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Armoire de fer

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Caricature montrant le squelette de Mirabeau sortant de l'armoire de fer.

L'armoire de fer est une ouverture aménagée dans un mur, faisant office de coffre-fort dissimulé par un lambris pivotant situé dans les appartements de Louis XVI, au palais des Tuileries. Son existence est révélée publiquement au début de la Première République le par Roland, ministre girondin de l'Intérieur, qui en aurait été informé par l'artisan qui l'avait fabriquée, un serrurier nommé François Gamain ; ce dernier ayant pourtant été rayé des fournisseurs de la Couronne depuis 1790[1].

Cet événement prend place alors qu'une série de faits place Louis XVI sur le chemin de sa déchéance : la « fuite de Varennes » (20-21 juin 1791), son arrestation, la journée du 10 août 1792, les massacres de Septembre : ses appartements aux Tuileries sont alors fouillés dans le cadre d'une procédure d'enquête en vue du procès du roi.

Cette armoire aurait été destinée à dissimuler la correspondance de Louis XVI avec, entre autres, Mirabeau, Maximilien Radix de Sainte-Foix, conseiller occulte du souverain, Joseph Duruey et Jean-Louis Tourteau de Septeuil, ses banquiers, Arnaud de Laporte, intendant de la Liste civile sur laquelle des fonds étaient prélevés, François de Bonal, évêque de Clermont, etc. C'est à la suite de cette découverte que la dépouille de Mirabeau fut retirée du Panthéon. La plupart des pièces répertoriées sous cette appellation d'Armoire de Fer consistent en des correspondances des ministres de Louis XVI (Montmorin, Valdec de Lessart, Bertrand de Molleville, le comte de Narbonne, Cahier de Gerville, Dumouriez, etc.), correspondances légitimes entre un souverain et son conseil. D'autres lettres concernent aussi presque tous les acteurs de la Révolution, que ce soit le général Santerre ou La Fayette, Antoine de Rivarol ou Talleyrand. D'autres documents sont des rapports concernant les activités de corruption menées par les agents des ministres sous la direction de Collenot d'Angremont et Arnaud de Laporte, qui ont été exécutés dans les jours qui suivent le 10 août 1792. Ils sont les deux premiers guillotinés pour raisons politiques[2]. D'autres documents ont été tout bonnement récupérés ailleurs (comme les états des gardes du corps, qui avaient été publiés par l'Assemblée nationale).

Tous ces documents, malgré les lacunes et filtrages probables, furent utilisés pour démontrer la duplicité des conseillers et des ministres — du moins ceux en qui Louis XVI avait confiance — et la mise en place d'une diplomatie et d'une police parallèles. On découvre surtout l'existence d'un vaste réseau de corruption - en réalité, un groupe de pression - mis en place et structuré dès 1791 par Montmorin, auprès de meneurs populaires ou d'orateurs de clubs, comme Antoine Joseph Santerre ou François Desfieux[3]. Des tentatives avaient même été menées pour gagner des députés de l'Assemblée, notamment lorsque, après la journée du , il avait été question d'aborder la question du « décret de déchéance ».

Lors de la journée du 10 août 1792, les papiers personnels de Louis XVI et de Marie-Antoinette sont confiés à des membres de leur entourage. Ainsi, Mme Campan, première femme de chambre de la reine, affirme dans ses Mémoires, publiés ultérieurement, avoir reçu de la Reine une liasse de documents importants qu'elle aurait remis à Louis Georges Gougenot (1758 – 1794), maître d'hôtel du roi. Mais on sait que cette mémorialiste s'est beaucoup vantée de sa proximité supposée d'avec les souverains, alors qu'elle avait une fonction subalterne. D'autres papiers, lettres et correspondances, auraient été mis en lieu sûr ou détruits. Mais les plus grandes destructions sont imputables à ceux qui sont compromis par les conseillers occultes de Louis XVI. Le ministre de l'Intérieur Roland aurait joué un rôle à cet égard et fait disparaître ce qui concernait son collègue Danton, et aussi le mémoire attestant de la tentative des députés Guadet, Vergniaud et Gensonné de rentrer en grâce auprès de Louis XVI après l'émeute du 20 juin, mémoire transmis au Roi par le peintre Boze. Le , Jean-Marie Roland dépose ces archives, du moins ce qui en reste et qui est considérable, sur le bureau de la Convention nationale, brisant ainsi toutes les manœuvres destinées à empêcher de renvoyer Louis XVI en jugement[4].

Controverses

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Plusieurs controverses sont nées de l'utilisation de l'armoire de fer dans la mise en place du procès de Louis XVI.

Parmi elles, le ministre Roland de la Platière n'aurait pas eu le temps de lire les documents accusateurs entre leur découverte et la révélation par celui-ci de leur existence. L'architecte Jean-François Heurtier, à qui François Gamain a confié l'existence de l'armoire, confiera notamment : « J'atteste que je n'ai pas perdu les papiers de vue depuis le moment où ils ont été découverts, jusqu'à celui où le ministre, que j'ai toujours accompagné, est entré à la Convention pour les y déposer, et que l'ordre dans lequel les papiers ont été trouvés n'a pas même été dérangé[5]

Pour d'autres, le même Roland aurait préalablement trié les papiers découverts, en retirant certains documents mettant en cause ses amis ou en ajoutant d'autres pièces découvertes ailleurs dans le palais[6]. Madame Campan, affirme d'ailleurs dans ses Mémoires que « la reine l'invita [le roi] en ma présence à ne rien laisser dans l'armoire, et le roi, pour la tranquilliser, lui dit qu'il n'y avait rien laissé[7]. »

L'affirmation de Roland selon laquelle l'armoire aurait été fermée par une clé de sûreté est démentie par le procès-verbal d'identification d'un jeu de clé confié par le Roi à son valet de chambre, clés qui étaient des passe-partout et qui ouvraient aussi la fameuse « armoire de fer », laquelle aurait donc été plutôt un placard réalisé après les dégâts commis dans les appartements royaux survenus lors de la journée d'émeute du 20 juin.

Publication

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À la suite de cette affaire, un décret du a été publié portant sur le triage des papiers et pièces qui provenaient du palais des Tuileries, et sur la publication sur ordre de la Convention en et , par l'Imprimerie nationale, des papiers des Tuileries y compris ceux de « l'armoire de fer » :

  • Premier recueil des pièces trouvées aux Tuileries, et le , recueillis par le Comité de surveillance, imprimées d'après le décret de la Convention nationale du , Paris, imprimerie nationale, .
  • Deuxième recueil des pièces (…) remises à la commission des Vingt-quatre, par le Comité de surveillance de la ville, Paris, imprimerie nationale, .
  • Troisième recueil des pièces trouvées dans l'armoire de fer (…) (deux volumes).
  • Quatrième recueil des pièces trouvées dans l'armoire de fer (…) qui est une suite du troisième recueil (…), trois tomes.
  • Cinquième recueil des pièces trouvées dans les papiers de M. de Montmorin, Laporte, intendant de la Liste civile, d'Abancourt, ex-ministre, et à l'hôtel Massiac dont les originaux sont en dépôt au comité de surveillance de l'assemblée nationale (…), Paris, imprimerie nationale.
  • Sixième recueil des papiers trouvés aux Tuileries (…) imprimés par ordre de la convention, Paris, 1792.

Notes et références

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  1. Jean-Dominique Bourzat, Les après-midi de Louis XVI, Levallois-Perret, La Compagnie littéraire-Brédys, , 225 p. (ISBN 978-2-87683-193-3, OCLC 231587734, BNF 41327626)
  2. Bernard Lerat, Le terrorisme révolutionnaire : 1789-1799, Paris, Editions France-Empire, , 276 p. (ISBN 978-2-7048-0633-1, OCLC 21669627), p. 95.
  3. Troisième recueil des pièces…
  4. Albert Mathiez, La révolution française, t. 2 : La Gironde et la Montagne, Paris, Denoël, coll. « Bibliothèque Médiations » (no 249), , 248 p. (ISBN 978-2-282-30249-2, OCLC 490361212), chap. 4 (« Le procès du roi »)
  5. Éric Le Nabour, Louis XVI : le pouvoir et la fatalité, JC Lattès, Paris, 1988.
  6. Hypothèse soulevée par Bernard Vincent, Louis XVI, Gallimard Folio Biographies, 2006.
  7. Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Perrin 2005.

Bibliographie

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Liens externes

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