Simon Bigex
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Simon Bigex, né le à La Balme-de-Thuy[1], où il est mort le 20 juin 1806, a travaillé pour Voltaire et Grimm, ce qui lui vaut le pseudonyme « le philosophe ».
Biographie
[modifier | modifier le code]De La-Balme-de-Thuy à Paris (1730-1768)
[modifier | modifier le code]Simon Bigex est l'aîné des dix enfants de Nicolas Bigex (1697-1757), cultivateur, et de Marie Rey (1706-1751). Il est déjà « absent du pays » lorsque son père rédige son testament en 1757. Il repasse en Savoie en 1763, puis fait un premier séjour à Ferney dès juillet.
Dans une lettre à Damilaville, Voltaire présente Bigex comme « une espèce de sauvage comme le curé Melier », « paroissien du vicaire savoyard de Jean Jacques »[2]. Il lui attribue L'Oracle des anciens fidèles, pour servir de suite et d’éclaircissement à la sainte Bible (1760), « livre excellent trop peu connu ». Il demande à Damilaville de s'enquérir auprès de l'abbé Simon Nigon de Berty, alors chanoine de Saint-Germain l'Auxerrois et conseiller-clerc au Parlement de Paris, au sujet de Bigex qui l'aurait servi « en qualité de valet de chambre et de copiste ».
Entre novembre 1765 et septembre 1766, plusieurs lettres de Voltaire laissent entendre que Bigex travaille pour lui à distance depuis Paris[3]. Bigex travaille également comme copiste de la Correspondance littéraire de mars 1766 jusqu'en février 1768.
Le retour à Ferney (1768-1770)
[modifier | modifier le code]Bigex est de retour à Ferney au printemps de 1768 et le secrétaire Wagnière se sent bientôt supplanté : « ce n'est plus moi qui suis son confident c'est Bigex […] qui ne dit jamais non, au contraire »[4].
Bigex fournit les index de l'Essai sur les mœurs, du Siècle de Louis XIV et du Précis du siècle de Louis XV. Il participe à plusieurs controverses (« Lettre à Monsieur de Voltaire, au sujet de l'ex-jésuite Nonnotte », du 7 février 1769 ; lettres à l'abbé Foucher du 30 avril 1769, 25 juin 1769 et 31 août 1769). À la même époque, Voltaire signe la Collection d'anciens évangiles, Le Pyrrhonisme de l'histoire et l'Histoire du parlement de Paris « l'abbé B**** » ou « l'abbé Big*** ».
Puis éclate une querelle avec l'ex-jésuite joueur d'échecs qui loge aussi au Château de Ferney, le père Adam. La Correspondance littéraire du 1er novembre 1769 en donne un premier compte rendu :
« Antoine Adam, n'aimant pas sans doute Antoine Bigex[5], I'a accusé d'avoir volé nuitamment des fruits dans un jardin. Celui-ci, qui n'aime pas les épigrammes, a traduit son adversaire en justice pour rendre compte de ses assertions. Ce procès, pendant au bailliage de Gex, va être plaidé et jugé en forme après la Saint-Martin. En attendant, M. Antoine Bigex, sans préjudicier à ses raisons civiles, a fait valoir ses raisons littéraires contre M. Antoine Adam, dans une lettre de huit pages, intitulée Nouvelle provinciale […] Cette provinciale est pleine d'érudition et est une très bonne plaisanterie. […] On dit que le seigneur patriarche s'amuse de ce procès, et qu'il laissera libre cours à la justice. »
Le 15 mars 1770, la Correspondance littéraire relate l'éphémère victoire et le renvoi de Bigex :
« sa discussion littéraire de I'année dernière avec Antoine Adam, ci-devant soi-disant jésuite, ne lui a pas réussi. Le scandale que la procédure criminelle du philosophe Simon Bigex contre le prêtre Antoine Adam faisait dans le pays de Gex a déplu au seigneur patriarche. II a composé le procès à la gloire entière de Simon : Adam, par un acte devant notaire, a déclaré Simon Bigex incapable d’avoir volé des fruits, et lui a payé volontairement dommages et intérêts. II paraît que sa victoire ne lui a pas tourné à profit, il paraît que la nièce Denis a fait le rôle de Caton, elle s’est rangée du côté du vaincu, et le vainqueur Bigex vient d'être obligé de quitter le château de Ferney. »
La Correspondance littéraire du 15 mars 1770 attribue encore à Bigex une Lettre de Monsieur Lepreux docteur-régent de la Faculté de médecine en l'université de Paris à Monsieur Bouvart docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris, ancien professeur au Collège royal, membre de l'Académie royale des sciences, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel (1770) en lien avec la dispute sur les naissances tardives qui oppose Antoine Petit à Michel-Philippe Bouvart.
Le retour en Savoie (1770-1806)
[modifier | modifier le code]À la veille de ses quarante ans, Bigex reprend la route de La Balme-de-Thuy qu'il avait quittée une quinzaine d'années auparavant. Il épouse Marie Claudine Friand (1743-1794) le 23 avril 1771. Le couple aura neuf enfants, dont quatre atteindront l'âge adulte.
Bigex cumule les emplois : cultivateur, procureur pour des Savoyards à Paris, herboriste et municipal. En mai 1793, il est témoin de la « Guerre de Thônes ». Dès 1797 il signe « Simon Bigex le philosophe ».
En 1863, un médecin d'Annecy, Louis Bouvier (1819-1918), publie un premier article, assez inexact, au sujet de Bigex[6].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Et non en 1729, comme indiqué dans plusieurs sources.
- Correspondence and related documents (Genève et Banbury, 1968-1977), éd. Theodore Besterman, lettre du 12 juillet 1763, D10485.
- Correspondence and related documents, éd. T. Besterman, D13114, D13182, D13295…
- Correspondence and related documents, éd. T. Besterman, lettre à Mme Denis du 6 juillet 1768, D15130.
- Le prénom est corrigé dans la livraison du 15 mars 1770.
- Louis Bouvier, « Simon Bigex, secrétaire de Voltaire (d'après des papiers de famille inédits) », Revue savoisienne, 15 novembre 1863, p. 85-87.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Campario, Jean-François, Simon Bigex, le philosophe : heurs et malheurs d'un secrétaire de Voltaire, Annecy, Académie Salésienne, 2009.
- Choudin, Lucien, « Simon Bigex contre Antoine Adam, suite et… fin ? Nouveaux documents inédits sur le père Adam », Cahiers Voltaire 2, 2003, p. 95-98.
- Kölving, Ulla, « Les copistes de la correspondance littéraire : une première présentation », Studies on Voltaire and the eighteenth century, vol. 254, 1988, p. 188-90.
- Lévy, David, « Qui est l'auteur de L'Oracle des anciens fidèles ? », Studies on Voltaire and the eighteenth century, vol. 117, 1974, p. 259-70.
- Lizé, Émile, « Une affaire de pommes à Ferney : Simon Bigex contre Antoine Adam », Studies on Voltaire and the eighteenth century, vol. 129, 1975, p. 19-26.
- Vézinet, F., Autour de Voltaire : Simon Bigex et le père Adam, Paris, Champion, 1925, p. 90-97.