daronne

« Au xix^e siècle, il désignait de manière péjorative tantôt la tenancière, tantôt la patronne au masculin — le « daron », lui, avait une connotation plus “noble”, contraction de “dam” (damoiseau) et de “baron”. Dans la France prolétaire du xx^e siècle, c’est devenu un simple mot d’argot pour désigner LA mère. Au début des années 1970, dans nos banlieues, nous l’avons exhumé comme le premier lien, si intime, si émotionnel, le premier cordon qui nous lie à nos territoires. Nous en avons fait “notre mot”, pour contenir “notre monde”. Dans Mort à crédit de Céline, une phrase résume tout le paradoxe que nous vivons encore aujourd’hui : “il me parlait souvent de sa daronne, mais jamais il me la montrait”. Nos daronnes sont des personnages centraux dont on parle beaucoup dans nos quartiers, mais pour le reste de la France, elles sont des “invisibles”. D’une réalité incontournable chez nous, dans nos vies, elles ont toujours été le “point aveugle” de la société. » — (Bouchera Azzouz, Fille de Daronne et fière de l’être, éditions Plon, 2016, ISBN 978-2-259-24893-8, page 9)

daronne \da.ʁɔn\ féminin (pour un père, on dit : daron)

1. (Argot) (Famille) Mère.
   • Le mec, c’était un petit nougat blanc tout bridé de la tronche avec une voix de vieille daronne, tout futé, menu, il portait aussi une robe de soie à ramages, et des babouches sur planchettes, enfin le véritable magot, sauf le chapeau mou… — (Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, Denoël, 1936, page 669)
   • Ma daronne m'a avancé la thune pour le billet. Elle aurait fait portnawak pour que je taffe. Portnawak pour que j'arrête de glander à la téci. — (Slimane Kader, Avec vue sous la mer, Allary éditions, 2014)
   • Remember le gratin de chou-fleur à la béchamel de la daronne ou du lycée. — (Jacky Durand, La recette du week-end : votez chou-fleur, Libération, 22 avril 2017)
   • Et vos daronnes ils boivent du Sprite sa mère — (René, La cité des musiciens, Les Mureaux, « On sait enfin pourquoi ce gamin a inventé l’insulte “Et vos daronnes ils boivent du Sprite sa mère” », Huffingtonpost, 31 janvier 2017)
2. (Argot) Patronne ou épouse du daron, patron.
   • C’est une fille qui arrive de Paris, où elle sert chez un avocat, frère de nos daronnes, M^me Minon et M^me Parangon. — (Nicolas Rétif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796, bibliothèque de la Pléiade, tome 1, page 554)

• daronnade
• mettre la daronne à l’abri

daronne \da.ʁɔn\

1. Première personne du singulier de l’indicatif présent de daronner.
2. Troisième personne du singulier de l’indicatif présent de daronner.
3. Première personne du singulier du subjonctif présent de daronner.
4. Troisième personne du singulier du subjonctif présent de daronner.
5. Deuxième personne du singulier de l’impératif présent de daronner.

• La prononciation \da.ʁɔn\ rime avec les mots qui finissent en \ɔn\.
• Paris (France) : écouter « daronne [da.ʁɔn] »
• France (Lyon) : écouter « daronne [Prononciation ?] »
• France (Toulouse) : écouter « daronne [Prononciation ?] »
• Vosges (France) : écouter « daronne [Prononciation ?] »

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• daronne sur le Dico des Ados