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Jean Elleviou

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Jean Elleviou
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait présumé de Jean Elleviou par Désiré Adelaïde Charles Maignen de Sainte-Marie en 1809, musée Carnavalet.
Nom de naissance Pierre-Jean-Baptiste-François Elleviou
Naissance
Rennes, Drapeau de la France France
Décès (à 72 ans)
Ancien 1er arrondissement de Paris, Drapeau de la France France
Activité principale Chanteur
Comédien
Librettiste

Jean Elleviou[1] est un chanteur, comédien et librettiste français, né à Rennes le [2] et mort à Paris le .

Fils de chirurgien, Pierre-Jean-Baptiste-François Elleviou refuse de suivre les traces de son père et s’enfuit pour Paris où il approche le monde des comédiens. Doté d’une voix bien timbrée, légère et souple de baryton, mais courte et encore mal dégrossie (qu'il devait plus tard travailler afin d'acquérir la tessiture d’un ténor), il réussit à obtenir un rôle qu’il s’apprête à jouer quand il est appréhendé par les forces de l’ordre qui le ramènent au logis paternel[3]. Il reprend ses cours de médecine et, au bout de quelques mois, on croit pouvoir le renvoyer à Paris pour qu'il y termine ses études.

Mais il prend rapidement son indépendance et débute le en tant que basse-taille avec la troupe de l'Opéra-Comique salle Favart[4] dans le rôle d’Alexis de l'opéra Le Déserteur de Monsigny. Progressant rapidement et ayant retravaillé sa technique, il aborde dès l'année suivante le répertoire de ténor avec Philippe et Georgette de Nicolas Dalayrac[5]. Très bel homme, de taille élégante, de visage affable, et avec un chant « conduit avec un goût très sûr », il plaît au public. Si comme son complice, le baryton Jean-Blaise Martin, il excelle dans les emplois burlesques, sa prestance lui permet aussi de camper les rôles très fréquents de capitaines de hussards, devant le représentant-type des jeunes officiers qui assistent aux spectacles. Il devient sociétaire de la troupe dès 1792.

D’esprit plutôt modéré, il ne sympathise guère avec les opinions politiques de la Révolution et, après la chute de Robespierre, le 9 thermidor, il se rapproche des milieux réactionnaires, de sensibilité généralement royaliste, que les Conventionnels appelaient muscadins[6]. Il finira par être recherché par la police et devra disparaître quelque temps pour se faire oublier.

Lorsqu’il ne craint plus d’être inquiété, il reparaît salle Favart, avant que la troupe ne fusionne en 1801 avec celle du théâtre Feydeau. Il deviendra un sociétaire de la nouvelle compagnie et un de ses administrateurs. Pour se changer des rôles de comiques troupiers qui commençaient à lasser le public, il met toute son influence pour revenir peu à peu au répertoire ancien, plus sérieux et plus sensible, avec notamment les opéras de Grétry : Zémire et Azor, L’Ami de la maison (tous deux de 1771), Richard Cœur-de-Lion (1784) et Pierre le Grand (1790). Elleviou, qui s’y montre sous un jour nouveau, voit sa renommée rebondir. Cependant, les critiques musicaux continuent à le comparer (à son désavantage) avec son prédécesseur, le fameux Clairval.

En 1807, il crée ce qui deviendra un de ses rôles-fétiches : Joseph de Méhul. La maréchale Lefebvre aurait dit en le voyant : « Si Joseph était aussi beau que ça, Mme Putiphar a été une forte dinde ! »[7].

D'un caractère capricieux et irritable, le chanteur devient financièrement de plus en plus exigeant[8]. Heureusement pour lui, il épouse une riche admiratrice lyonnaise qui le rend maître d’une petite fortune. Il quitte définitivement la scène le , en pleine gloire, à seulement 44 ans, et part s’établir dans une vaste propriété qu’il avait achetée en région lyonnaise à Ternand, où il se consacre à l’agriculture.

En 1839, il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur[9].

Élu maire de sa commune, puis conseiller général du Rhône, il meurt frappé d’apoplexie le à 73 ans, dans les locaux du journal Le Charivari. Présenté dans son cercueil au maire de Ternand, ville dont il fut lui-même maire, le , il y est inhumé plus de deux ans après sa mort.

Elleviou dans L'Irato de Méhul (1801)

Sans avoir les moyens vocaux d'un Duprez ou l'accent d'un Rubini, jouant sur la partie vocale et la partie déclamée, Elleviou possédait l'art de ménager ses effets et désarmait la critique[10]. On ne compte plus ses créations et les divers rôles où il s’illustra. Sa carrière sera jalonnée de nombreux succès. Il joua surtout dans des opéras-comiques, mêlant le chant et la comédie. Il est donné par les critiques comme un excellent comédien au talent flexible, assumant aussi bien les rôles comiques que les sérieux.

Il sera l’interprète de la plupart des compositeurs importants de l'époque dont François Adrien Boieldieu (Le Calife de Bagdad, Jean de Paris), Méhul (L'Irato ou l'Emporté), Nicolo et Henri Montan Berton. Mais c'est surtout les œuvres de Nicolas Dalayrac qui lui permettent d'accéder à la célébrité : Philippe et Georgette (1791), Gulnare (1797), Adolphe et Clara (1799), Maison à vendre (1800) et Picaros et Diego (1803).

S'il figure comme compositeur dans l’en-tête de l’article biographique de Hoefer, il semble que seuls ses livrets soient restés dans les mémoires :

  • Le Vaisseau amiral (1805), musique de Berton ;
  • Délia et Verdikan (1806), musique de Berton ;
  • L’Auberge de Bagnères (3 actes, en collaboration avec C. Jalabert), musique de Charles Simon Catel.

Répertoire

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  1. Prénom retenu par la plupart des encyclopédies, y compris modernes (cf. BNF. La biographie de Hoefer choisit néanmoins comme prénom principal « François ».
  2. Archives municipales de Rennes Acte de baptême dressé le 02/12/1869 à la Paroisse Saint-Jean, cote GGStJe 14 1760-1771, vue 265 / 289
  3. Dictionnaire de la conversation et de la lecture (1835), t. XXIV, p. 111, cité dans Legrand et Wild 2002.
  4. Encore appelée Théâtre-Italien ou Comédie-Italienne, malgré le renvoi des chanteurs italiens en 1780.
  5. Pougin 1875.
  6. À ne pas confondre avec les Incroyables et Merveilleuses, jeunes gens maniérés du Directoire qui, en les imitant, héritèrent de ce sobriquet. Leur but des muscadins était de constituer une force de harcèlement contre ce qu’on appelait alors « la queue de Robespierre », c’est-à-dire ce qu’il restait des Jacobins.
  7. Pougin 1875, p. 103.
  8. Selon la Revue et gazette musicale de Paris (1840), p. 208, il aurait demandé jusqu’à 120 000 francs pour une année, un traitement qui lui fut refusé. [source insuffisante]
  9. Base Léonore un extrait de baptême est annexé au dossier
  10. Auguste Thurner, Les Transformations de l'opéra-comique, 1865, p. 213.

Liens externes

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