Mourad Benchellali
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Activité |
Conférencier |
Membre de |
Al-Qaïda () |
---|---|
Lieux de détention |
Mourad Benchellali, né le à Villeurbanne est un formateur en insertion et conférencier français.
Capturé par l'armée américaine au Pakistan en 2001, après avoir passé deux mois dans un camp d'entraînement d'Al-Qaïda, il a passé deux ans et demi dans le camp de Guantánamo. Il a ensuite été poursuivi en France, avant d'être relaxé en .
Biographie
[modifier | modifier le code]Né le à Villeurbanne[1], il est le fils de Chellali Benchellali, l'imam hanafite de la mosquée Abou Bakr de Vénissieux[2],[3],[4].
En , Mourad Benchellali, alors âgé de 19 ans, se rend avec un ami en Afghanistan, encouragé par son grand-frère Abdelhakim (ou Abdelakim[5]), dit Menad, à y approfondir sa connaissance de l'islam[2],[6]. Son frère lui fournit de faux documents pour réaliser ce voyage via le Royaume-Uni et le Pakistan[2],[7]. Il est accueilli en Afghanistan par un ami de son frère, qui lui propose d'aller rencontrer d'autres musulmans[2]. C'est ainsi qu'il pénètre au camp Al-Farouk (en) d'Al-Qaïda, où il rencontre Oussama ben Laden[2]. Se sentant pris au piège, il demande à partir mais les responsables du camp l'obligent à rester durant les deux mois que dure la formation[2].
À la suite des bombardements américains en représailles aux attentats du 11 septembre 2001, Mourad Benchellali s'enfuit au Pakistan, où il est arrêté par les forces spéciales en après avoir été trahi par des villageois de Parachinar[2],[8]. Il est suspecté de détenir des informations[2] et d'actes terroristes[9]. Au bout de deux semaines de détention, les autorités pakistanaises le livrent à la CIA, qui l'interne dans un camp près de Kandahar avant de le transférer au camp de Guantánamo à la mi-[2]. Il est placé quelques mois dans une cage du camp X-Ray, avant d'être placé à l'isolement au camp Delta[10]. Il déclare avoir été torturé et humilié aussi bien à Kandahar qu'à Guantánamo[2].
Le , son grand frère Menad est arrêté par la DST à Romainville pour avoir projeté une attaque à l'arme chimique contre l'ambassade de Russie à Paris dans le but de venger le commando tchétchène tué par des gaz toxiques à la fin de la prise d'otages du théâtre de Moscou[2],[11]. En janvier 2004, c'est au tour de son père, de sa mère, et du cadet de la famille, d'être interpellés par la DST et placés en détention provisoire sur présomption d'« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Seules les filles de la famille sont laissées libres[12]. Le 14 juin 2006, le tribunal correctionnel de Paris condamne Menad à 10 ans de prison ferme (peine requise par la procureure Anne Kostomaroff), le frère à 4 ans de prison ferme (contre 5 requis par la procureure), Chellali à 2 ans dont 18 mois avec sursis (contre 6 ans ferme requis par la procureure) et Hafsa à 2 ans avec sursis (contre 5 ferme requis par la procureur)[13],[14]. Menad et Chellali (expulsés vers l'Algérie le 7 septembre suivant) ne font pas appel. Si le frère cadet retire son appel juste avant le délibéré, le père le maintient et voit sa sentence alourdie à 2 ans de prison ferme le [15],[16].
À la suite d'un accord passé le entre le ministre de la Justice français, Dominique Perben, et le procureur général des États-Unis, John Ashcroft, Mourad Benchellali et trois autres détenus français (Imad Kanouni (en), Nizar Sassi, Brahim Yadel (en)) sont libérés de Guantánamo le . Après leur arrivée sur la base militaire d'Evreux le , ils sont mis en examen et placés en détention provisoire dans la nuit du au [17],[18].
En 2006, il témoigne dans le livre Voyage vers l'enfer de ce qu'il a vécu dans le camp de Guantánamo[1].
Il est relaxé par la justice française en [19].
Devenu formateur dans l'insertion, il participe surtout à des opérations de prévention de la radicalisation des jeunes musulmans français[20].
Il est interpellé par les services frontaliers du Canada le , alors qu'il s'y était rendu pour participer à une conférence[21]. Il est renvoyé en France deux jours plus tard[22].
Publications
[modifier | modifier le code]- Mourad Benchellali et Antoine Audouard, Voyage vers l'enfer, éditions Robert Laffont, , 274 p. (ISBN 2221107748 et 978-2221107744)
- Mourad Benchellali et Antoine Audouard, Le Piège de l'aventure, éditions Robert Laffont, coll. « Documento », (ISBN 2221195639 et 978-2221195635, présentation en ligne)
Références
[modifier | modifier le code]- Philippe Douroux, « Mourad Benchellali, innocent radical », Libération, (lire en ligne)
- (en) « An ex-Guantanamo detainee rebuilds his life in France », Al Jazeera, (lire en ligne)
- Alice Géraud, « Les fils de l'ombre de l'imam Benchellali de Vénissieux », Libération, (consulté le )
- Lucie Définod, Celia Izoard et Dugudus, « « C’est quoi Al-Qaïda ? – Al-Qaïda, c’est toi ! »: Des Minguettes à Guantanamo, entretien avec Mourad Benchellali », Z : Revue itinérante d’enquête et de critique sociale, vol. N° 8, no 1, , p. 66–75 (ISSN 2101-4787, DOI 10.3917/rz.008.0066, lire en ligne, consulté le )
- Olivier Bertrand, « Les Minguettes sous tension après l'interpellation de l'imam », Libération, (consulté le )
- Olivier Bertrand, « Un grand frère formé en Afghanistan », Libération, (consulté le )
- CEDH, AFFAIRE SASSI ET BENCHELLALI c. FRANCE, 2021, 001-213828, (lire en ligne)
- Olivier Bertrand, «Des mois de coups et de panique», Libération, (consulté le )
- Mourad Benchellali : un repenti contre le djihad sur Le Point, 20 novembre 2014
- Maïté Darnault, « Mourad Benchellali, de Guantánamo à Laurence Parisot » sur Libération, 10 mars 2015
- Stéphane Albouy, « Les islamistes visaient l'ambassade de Russie à Paris », Le Parisien, (consulté le )
- Robert Marmoz, « La famille Benchellali, au nom du père, des fils et de la guerre sainte en France », Le Temps, (consulté le )
- « Filières tchétchènes : 10 ans de prison requis », Le Nouvel Observateur, (consulté le )
- « De la relaxe à 10 ans ferme pour les prévenus », Le Nouvel Observateur, (consulté le )
- « Peines alourdies à Paris pour les "filières tchétchènes" », sur Boursier.com, (consulté le )
- « Filières tchétchènes: peines sensiblement alourdies en appel », sur algeria-watch.org, (consulté le )
- « Quatre détenus français rapatriés », RFI, (consulté le )
- « Les quatre Français de Guantanamo ont été mis en examen et écroués », Le Monde, (consulté le )
- Fabrice Arfi, « Les vérités d’un ex-détenu de Guantanamo relaxé », Mediapart, (lire en ligne)
- Nicolas Quenel, « Mourad Benchellali : "Depuis 15 ans, je suis 'le mec de Guantánamo' " », sur www.marianne.net, 2021-09-06utc19:30:00+0200 (consulté le )
- Charlotte Oberti, « Un ex-prisonnier français de Guantanamo, Mourad Benchellali, interpellé au Canada » sur France 24, 4 novembre 2015
- « Après deux jours de détention au Canada, Mourad Benchellali est de retour en France », Le Monde, (lire en ligne)