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Lapiaz

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Lapiés d'Innerbergli : quand le végétal s'accroche au minéral. Présence de sillons de dissolution dont le fond est colmaté par des argiles de décarbonatation qui, en retenant l'eau, ont favorisé la colonisation de végétation dans les rigoles (Habkern, Berne, Suisse). Le CO2 dissous dans l'eau est l'agent principal de la dissolution des carbonates, même si d'autres acides interviennent[N 1].
Lapiés à empreintes de pas, de type trittkarren (de), se formant au croisement de diaclases.

Le lapiaz (aussi appelé lapié, lapiez, lapiés, lapiès ou Karren, mot d'origine jurassienne issu du latin lapis, « pierre »), est une formation rocheuse karstique de surface dans les roches carbonatées (roches calcaires et dolomitiques), créée par la dissolution des carbonates sous l'action des eaux de ruissellement chargées en dioxyde de carbone CO2 (eaux de pluie ou de la fonte des neiges) et sous l'effet de la cryoclastie. Les rainures ou fentes résultant de cette dissolution des roches calcaires en surface sont séparées par des arêtes plus ou moins vives.

Le relief ruiniforme est un « méga-lapiaz » surcreusé, tels le chaos de Montpellier-le-Vieux ou de Nîmes-le-Vieux[2].

Les Pierres Jaumâtres exposent des pseudokarren qui prennent la forme de rainures de dissolution par ruissellement.

Les pseudo-lapiès ou pseudokarren sont des formes pseudokarstiques qui se développent dans les roches magmatiques et métamorphiques. Analogues aux lapiès structuraux dégagés dans les roches carbonatées, elles exploitent les lignes de faiblesse de ces roches (élargissement de leurs plans de schistosité, de leurs cannelures, de leurs joints ou de leurs diaclases), l'érosion donnant des microformes (rainures, cannelures) ou prédisposant au dégagement des reliefs ruiniformes souvent associés aux tors et chaos de blocs[3].

Caractéristiques

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Ce type de géomorphologie déchiquetée, aux aspérités coupantes lorsqu'il s'agit de calcaire dur, est sillonné de nombreuses rigoles, fissures et crevasses de taille variable, dont certaines peuvent atteindre plusieurs mètres. D'autres structures se distinguent : les vasques et les arches.

La roche est également souvent perforée, donnant à voir en surface les mécanismes karstiques qui président ailleurs au creusement des grottes, avens, scialets et autres cavités naturelles.

Les sillons de dissolution parallèles ou entrecroisés et parfois profonds, se groupent souvent en champs de lapiés dont la diversité s'explique « par de nombreux facteurs comme la pente du terrain calcaire, la lithologie, la structure et la texture de la roche calcaire, la nature de la réaction chimique, la nature, le total et la répartition des précipitations (neige ou pluie), la présence ou non d'une couverture pédologique et végétale (et sa nature), enfin le temps d'exposition du calcaire aux phénomènes climatiques »[1].

Les sillons sont de deux types :

  • les rigoles, suivant la ligne de la pente, rectilignes ou sinueuses,
  • les crevasses (ou laizines), qui sont un approfondissement des fissures et qui se recoupent, découpant la roche en blocs.

Selon la couverture, le lapiaz peut être :

  • mis à nu par les glaciers, subaériens, formés le plus souvent de rigoles parallèles et étroites avec arêtes aiguës,
  • couverts par des dépôts postérieurs (humus,sol récent…) qui peuvent laisser émerger les arêtes émoussées et fossiliser les sillons,
  • découverts, issus des lapiés couverts mais ayant perdu leur couverture de sol par érosion.

Selon le degré de fissuration, le lapiaz peut être :

  • jeune ou peu évolué (dalle calcaire encore visible)
  • mature ou évolué (dalle calcaire disparue)[N 2]

Autres dénominations

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Dans certaines régions, le terme de lapiaz se substitue parfois à un mot de la langue locale, comme la cairissa languedocienne.

Dérivés : lapiazé, lapiez, lapiés.

Localisation

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Des formations semblables se trouvent dans beaucoup de régions karstiques de l'Europe et d'autres continents.

Le Désert de Platé, ou encore Sur les Truex entre la Tour de Mayen et la Tour de Famelon près de Leysin dans le canton de Vaud en Suisse, sont d'autres exemples de lapiaz remarquables.

Notes et références

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  1. « Le dioxyde de carbone se trouve librement dans l'atmosphère à des concentrations de l'ordre de 0,03 % par volume, mais dans les sols sa concentration est bien supérieure : elle peut atteindre fréquemment 2 % et même des valeurs records de l'ordre de 10 %. Ces fortes teneurs sont la conséquence d'un enrichissement lié à la respiration des racines des plantes et à celle des micro-organismes du sol, enfin et surtout à la décomposition de la matière organique. Les racines des plantes produisent également des acides capables d'attaquer les calcaires (acides humiques, fulviques, etc. »[1].
  2. « Lorsqu'un karst et son lapiaz superficiel évoluent, les diaclases et autres rigoles sont considérablement élargies par la dissolution, et le calcaire non encore dissout commence à se trouver sous forme de panneaux, pseudo-murs ou pinacles isolés les uns des autres. On peut alors parler de relief "ruiniforme", à cause de la ressemblance d'un tel relief avec un champ de ruines »[4].
  3. Lapiaz peu évolué qui soumet le flore à des conditions écologiques très sélectives (végétations xérophiles en surface et hygrosciaphiles au fond des creux).

Références

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  1. a et b Jean-Noël Salomon 2006, p. 33-34.
  2. Gérard Mottet, Géographie physique de la France, Presses universitaires de France, , p. 233.
  3. Jean-Jacques Delannoy, Philip Deline et René Lhénaff, Géographie physique. Aspects et dynamique du géosystème terrestre, De Boeck Superieur, (lire en ligne), p. 661.
  4. Pierre Thomas, « Un très bel exemple d'érosion karstique ruiniforme dans des calcaires dolomitiques : le cirque de Mourèze (Hérault) », sur planet-terre.ens-lyon.fr, .
  5. Pierre Thomas, « Le lapiaz de la Pierre Saint Martin (Pyrénées Atlantiques), l'un des plus grands lapiaz de France », sur planet-terre.ens-lyon.fr.

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • (en) Jovan Cvijić, « The evolution of Lapiés. A study in karst physiography », American Geographical Society of New York, vol. 14, no 1,‎ , p. 26–49.
  • Georges Hugot et Jean-Pierre Carbonnel, « Le lapiaz de Souroukoudinga (Burkina Faso), un karst à micro-tourelles d'âge supposé quaternaire », Karstologia : revue de karstologie et de spéléologie physique, no 8,‎ 2e semestre 1986, p. 31-38 (lire en ligne Accès libre).
  • Jean Nicod, Pays et paysages du calcaire, Presses universitaires de France, (lire en ligne).
  • Emmanuel Reynard, « Le lapiaz de Tsanfleuron: un paysage glacio-karstique à protéger et à valoriser », dans Fabien Hobléa, Emmanuel Reynard, Jean-Jacques Delannoy (dir.), Karsts de montagne : géomorphologie, patrimoine et ressources (actes de colloque, Sion (Suisse), 15 septembre 2006), Chambéry, Laboratoire EDYTEM, Université de Savoie, (ISBN 978-2-9520432-9-8, lire en ligne Accès libre [PDF]), p. 157-168.
  • Jean-Noël Salomon, Précis de karstologie, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Scieteren », , 288 p. (ISBN 978-2-86781-411-2, présentation en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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