sources militaires dans sa description, la première rejoint ses collègues sénégalais dans la description d’un massacre puis, approfondissant ses recherches, reconnait différentes dimensions de ce massacre : d’abord un déni d’égalité, puis un mensonge d’État. Martin Mourre consacre sa thèse de doctorat au massacre de Thiaroye, en élargissant la perspective à la mémoire de l’évènement[73].
Pour ses recherches, Armelle Mabon a utilisé les archives du service historique de la Défense, les archives nationales d'outre-mer, les pièces du procès des mutins aux archives de la justice militaire, et, hors de France, les archives du consulat général du Royaume-Uni et les archives nationales du Sénégal[74]. Certains manques dans les archives ont à la fois éveillé ses soupçons et entravé son travail[75].
Pour sa thèse, Martin Mourre a utilisé, en sus des archives déjà citées, les sources orales et artistiques[73].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Ortographié Tiaroye dans les documents militaires selon Fargettas 2006, p. 117.
- Armelle Mabon, « La singulière captivité des "indigènes" durant la Seconde Guerre mondiale », in Jean-Claude Catherine (directeur scientifique), La captivité des prisonniers de guerre. Histoire, art et mémoire, 1939-1945. Pour une approche européenne, Rennes : Presses universitaires de Rennes. Publication sur OpenEdition Books : 6 février 2015, ISBN numérique : 978-2-7535-3068-3. Collection : « Histoire », 2008, p. .
- Mourre 2017b, p. 90.
- Gilles Aubagnac, « Le retrait des troupes noires de la 1re armée », Revue historique des armées, no 2, , p. 34-46.
- Armelle Mabon, La tragédie de Thiaroye, symbole du déni d'égalité, Hommes et migrations, 2002, 1235, p. 87.
- Julien Fargettas, « La révolte des tirailleurs sénégalais de Tiaroye », Vingtième siècle, no 92, 2006, p. 118.
- Mabon 2002, p. 88.
- François-Damien Bourgery, « Thiaroye par Sembène Ousmane », Radio France internationale, .
- Rémi Carayol, « En réclamant leur dû, c’est la mort qu’ils ont obtenue », Afrique XXI, 29 novembre 2024.
- Mabon 2002, p. 87.
- Catherine Coquery-Vidrovitch, Gilles Manceron, « Il y a soixante-dix ans : le massacre de Thiaroye », Hommes et libertés, no 168, décembre 2014, p. 23.
- C. Coquery-Vidrovitch, G. Manceron, op. cit., p. 24.
- A. Mabon, « La tragédie de Thiaroye... » p. 88.
- A. Mabon, « La tragédie de Thiaroye... » p. 89-90.
- A. Mabon, « La tragédie de Thiaroye... » p. 89.
- Maxime Lerolle, « Thiaroye, mémoires d’un massacre », sur CNRS Le journal (consulté le )
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- Julie Andurain, « Thiaroye (1944) », AHCESR, 13/12/2014, mis à jour le 15/12/2014, consulté le 3 décembre 2024.
- Le franc CFA n'est créé qu'en , auparavant l'Empire colonial français émet localement des monnaies qui portent le nom de « franc ».
- Mabon 2002, p. 89.
- BN Faye, « Thiaroye 44 - 74 ans d'oubli, d'humiliation et de pied de nez », sur emedia.sn, .
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Bibliographie
[modifier | modifier le code]Témoignages
[modifier | modifier le code]- Abdoul Sow (préf. Cheikh Gueye), Des tirailleurs sénégalais se racontent, Dakar, L'Harmattan Sénégal, , 407 p. (ISBN 978-2-343-14969-1, lire en ligne).
- Pat Perna, « Les mensonges de Thiaroye », XXI, no 39, , p. 34-43.
- Morts par la France, Thiaroye 1944, Les Arènes, 2018 (Bande dessinée)
Scénario : Pat Perna, Nicolas Otero et Armelle Mabon (conseillère scientifique) - Dessin : Pat Perna et Nicolas Otero - (ISBN 978-2-35204-739-1) - Armelle Mabon, « Synthèse sur le massacre de Thiaroye (Sénégal, ) », sur xalimasn.com, .
- Émile Costard et Coumba Kane, « Massacre de Thiaroye en 1944 : « C’est un crime de masse prémédité » », Le Monde, (lire en ligne).
- Aube africaine, livre de Fodeba Keita où le personnage central est Kadia qui attend son mari
Études historiques
[modifier | modifier le code]- Yves Benot, Massacres coloniaux. 1944-1950 : La IVe république et la mise au pas des colonies françaises, Paris, La Découverte, 2001 [1994].
- Samba Diop, « Thiaroye 44 » : Massacre de tirailleurs ex-prisonniers de guerre (mémoire de maîtrise), Dakar, université Cheikh-Anta-Diop, .
- (en) Myron Echenberg, « Tragedy at Thiaroye: The Senegalese Soldiers' Uprising of 1944 », dans Peter Gutkind, Robin Cohen et Jean Copans (dir.), African Labor History, Beverly Hills, éd. SAGE, coll. « SAGE Series on African Modernization and Development », (ISBN 978-0-8039-1064-5), p. 109-128.
- Cheikh Faty Faye, Aube de sang, L’Harmattan, 2005
- Julien Fargettas, « La révolte des tirailleurs sénégalais de Tiaroye », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 92, 4e trimestre 2006, p. 117-130 (DOI 10.3917/ving.092.0117).
- Anthony Guyon, Les tirailleurs sénégalais, de l’indigène au soldat de 1857 à nos jours, Paris, Ministère des Armées / Perrin, (ISBN 9782262085971), p. 380
- M'Baye Gueye, « Le à Thiaroye, ou le massacre des tirailleurs sénégalais anciens prisonniers de guerre », Revue sénégalaise d'histoire, no 1, , p. 3-23.
- Armelle Mabon, « La tragédie de Thiaroye, symbole du déni d'égalité », Hommes et Migrations, no 1235, , p. 86-95 (DOI 10.3406/homig.2002.3780).
- Armelle Mabon, Prisonniers de guerre « indigènes » : Visages oubliés de la France occupée, Paris, éd. La Découverte, , 303 p. (ISBN 978-2-348-04343-7, présentation en ligne), chap. 11 (« Thiaroye : un mensonge d'État ») ; 1re édition 2010, 297 p. (ISBN 978-2-7071-5078-3).
- Armelle Mabon, « Les prisonniers de guerre coloniaux durant l’Occupation en France », Hommes et Migrations, novembre-décembre 2000, no 1228, p. 15-28.
- Armelle Mabon, « Le massacre de Thiaroye : crime continu de la Françafrique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, no 157, , p. 79–99 (ISSN 1271-6669, DOI 10.4000/chrhc.21998, lire en ligne, consulté le )
- Armelle Mabon, Le massacre de Thiaroye - 1er décembre 1944. Histoire d’un mensonge d'Etat, Le Passager clandestin, novembre 2024, 272 p.
- Martin Mourre, chap. 9 « Les ressacs de la mémoire collective : Étude de cas à partir de la répression de Thiaroye 44 au Sénégal », dans Muriel Gomez-Perez et Marie Nathalie LeBlanc (dir.), L'Afrique des générations, Paris, éd. Karthala, coll. « Hommes et sociétés », , 843 p. (ISBN 978-2-8111-0631-7, DOI 10.3917/kart.gomez.2012.01.0401, lire en ligne), p. 401-437.
- Martin Mourre, Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial, Rennes : PUR, 2017.
- Martin Mourre, Roger Little, Thiaroye 44, scénario inédit de Ben Diogaye Beye et Boris Boubacar Diop, avec introduction et note technique, Paris, L’Harmattan (coll. Autrement mêmes), 2018.
- Martin Mourre, « L’Armée, la haute fonction publique et le massacre de Thiaroye en 1944 au Sénégal. Bureaucratie impériale et petits meurtres entre amis », French Politics, Culture & Society, vol. 40, no 1, , p. 107 à 127 (lire en ligne)
- Martin Mourre (préf. Elikia M'Bokolo, postface Bob W. White), Thiaroye 1944 : Histoire et mémoire d’un massacre colonial, Rennes, éd. PUR, coll. « Histoire », , 239 p. (ISBN 978-2-7535-5345-3).
- Martin Mourre, « La répression de Thiaroye : Décrire les différents degrés de la violence coloniale », Les Temps modernes, vol. 693-694, no 2, , p. 87-110 (DOI 10.3917/ltm.693.0087, lire en ligne, consulté le ).
- Samuel Mbajum, Les combattants africains dits « Tirailleurs Sénégalais » au secours de la France (1857-1945), Paris, éd. Riveneuve, , 519 p. (ISBN 978-2-36013-176-1)
- Aminata Niang-Diene, Sylvie Thiéblemont-Dollet, « Penser les relations entre fictions et témoignages autour du camp de Thiaroye. Une reconstruction d’un épisode de l’histoire coloniale française », Revue pluridisciplinaire de la Fondation Auschwitz, no 106, janvier-mars 2010, p. 97-112.
- (en) Sabrina Parent, Cultural Representations of Massacre : Reinterpretations of the Mutiny of Senegal, New York, éd. Palgrave Macmillan, , 210 p. (ISBN 978-1-137-27496-0, DOI 10.1057/9781137274977)
- Sylvie Thiéblemont-Dollet, « Figures emblématiques et mobilisations collectives. Autour de la tragédie de Thiaroye », dans Fleury Béatrice, Walter Jacques (directeurs scientifiques), Qualifier des lieux de détention et de massacre 3. Figures emblématiques, mobilisations collectives, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2010, p. 327-338.
- Sylvie Thiéblemont-Dollet, « Ousmane Sembène. Le témoin obligé du camp de Thiaroye », dans Béatrice Fleury, Jacques Walter (directeurs scientifiques), Carrières testimoniales. Les devenirs-témoins de conflits des xxe et xxie siècles 2, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2012, sous presse.
Filmographie
[modifier | modifier le code]- Le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène (1923-2007) réalise un film consacré à cet événement : Camp de Thiaroye[1], qui sort en 1988. Il reçoit le prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1988 et le prix UNICEF. Il n'est publié en DVD qu'en 2005.
- En 2004, Rachid Bouchareb réalise un court métrage animé, L'Ami y'a bon — référence au personnage publicitaire de la marque de chocolat en poudre Banania —, Tessalit productions/Thoke+Moebius Film, Tassili Film, 2004, 8 minutes. Le film retrace l'histoire d'un tirailleur, de sa mobilisation jusqu'à sa mort à Thiaroye[2].
- En 2022, le documentaire Thiaroye 44 est un film écrit et réalisé par Marie Thomas-Penette et François-Xavier Destors, et coproduit par Les Films du Sillage, Public Sénat, TV5 Monde et France 24[3] en coproduction avec France 24 et Public Sénat.
- Violaine Dejoie-Robin (réalisation), Armelle Mabon (scénario), Oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains, produit par Grenades production, 2003, 53 minutes
Bande dessinée
[modifier | modifier le code]- Pat Perna (scénario), Nicolas Otéro (scénario), Armelle Mabon (historienne), Morts par la France. Thiaroye 1944, Les Arènes BD, 2018
Théâtre
[modifier | modifier le code]- Alexandra Badea, Thiaroye, au sein d’une trilogie
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Tirailleurs africains
- Décolonisation de l'Afrique
- Affrontements du 19 août 1945 à Saint-Raphaël
- Massacre de Sétif (1945)
- Massacre de Casablanca (1947)
Liens externes
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- Présidence de la République, « Discours et hommage aux tirailleurs sénégalais au cimetière de Thiaroye à Dakar », sur Dailymotion, .
- Portail de la Seconde Guerre mondiale
- Portail du Sénégal
- Portail du monde colonial
- Portail de l’Armée française
- Portail sur la mort
- Parent 2014, chap. 6 : « Camp de Thiaroye by Sembene Ousmane », p. 97-136. DOI 10.1057/9781137274977_7.
- Parent 2014, chap. 7 : « Rachid Bouchareb's Minimalist Representation of Thiaroye », p. 139-149. DOI 10.1057/9781137274977_8.
- « Thiaroye 44 : enquête sur un massacre de tirailleurs au Sénégal », sur France 24, (consulté le )
- Décembre 1944
- Histoire militaire du Sénégal
- Histoire militaire de la France
- Histoire de l'empire colonial français pendant la Seconde Guerre mondiale
- Histoire coloniale de la France
- Troupes coloniales
- Mutinerie pendant la Seconde Guerre mondiale
- Résistance à la colonisation française
- Massacre ou atrocité de la Seconde Guerre mondiale
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- Massacre colonial