Théâtre (édifice)
Un théâtre est un bâtiment abritant une ou plusieurs salles de spectacle dans lesquelles se donnent des représentations d'œuvres dramatiques, lyriques, chorégraphiques, musicales, etc[1].
Étymologie
modifierLe mot « théâtre » vient du grec θέατρον, theatron, de théaô, « voir », qui désignait les gradins, l'endroit d'où les spectateurs pouvaient voir[1].
L'ensemble du bâtiment théâtral grec comportait, outre l'hémicycle pour le public (le Theatron) :
- – les parodos, chemin entre le theatron et le proskenion pour le passage du chœur et d'une partie des acteurs ;
- – la thymélée, autel de Dionysos ;
- – l'orchestre (orchestra), aire de jeu de 20 m de diamètre ;
- – le proscénium (proskénion) où jouaient également les comédiens ;
- – la scène (skénè) qui servait de coulisses et à entreposer les éléments de décors.
Articles connexes
modifierLe théâtre romain prend modèle sur le grec, à quelques différences notoires.
Articles connexes
modifierThéâtre élisabéthain
modifierConstruit sur le modèle des auberges, le théâtre élisabéthain est une construction en rond et en bois (« wooden O » dit Shakespeare[5] ), la scène et les places assises sont protégées par un toit, tandis que le parterre est à ciel ouvert.
L’acteur joue à la fois sur le balcon qui se trouve au-dessus de la scène et où se trouvent les musiciens (cette galerie peut symboliser un rempart, une tour, ou le célèbre balcon de Roméo et Juliette), la scène avancée permet à l’acteur d'établir un lien direct avec le public qui l'entoure de trois côtés : la proximité fait que l'action dramatique se déroule presque au milieu des spectateurs.
L’accès était ouvert à tous, mais les places étaient différentes selon la catégorie sociale du spectateur : les plus riches avaient des places assises, à l’abri et situées légèrement en hauteur ; les plus pauvres se trouvaient debout au parterre exposés aux intempéries, mais au plus près de la scène ; les Lords avaient leurs loges à côté des musiciens, ils assistaient donc au spectacle en voyant plutôt les acteurs de dos mais étaient eux-mêmes vus de tout le reste du public.
Articles connexes
modifierThéâtre espagnol
modifierLes théâtres du Siècle d'or espagnol, appelés corrales de comedias, ressemblent aux théâtres élisabéthains, de par leur construction, leur organisation et leur disposition scénique.
Le corral de comedias est aménagé dans l’espace clos, rectangulaire et à ciel ouvert de la cour centrale d’un groupe de maisons. La scène est disposée à une extrémité ; des loges et des galeries sur plusieurs étages occupent les trois autres côtés. La scène et les galeries sont protégées par un toit en surplomb. La cour centrale, ou patio, forme un parterre à ciel ouvert.
Le placement des spectateurs dépendait de leur position sociale, mais aussi de leur sexe. Les hommes du peuple se tenaient debout dans le patio. Les femmes devaient s’asseoir dans la cazuela, une sorte de loge en hauteur, face à la scène. Les fenêtres grillagées et les balcons en étage des édifices attenants servaient de loges réservées aux familles les plus riches. Des sièges en gradins disposés le long des murs, sous ces loges, procuraient des places de catégorie intermédiaire.
Articles connexes
modifierThéâtre à l'italienne
modifierC'est un bâtiment entièrement couvert dont le prototype est le teatro olimpico de Vicence, en Italie, bâti d'après les plans d'Andrea Palladio en 1580 et inauguré en 1585. Il s'est diffusé avec celui de Sabbioneta puis dans de grandes salles des palais princiers, comme le théâtre Farnèse, inauguré à Parme en 1619, pour des représentations privées, puis dans des bâtiments spécialement conçus pour être ouverts à un public issu de la bonne société et dont les places étaient payantes. C'est en plein centre de Venise qu'est apparu le premier théâtre de ce genre : le Teatro San Cassiano, édifié en 1637 puis démoli en 1812. Il fut un exemple rapidement suivi dans toutes les villes d'Italie puis de l'Europe entière.
Il diffère des gigantesques structures antiques par ses dimensions plus modestes permettant au public de percevoir bien plus en finesse le jeu des artistes et l'interprétation des œuvres musicales. Il applique un principe encore en usage de nos jours : des spectateurs assis face à la scène et ses décors.
Classiquement, la salle est structurée en plusieurs étages/balcons sur un plan ayant varié de forme entre le -U- et l'ovale tronqué qui délimitent architecturalement la largeur d'ouverture de la scène.
La scène à l'italienne est typiquement surélevée par rapport à la salle. La scène est aussi le centre d'un vaste volume en grande partie invisible du public : la « cage de scène », où sont aménagés différents espaces techniques recevant une machinerie complexe permettant de produire des effets spéciaux ou décoratifs variés pour la mise en scène ou présentation adaptée, organisée pour chaque type d'œuvre ou genre de spectacle.
Sur la scène à l'italienne, le décor est conçu comme un tableau mis en relief par des plans successifs selon les lois de la perspective définies et appliquées par des scénographes tels que Sebastiano Serlio, Nicola Sabbattini, Francesco Galli da Bibiena, ce dernier étant le concepteur du point de fuite en oblique. Le plancher de scène avec une pente moyenne de 2 % (2 cm par mètre) à 5 % de la face vers le mur du lointain.
Ce genre de bâtiment est toujours doté d'une ou plusieurs salles pouvant recevoir les spectateurs avant les représentations et pendant les entractes du spectacle : vestibule, foyers du public, etc.
Articles connexes
modifier- Théâtre à l'italienne de Douai
- Théâtre à l'italienne d'Évreux (Eure) Inscrit MH (2002)[6]
- Théâtre de Gray Classé MH (1984)
- Théâtre à l'italienne de Guéret (Creuse)
- Théâtre de Tarascon (Bouches-du-Rhône) : 1886-1888 Inscrit MH (1980)[7]
Le théâtre asiatique
modifierLa scène du théâtre nô procède du dispositif chinois : un quadrilatère à peu près nu (excepté le kagami-ita, peinture d'un pin au fond de la scène) ouvert sur trois côtés entre les pilastres de cèdre qui en marquent les angles. Le mur à droite de la scène est appelé kagami-ita, tableau-miroir. Une petite porte y est ménagée pour permettre l'entrée des musiciens et du chœur. La scène, surélevée, est toujours surmontée d'un toit, même en intérieur, et entourée au niveau du sol de gravier blanc dans lequel sont plantés de petits pins au pied des piliers. Sous la scène se trouve un système de jarre de céramique amplifiant les sons lors des danses. Les détails de ce système sont l'apanage des familles de constructeurs de scènes de nô.
L'accès à la scène se fait pour les acteurs par le hashigakari, passerelle étroite à gauche de la scène, dispositif adapté ensuite au kabuki[9] en Chemin des fleurs (hanamichi). Considéré comme partie intégrante de la scène, ce chemin est fermé côté coulisses par un rideau à cinq couleurs. Le rythme et la vitesse d'ouverture de ce rideau donne au public des indications sur l'ambiance de la scène. La longueur du hashigakari impose des entrées spectaculaires. Cet élément ainsi que les propriétés de résonance de la scène obligent les acteurs à utiliser un pas glissé particulier, sans choc des pieds sur le sol et les hanches très basses.
Du fait de la large ouverture de la scène, le public est disposé pratiquement sur trois côtés. De ce fait, l'acteur doit prêter une attention particulière à son placement. Les masques limitant sévèrement son champ de vision, l'acteur utilise le pilier avant gauche de la scène pour se positionner.
Articles connexes
modifierNotes et références
modifierNotes
modifierRéférences
modifier- « THÉÂTRE : Définition de THÉÂTRE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
- « Le théâtre grec et le théâtre romain : Espace et architecture | Odysseum », sur odysseum.eduscol.education.fr (consulté le )
- Michel E. Fuchs, « Ecouter, voir : architectures du spectacle antique », Études de lettres, nos 1-2, , p. 341–354 (ISSN 0014-2026, DOI 10.4000/edl.127, lire en ligne, consulté le )
- Éditions Larousse, « théâtre - LAROUSSE », sur www.larousse.fr (consulté le )
- Henri V, Prologue
- Notice no PA27000053, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Notice no PA00081486, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Le théâtre No et Kabuki | INA » (consulté le )
- « UNESCO - Le théâtre Kabuki », sur ich.unesco.org (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Michel E. Fuchs, « Ecouter, voir : architectures du spectacle antique », Études de lettres, 1-2 | 2011, mis en ligne le 15 mai 2014, consulté le 18 juin 2023. http://journals.openedition.org/edl/127 ; DOI : https://doi.org/10.4000/edl.127
- Catherine Guillot, « L’architecte de théâtre », Double jeu, 2 | 2004, mis en ligne le 06 juillet 2018, consulté le 18 juin 2023. http://journals.openedition.org/doublejeu/2001 ; DOI : https://doi.org/10.4000/doublejeu.2001
- Sandrine Dubouilh, « L’architecture comme image du théâtre au XXe siècle », Double jeu, 8 | 2011, mis en ligne le 21 juillet 2018, consulté le 18 juin 2023. http://journals.openedition.org/doublejeu/1019 ; DOI : https://doi.org/10.4000/doublejeu.1019
- Sandrine Dubouilh, "Une Architecture pour le théâtre populaire", 1870-1970, Paris, Editions AS, 2012. (ISBN 2912017386)
- Pauline Beaucé, Sandrine Dubouilh et Cyril Triolaire (dir.), "Les espaces du spectacle vivant dans la ville. Permanences, mutations, hybridité (XVIIIe – XXIe siècles)". Clermont-Ferrant, Presses Universitaires Blaise Pascal, coll. "Histoires croisées", 2021. (ISBN 9782845169982)