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Eugénisme sous le Troisième Reich

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Cette affiche de 1938 indique : « 60 000 Reichsmarks, c’est ce que la vie de cette personne souffrant d’un défaut héréditaire coûte à la communauté populaire. Chers concitoyens, c’est aussi votre argent. Lisez le Neues Volk, le mensuel du Rassenpolitisches Amt du NSDAP ».

L'eugénisme est une des bases d'une politique eugéniste officielle du Troisième Reich dès 1933. Définie par un ensemble de lois et de décrets, cette politique s'est notamment traduite dans sa dimension criminelle par « l'euthanasie » des enfants handicapés, par le programme Aktion T4 d'euthanasie ainsi que par un vaste programme de stérilisations contraintes. Environ 400 000 personnes auraient été stérilisées dans le cadre de ce programme entre 1933 et 1945.

Avant même l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, une majorité de scientifiques et une large partie de la classe politique allemande étaient favorables à l'eugénisme[1]. Le concept pseudoscientifique d'hygiène raciale avait été inventé bien avant le nazisme.

Hitler s'est notamment inspiré de l'eugénisme américain, notamment de The International Jew. The world's Foremost Problem de Henry Ford dans lequel étaient présentées de manière très explicite et radicale ses propres conceptions antisémites et eugénistes dans la mouvance d'un courant eugéniste américain illustré entre autres par Madison Grant. Hitler considérait ainsi en 1924 à propos des États-Unis qu'« il y a aujourd'hui un pays où l'on peut voir les débuts d'une meilleure conception de la citoyenneté »[2].

La politique eugéniste propre à l'Allemagne nazie, qui s’insère dans un programme plus vaste que l’on peut qualifier d’ « eugénico-raciste »[3] s'inscrit dans un ensemble de lois, circulaires et décrets.

Les objectifs essentiels sont :

Le programme eugéniste nazi

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La première étape est la loi de stérilisation eugénique du  : Gesetz zur Verhütung erbkranken Nachwuchses « loi de prévention d'une descendance atteinte de maladie héréditaire ».

Programme de stérilisations contraintes

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Cette loi du est rédigée avec la participation active du docteur Arthur Gütt (médecin et haut fonctionnaire)[4], de Falk Ruttke (de) (juriste) et Ernst Rüdin (psychiatre suisse)[5].

Cette loi qui entre en vigueur le impose la stérilisation obligatoire pour les malades atteints de neuf maladies considérées comme héréditaires ou congénitales[6] (entre parenthèses, la dénomination plus moderne s'en rapprochant) :

  1. « Imbécilité congénitale » (handicap mental).
  2. Schizophrénie.
  3. « Folie cyclique » (trouble bipolaire).
  4. Épilepsie héréditaire.
  5. Chorée de Huntington.
  6. Cécité héréditaire.
  7. Surdité héréditaire.
  8. Malformation congénitale grave.
  9. Alcoolisme chronique grave.

Ces stérilisations ont fait l'objet d'un quasi-consensus dans la communauté médicale allemande. Gisela Bock conclut qu’environ 400 000 personnes ont été stérilisées entre 1934 et 1945, en incluant les territoires annexés par l’Allemagne après 1937 où la loi fut aussi appliquée[7].

La plupart des personnes stérilisées d'après cette loi entre 1934 et 1939 étaient considérées comme « malades mentales »[8].

L'Allemagne a ainsi durci la législation contre l'avortement pour les femmes considérées comme supérieures, alors que dans le même temps la circulaire secrète de 1934 aux Offices de la santé du peuple autorisait l'avortement pour les femmes si une « descendance héréditairement malade » était considérée comme prévisible[9]. Le décret secret du a été plus loin en rendant obligatoire l'avortement pour les femmes « inférieures »[9].

Dimensions sociale et raciale

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D'autres pratiques ont été utilisées pour éliminer les personnes indésirables : euthanasie involontaire, camps de concentration pour les alcooliques, criminels, délinquants, asociaux divers, castration des criminels sexuels et des homosexuels, stérilisation des « bâtards de Rhénanie » (métis nés de mères allemandes et de pères, africains ou indochinois, des troupes coloniales françaises lors de l'occupation de la Rhénanie après la Première Guerre mondiale), élimination des handicapés, extermination des Roms et des Juifs.

Notes et références

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  1. Pour les années précédant l’accession d’Hitler au pouvoir voir notamment Weindling 1998.
  2. Mein Kampf, cité dans Hitler's debt to America. The Guardian. 6, 2004.
  3. Massin 2000, p. 64.
  4. Gütt dirigea notamment le Comité du Reich pour le service de la santé publique. Massin 2000, p. 67
  5. Massin 2000, p. 67.
  6. (en) Ulf Schmidt, Medical Ethics and Nazism, New York, Cambridge University Press, , 876 p. (ISBN 978-0-521-88879-0), p. 598
    dans The Cambridge World History of Medical Ethics, R.B. Baker (dir.).
  7. D’après l’étude de Bock 1986. Cité dans Massin 2000, p. 75. Des chiffres officiels ont été publiés jusqu’en 1937. L’estimation du nombre de stérilisations pour les années postérieures est une extrapolation réalisée à partir de données parcellaires.
  8. (en) Jason Luty, « Psychiatry and the dark side: eugenics, Nazi and Soviet psychiatry », Advances in Psychiatric Treatment, vol. 20, no 1,‎ , p. 52–60 (ISSN 1355-5146 et 1472-1481, DOI 10.1192/apt.bp.112.010330, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Massin 2000, p. 65.

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

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  • Christoph Beck, Sozialdarwinismus, Rassenhygiene, Zwangssterilisation und Vernichtung "lebensunwerten" Lebens : eine Bibliographie zum Umgang mit behinderten Menschen im "Dritten Reich" – und heute, Psychiatrie-Verl., Bonn, 1995
  • Peter Emil Becker, Zur Geschichte der Rassenhygiene : Wege ins Dritte Reich, G. Thieme, Stuttgart, 1988
  • (de) Gisela Bock, Zwangssterilisation im Nationalsozialismus : Studien zur Rassenpolitik und Frauenpolitik, Opladen, Westdeutscher Verlag, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Heather Anne Pringle (trad. de l'anglais par Jacques Martinache), Opération Ahnenerbe : comment Himmler mit la pseudo-science au service de la Solution finale [« The master plan : Himmler's scholars and the Holocaust. »] (Biographie), Paris, Presses de la Cité, coll. « Document », , 427 p. (ISBN 978-2-258-07322-7, OCLC 192079817)
  • (en) Robert Proctor, Racial hygiene : medicine under the Nazis, Cambridge, Mass, Harvard University Press, coll. « Mazal Holocaust », , 414 p. (ISBN 978-0-674-74580-3 et 978-0-674-74578-0, OCLC 16982101, lire en ligne).
  • Benoît Massin, « Stérilisation eugénique et contrôle médico-étatique des naissances en Allemagne nazie : la mise en pratique de l’Utopie médicale », dans Alain Giami, Henri Leridon, Les enjeux de la stérilisation, INED, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Ingrid Richter, Katholizismus und Eugenik in der Weimarer Republik und im Dritten Reich : zwischen Sittlichkeitsreform und Rassenhygiene, F. Schöning, Paderborn ; München ; Wien, 2001
  • Paul Weindling (préf. Benoît Massin), Hygiène raciale et eugénisme médical en Allemagne, 1870-1932, Paris, La Découverte, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Richard Weikart, From Darwin to Hitler : evolutionary ethics, eugenics, and racism in Germany, New York, Palgrave Macmillan, , 312 p. (ISBN 978-1-4039-6502-8 et 978-1-403-97201-9, OCLC 232001942).
  • Peter Weingart, Jürgen Kroll, Kurt Bayertz, Rasse, Blut und Gene. Geschichte der Eugenik und Rassenhygiene in Deutschland, Francfort, 2001, (ISBN 3-518-28622-6).
  • Silvain Reiner, Et la terre sera pure, les expériences médicales du IIIe Reich, Paris, Archipel, , 347 p. (ISBN 978-2-84187-085-1, OCLC 39912850).

Articles connexes

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Liens externes

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