Ogi (mythologie basque)
Ogi désigne le pain en basque. Au Pays basque, le pain est en rapport avec divers mythes, ainsi celui de la femme qui fut remerciée par un cadeau, pour l'assistance qu'elle apporte comme le fait toute bonne voisine. On retrouve très souvent ce genre de cadeaux de pain blanc donné par les Laminak[1].
Culture
[modifier | modifier le code]Dans certaines circonstances, on a considéré que le pain avait des vertus mystiques. Parfois il a été entouré d'attentions spéciales, superstitieuses ou religieuses. Plus généralement, on connait le dialogue entre les pains de blé et de maïs :
- Ezta garia bezelako belarrik (« il n'y a pas d'herbe comme le blé ») dit le pain de blé[2].
- Ni naizan lekuan ez da goserik (« on ne connaît pas la faim là où je suis ») répondit la méture[3].
En principe on cuit les pains de blé, de maïs et de seigle dans les fours. Cependant les galettes de maïs (sous le nom de talo en général ou pastetx en Soule[4]) sont grillées dans la cheminée avec un gril en fer de forme spécifique. Parfois, ces galettes sont fourrées au fromage. Elles portent alors le nom de marrakuku ou marukuku.
De même on fait des petits pains avec de la pâte à pain de farine, on les cuit dans la braise, sous la cendre. De la même façon on cuit les pains sous les braises du foyer, dans des sortes de petites casseroles fermées avec un couvercle métallique.
Les lundis et samedis sont des jours réputés les plus propices pour faire le pain. Le jour de la Sainte Agathe, nulle part on ne fait de pain ou de lessive.
Dans divers villages biscaïens, guipuscoans et alavais, on attribue des vertus particulières au pain laissé sur la table durant la nuit de Noël. Dans certains d'entre eux on a pour habitude de toucher les quatre coins de la table avec ce pain, on le met alors au centre et les convives l'embrassent. Puis on le conserve à la maison l'année entière, on dit qu'il ne moisit pas. On le considère comme un remède préventif et curatif contre la rage. On dit qu'il peut apaiser la mer démontée si on l'y jette dedans à temps. Il peut aussi maintenir dans son lit une rivière sortie de son cours. Il peut éviter une chute de grêle si on le lance en l'air durant la tempête.
On attribue au pain du mendiant la faculté de faciliter le parler des enfants attardés dans ce domaine. Le pain fait l'objet de plusieurs pratiques. Ainsi on a pris l'habitude d'embrasser le pain que l'on va donner à un mendiant. On ne doit pas laisser un couteau planté dans le pain, on ne doit pas poser le pain à l'envers car ceci cause de la peine aux âmes des défunts, on doit ramasser à la main le pain tombé par terre sans l'aide d'aucun instrument, l'embrasser ou le montrer au feu de la cheminée et le manger.
Dans d'autres cas et divers endroits, on a donné aux pratiques précédentes un sens chrétien en bénissant le pain, ou bien en le transformant en symbole chrétien. On dit ainsi que le pain de la saint Blaise, comme tout pain bénit, ne moisit jamais. Que le chien ou le chat qui le mange n'attrape pas la rage. Que le pain de Pâques s'offre aux filleuls, il ne moisit pas, il tue chien et chat qui le mangent, il faut le jeter dans l'eau où une personne s'est noyée. De même, le pain bénit le jour suivant la fête de la Chandeleur ne moisit pas pendant l'année. Le chien qui, atteint de la rage, mange le pain bénit, ne mord personne ou bien mourra rapidement. On conserve dans le foyer le pain dans l'église le jour de la sainte Agathe afin de préserver la maison de l'incendie.
Il y a peu de temps encore, dans les enterrements, une jeune femme, une voisine du défunt, portait dans le cortège funèbre un panier rempli de pains, sur sa tête. Ensuite elle le posait sur la sépulture ou le Jarleku de la maison. De tels pains (Olatak, petits pains bénis en basque) présentaient trois protubérances pointues, parfois quatre: on dirait des swastikas ou des triskèles. Cette pratique qui consiste à offrir des pains dans l'église à l'occasion des obsèques laisse à penser qu'ils servent à nourrir les morts.
Étymologie
[modifier | modifier le code]ogi « pain » se prononce ogui et non ogi. De même, J se prononce I (en dehors de la Soule ou le J se prononce J): ex. Jarleku se prononce Iarlékou.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (eu) José Miguel de Barandiarán, Monografías de la vida popular, Editorial La Gran Enciclopedia Vasca, 1973.
- José Miguel Barandiaran et traduit et annoté par Michel Duvert, Dictionnaire illustré de mythologie basque [« Diccionario Ilustrado de Mitología Vasca y algunas de sus fuentes »], Donostia, Baiona, Elkarlanean, , 372 p. [détail des éditions] (ISBN 2903421358 et 9782903421359, OCLC 416178549)
- (eu + es) José María Martín de Retana, La Gran enciclopedia vasca 7. liburukia, 1972
- Talo sur abarka.free
zizelu (prononcer cicélou) est une sorte de canapé sur le même plan mais pour 2 ou 3 personnes. En bois, il est d'une construction rectiligne, et de peu de confort. Côté espagnol, il peut être très chargé en ornementation.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010)
- José Miguel Barandiaran (trad. Olivier de Marliave, préf. Jean Haritschelhar, photogr. Claude Labat), Mythologie basque [« Mitología vasca »], Toulouse, E.S.P.E.R, coll. « Annales Pyrénéennes », , 120 p. [détail des éditions] (ISBN 2907211056 et 9782907211055, OCLC 489680103)
- Wentworth Webster (trad. Nicolas Burguete, postface Un essai sur la langue basque par Julien Vinson.), Légendes basques : recueillies principalement dans la province du Labourd [« Basque legends »], Anglet, Aubéron, (1re éd. 1879), 328 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980805 et 9782844980809, OCLC 469481008)
- Jean-François Cerquand, Légendes et récits populaires du Pays Basque : Recueillis dans les provinces de Soule et de Basse-Navarre, Bordeaux, Aubéron, (1re éd. 1876), 338 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980937 et 9782844980939, OCLC 68706678, lire en ligne)