Élisabeth Risler-François
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Responsable au sein de la Fédération française des éclaireuses |
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Émilie Soalhat-Girette |
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Élisabeth Risler-François, née Risler le à Paris et morte le à Saint-Cloud, est une militante associative et personnalité du scoutisme française protestante, responsable au sein de la Fédération française des éclaireuses, et Juste parmi les nations.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance
[modifier | modifier le code]Élisabeth Risler-François naît à Paris dans une famille protestante et musicienne. Son père, Édouard Joseph Risler, est un pianiste célèbre, et elle l'accompagne parfois en tournée[1]. Sa mère, Émilie Risler (1876-1917) née Soalhat et devenue Soalhat-Girette à la suite du mariage de sa mère, également prénommée Élisabeth (Soalhat), avec Jean Girette et de son adoption par l'architecte, soprano amateure, est une amie de Gabriel Fauré et chante souvent avec celui-ci[2],[3],[4]. Élisabeth a un frère, Jean-François (1910-1952).
Engagée à la Fédération Française des Éclaireuses
[modifier | modifier le code]En 1926, alors étudiante, elle entre comme stagiaire à la « Mouffe », un lieu d'action sociale et d'émergence du scoutisme en France situé rue Mouffetard à Paris, qui est devenu la première Maison pour tous. Elle agit sous la direction de Marguerite Walther, dont elle devient l'adjointe en 1927 puis la successeuse en tant que cheftaine de la section Paris-Panthéon de la Fédération française des éclaireuses. Elle est totémisée Loutre emballée[5].
À la Maison pour tous de la rue Mouffetard, elle rencontre également Pierre François, qu'elle épouse en 1931. Ils ont plusieurs enfants.
En 1939, elle devient commissaire, c'est-à-dire responsable, de la région Centre pour la Fédération française des éclaireuses[6], fonction dont elle démissionne en [7].
Assistance à des enfants juifs
[modifier | modifier le code]Propriétaire avec son frère Jean-François, du pavillon Sévigné à Vichy, elle part s'y réfugier en 1939 alors que son époux est mobilisé puis fait prisonnier, avant de s'évader. Elle vit dans trois pièces du rez-de-chaussée de son hôtel, le reste du bâtiment étant réquisitionné pour loger le maréchal Pétain. Elle accepte que les bureaux des Éclaireurs de France, dont son mari est devenu commissaire national, y soient également déplacés, dans les dépendances. Les locaux servent alors secrètement de base de résistance : des fausses cartes de ravitaillement et d'identité y sont fabriquées, et plus tard, le lieu sert de base de transit pour des déserteurs du STO[8],[9].
Durant la guerre, Élisabeth Risler-François continue ses activités à la Fédération française des éclaireuses. Secrétaire du comité national de la branche neutre (sans référence confessionnelle), elle est chargée de la formation des cheftaines[7]. Elle continue également à animer des activités de scoutisme depuis Vichy. Elle rencontre dans ce cadre les Dennery, une famille juive ayant quitté Paris pour Vichy. Élisabeth Risler-François est la responsable du groupe où les sœurs Dennery, Lise, Françoise et Annette, sont éclaireuses, ainsi que Nicole Lehman[10],[8]. Les filles juives sont initialement déclarées et participent librement aux activités.
À partir de 1942, les rafles se multiplient et les Dennery quittent Vichy pour se réfugier au Mayet-de-Montagne mais gardent contact avec Élisabeth Risler-François. La famille obtient des cartes de ravitaillement par l'intermédiaire du pavillon Sévigné[8]. Le , la Gestapo et l'armée allemande organisent une grande rafle à l'université de Clermont-Ferrand. Lise Dennery, alors étudiante en pharmacie, y échappe de peu. Élisabeth Risler-François propose d'organiser la mise à l'abri des trois filles Dennery dans des familles d'éclaireurs de la région[6],[11],[12]. Elle cache Lise Dennery chez elle, la faisant passer pour la nourrice de ses neveux, alors même que le pavillon est toujours occupé en parallèle par le maréchal Pétain et son entourage, qu'elle côtoie donc journellement[13]. Elle place Françoise Dennery dans la famille Basdevant, et sa jeune sœur Annette dans la famille Duphil. Les filles Dennery seront à leur tour cheftaines éclaireuses après la guerre[10].
Élisabeth Risler-François organise en parallèle le placement de plusieurs enfants juifs dans une maison d’enfants protestante au Chambon-sur-Lignon, dont Nicole Kanter, sa sœur de 6 ans, Alain et Martine Wolff. Elle assume avec son époux les coûts financiers associés[6],[10].
À l'été 1944, Élisabeth et Pierre François décident de s'éloigner de Vichy pour se protéger et mettre à l'abri des familles juives et résistantes. Ils louent une maison à Saint-Étienne-de-Vicq, où ils accueillent une vingtaine de personnes dont la famille Dennery, Yvonne Bernheim et Jacques Pecnard[7],[14],[15].
Instructrice de scoutisme marin
[modifier | modifier le code]Après la guerre, Élisabeth poursuit ses activités au sein de la Fédération française des éclaireuses. Elle y crée avec Jeanne Dejean une activité de scoutisme marin, et la branche des Éclaireuses Aînées marines. Elle est instructrice nautique pendant 4 ans et anime plusieurs camps-écoles[16],[17].
La question de la mixité et du rapprochement avec les Éclaireurs de France, association masculine de scoutisme laïque dirigée par son époux, se pose avec acuité à partir de 1946 pour la Fédération française des éclaireuses. Élisabeth Risler-François rejoint les Éclaireurs de France en [17].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Élisabeth Risler-François et Pierre François sont reconnus le Juste parmi les nations[6].
L'allée des Justes parmi les Nations à Vichy a été baptisée en son honneur, celui de son époux, ainsi que de Henriette et René Duphil et Marie Pelin pour rappeler « qu’à Vichy aussi, il y eut des Justes »[18].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Gilles Saint-Arroman, Edouard Risler (1873-1929) et la musique française, Paris, Honoré Champion, , 238 p. (ISBN 978-2-7453-1775-9, lire en ligne)
- Philippe Lejeune, Le moi des demoiselles : enquête sur le journal de jeune fille : Enquête sur le journal de jeune fille, Seuil (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-02-125586-7, lire en ligne)
- Tableaux généalogiques de la famille Risler, 1481-1910. Nouvelle édition..., (lire en ligne), P.139
- Myriam Chimènes, « Le Salon des Girette. Un siècle exemplaire de collaboration entre musiciens amateurs et professionnels à Paris vers 1900 », Revista de Musicología, vol. 16, no 6, , p. 3692–3704 (ISSN 0210-1459, DOI 10.2307/20796967, lire en ligne, consulté le )
- Renée Lafont, Marie Bruneton, André Lefèvre, Violette Mouchon, E. François-Risler, Lise Gauthier et al., Marguerite Walther , 4 décembre 1882-29 avril 1942, Fédération française des éclaireuses, (lire en ligne)
- « Base de données de tous les Justes de France – François Elisabeth-François Pierre », sur yadvashem-france.org (consulté le )
- [thèse] Takako Tobita, La Fédération française des éclaireurs (FFE) : une histoire de jeunes filles et de femmes dans un mouvement scout féminin en France (1911-1970), Paris Sciences et Lettres, (lire en ligne)
- MSH Clermont-Ferrand USR 3550, « François Pierre / Vichy », sur justes.msh.uca.fr, (consulté le )
- Audrey Mallet, Vichy contre Vichy : Une capitale sans mémoire, Humensis, , 300 p. (ISBN 978-2-410-00963-7, lire en ligne)
- « 1943 : hébergée à Vichy par les E.D.F. - Histoire du Scoutisme Laïque », sur www.histoire-du-scoutisme-laique.fr (consulté le )
- Patrick Cabanel, Histoire des Justes en France, Armand Colin, , 320 p. (ISBN 978-2-200-27683-6, lire en ligne)
- Didier Nebot, Et les enfants furent sauvés--, Paris, Pascal, , 157 p. (ISBN 978-2-35019-045-7, lire en ligne)
- « Cachées à Vichy », sur LExpress.fr, (consulté le )
- « Remise de la médaille du Juste parmi les Nations | Le comité Français pour Yad Vashem », sur yadvashem-france.org (consulté le )
- « EEDF/ahsl Journée de la Mémoire 25 01 14 de la résistance à l'éducation à la citoyenneté », sur calameo.com (consulté le )
- « Qui se souvient qu'il y eut aussi des éclaireuses marines ? », Débrouillum Tibi, journal des anciennes de la FFE, no 86, (ISSN 1163-2682)
- « Les E.A. marines à la F.F.E. », Scoutisme, Patrimoine et Collections, (ISSN 2119-2251)
- Matthieu Perrinaud, « Conseil municipal - Le parvis de l'Opéra de Vichy baptisé Simone-Veil : "Un honneur" selon son fils, Pierre-François Veil », sur www.lamontagne.fr, La Montagne, (consulté le )