Famille nucléaire
Une famille nucléaire est une forme de structure familiale fondée sur la notion de couple, soit un « ensemble de deux personnes liées par une volonté de former une communauté matérielle et affective, potentiellement concrétisée par une relation sexuelle conforme à la loi »[1]. La famille nucléaire correspond donc à une famille regroupant deux adultes mariés ou non avec ou sans enfant. Cette structure familiale se distingue de la famille élargie et de la famille polygame.
La famille nucléaire est le modèle familial le plus répandu de la société occidentale, directement héritière de la société romaine dans laquelle le couple monogame est à la base de la structure familiale. Selon les époques, ce couple monogame a pu être exclusivement hétérosexuel (période médiévale) ou à la fois homosexuel et hétérosexuel (Rome antique[2], époque contemporaine).
Dans une définition plus restreinte, la famille nucléaire est aussi un terme utilisé par Emmanuel Todd dans les essais où il caractérise les différents systèmes familiaux sur la planète[3],[4]. La famille nucléaire selon Todd est définie par une relation parents-enfants libérale. Elle aboutit à la fondation d'un nouveau foyer par les enfants dès lors qu'ils deviennent parents et a pour résultat la non-cohabitation de plus de deux générations, c'est-à-dire la famille nucléaire en tant que « structure » familiale.
Début de la famille nucléaire
[modifier | modifier le code]Le début des années 1920 a apporté le terme de la famille nucléaire aux différents types de familles[5]. Bien que le concept de la famille nucléaire était déjà présent dans les familles depuis l'Antiquité égyptienne en Mésopotamie, le terme n’a été qu’énoncé durant ces années, le concept n’est donc pas nouveau en 1920[6]. Le sociologue Frédéric Leplay appel la famille nucléaire la famille instable[7]. Elle était décrite comme instable, car les enfants quittent leur foyer lorsqu’ils sont mariés[7]. Le nom «famille nucléaire» a été donné à ce type de famille, le mot «nucléaire» est utilisé pour le mot «noyau» en latin, soit «nucleus» [5]. Le noyau représente les parents qui sont le centre de la famille, car la famille nucléaire était auparavant composée de la mère qui était au foyer, du père qui travaille et des enfants, donc dans ce modèle de famille, les parents sont la base de la famille[5]. Le terme «famille nucléaire» veut donc dire famille avec laquelle les parents sont le pilier[5]. Avant l’arrivée de la famille nucléaire, la famille élargie était majoritaire au sein des familles[8]. La famille nucléaire s’est popularisée durant les années 1950 à cause du nouveau mode de vie industrialisé des familles[8].
Le contexte socioéconomique d’après la guerre froide a favorisé la transition du modèle de la famille élargie à la famille nucléaire suite aux nombreux changements économique, géographique et démographique qui se sont produits au cours de ces années avec le phénomène des Trente Glorieuses[9]. Le boom économique diminuait le coût de la vie, grâce à la baisse du coût des impôts[10] qui rendait la vie plus facile pour la majorité des gens à cause de l’augmentation de leurs économies[9]. L’exode rural a fait en sorte que les gens ont commencé à quitter la campagne pour aller habiter en ville, ce qui a permis de développer celles-ci ainsi que plus tard créer les banlieues[9]. Ces changements ont finalement mené au baby-boom, donc, à l’accroissement des familles, ce qui a augmenté le nombre de personnes dans la classe moyenne[9]. Ce qui a fait en sorte que le type de la famille nucléaire était devenu la réalité des personnes[9]. Ce sont les changements sociaux qui ont mené à la popularisation de la famille nucléaire[9].
La famille nucléaire au Canada et au Québec
[modifier | modifier le code]Aujourd’hui, la famille nucléaire est le modèle le plus présent au sein des familles canadiennes et québécoises[11]. Elle représente 55% des familles du Canada et 70% des familles du Québec[11]. Certains changements ont eu lieu entre le début de la famille nucléaire et aujourd'hui[11]. Une des différences marquantes pour la famille nucléaire est le fait que les tâches à la maison sont maintenant séparées entre l’homme et la femme, et la femme peut maintenant travailler comme l’homme[11]. Maintenant aussi, il existe d'autres sous-types de familles nucléaires soit, la famille nucléaire monoparentale, la famille nucléaire homoparentale et la famille nucléaire recomposée[11]. De nos jours, de plus en plus de famille nucléaire se recompose, soit 7% des familles canadiennes et 8,4% des familles québécoises[11] .
Les effets de la Révolution française sur la famille
[modifier | modifier le code]La famille industrielle se distingue de la famille élargie, structure coutumière hiérarchisée sous l’autorité d’un chef, souvent l’aîné. Ce modèle domestique regroupait les fils mariés, leurs épouses et leurs enfants, valorisant les liens de parenté, la transmission du patrimoine et des traditions[12]. Avec la famille industrielle, l’égalité entre les sexes et les générations s’affirme, diminuant les rôles du « chef de famille ». Les institutions telles que le mariage et la religion deviennent au service de l’individu[13].
En 1790, le principe d’égalité dans les héritages entre les femmes et les hommes est établi, et le privilège du droit d’ainesse, qui favorisait l’héritier le plus âgé dans les successions féodales est aboli[14]. En France, la loi sur le divorce de 1792 leur permet de s’épouser ou de divorcer librement, considérant le mariage comme un engagement réciproque entre deux individus [15]. Le mariage est uniquement considéré comme un contrat civil. Par conséquent, les enfants majeurs de plus de 21 ans acquièrent le droit de s’épouser librement, sans l’approbation préalable de leurs parents [16]. Avec ces lois révolutionnaires, la soumission quasi totale des femmes diminue, leur accordant également le droit de mettre fin à leur mariage. Cela leur confère un pouvoir juridique leur permettant de s’opposer aux attitudes dominatrices de leurs époux . L’individualisme s’impose progressivement comme une caractéristique marquante des sociétés modernes. Il se manifeste dans les conflits où l’intérêt personnel prime sur les liens familiaux, mais aussi dans des choix personnels en rupture avec les traditions, comme l’attribution des prénoms, qui privilégie l’identité individuelle au détriment de l’identification au groupe familial. L’individualisme s’exprime par le rejet implicite des contraintes collectives, par les unions libres, le concubinage ou la distanciation par rapport à la religion, reflétant une quête d’épanouissement personnel dissocié du cadre social traditionnel[17].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- B. de Boysson, Mariage et conjugalité, LGDJ, 2012, n 404
- (en) John Boswell, Same-sex unions in premodern Europe, New York, Vintage Books, , 412 p. (ISBN 0-679-75164-5, lire en ligne), p. 80–85
- Emmanuel Todd, La Troisième Planète : Structures familiales et système idéologiques, éditions du Seuil,
- Emmanuel Todd, L'illusion économique : essai sur la stagnation des économies développées, Gallimard,
- (en) « The History of 'Nuclear Family' », sur www.merriam-webster.com (consulté le )
- Jean-François Dortier, « Il n'y a pas de famille modèle !: », Sciences Humaines, vol. N° 316, no 7, , p. 1–1 (ISSN 0996-6994, DOI 10.3917/sh.316.0001, lire en ligne, consulté le )
- Jean-François Dortier, « Histoire et diversité des formes familiales », (consulté le )
- (en-US) « Nuclear Family Functions In Sociology », (consulté le )
- (en) Origin of Everything | Where does the Nuclear Family Come From? | Season 1 | Episode 12, consulté le
- « Economy in the 1950s », sur www.exploros.com (consulté le )
- Line Beaudet et Francine de Montigny, Lorsque la vie éclate: l'impact de la mort d'un enfant sur la famille, SeliArslan [u.a.], (ISBN 978-2-7613-0978-3 et 978-2-84276-049-6, lire en ligne)
- Encyclopædia Universalis, « FAMILLE - Évolution contemporaine », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- Laurent Bélanger, « Famille, industrialisation, logement, par Andrée Michel, Centre National de la Recherche Scientifique, 13 Quai Anatole France, Paris VII, 1959. », Relations industrielles / Industrial Relations, vol. 16, no 3, , p. 363–363 (ISSN 0034-379X et 1703-8138, DOI 10.7202/1021782ar, lire en ligne, consulté le )
- Hélène Duffuler-Vialle et Hélène Duffuler-Vialle, « Chronologie des droits des femmes en France de la Révolution française à nos jours », (consulté le )
- @NatGeoFrance, « Les femmes et la révolution française », sur National Geographic, (consulté le )
- Philippe Corno, « La loi révolutionnaire du divorce et ses représentations théâtrales : du droit à la morale, une pensée de l'appartenance familiale », Dix-huitième siècle, vol. 41, no 1, , p. 60–77 (ISSN 0070-6760, DOI 10.3917/dhs.041.0060, lire en ligne, consulté le )
- Philippe Daumas, « Conclusion. Famille et Révolution : un bilan nuancé », dans Familles en Révolution : Vie et relations familiales en Île-de-France, changements et continuités (1775-1825), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 267–279 p. (ISBN 978-2-7535-2486-6, lire en ligne)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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