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Dorothée Munyaneza

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Dorothée Munyaneza
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Dorothée Munyaneza, née en 1982 à Kigali, est une chanteuse, une actrice, une danseuse et une chorégraphe britannico-rwandaise.

Elle est née en 1982 à Kigali, d'une mère journaliste et interprète pour des ONG, et d'un père pasteur protestant. Lorsque le 6 avril 1994, l'avion du président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, est abattu, et que débute le génocide des Tutsi, elle a 12 ans et devait rejoindre en août sa mère qui travaille comme journaliste à Londres. Ses parents ont toujours refusé de se définir par une appartenance à une communauté hutu ou tutsi, et son père est engagé dans le dialogue entre ces deux communautés. Ce père est inquiété plusieurs fois et menacé par les militaires hutu durant le génocide. A l'été 1994, à la fin du génocide des Tutsi, elle et sa famille s'installent à Londres[1],[2],[3],[4].

Elle reprend des études au lycée français de Londres, en sixième. Elle ne parle pas français, en arrivant, mais est épaulée par ses camarades et ses professeurs. Une rencontre avec la Suissesse Christine Sigwart qui accompagne des chœurs d'enfants de différents pays et milieux sociaux, avec la Jonas Foundation, lui fait s'intéresser à la musique[3]. En plus des sciences sociales, elle étudie la musique à la Jonas Foundation de Londres[2].

Elle acquiert la nationalité britannique. En 2004, elle chante sur la bande originale du film Hôtel Rwanda, de Terry George, puis prolonge une collaboration musicale avec le groupe Afro Celt Sound System sur l'album Anatomic. Elle travaille comme chanteuse et danseuse avec des chorégraphes contemporains, notamment François Verret, Robyn Orlin, Rachid Ouramdane, Nan Goldin, Mark Tompkins, Ko Murobushi et encore Alain Buffard[1],[5]. En 2010, elle enregistre un album solo avec le producteur de Afro Celt Sound System, Martin Russell, et collabore au projet du compositeur anglais James Brett, Earth Song. En 2011, elle s'installe avec son mari, français, à Marseille[2]. En 2013, elle participe au spectacle Struggle inspiré par Woody Guthrie, avec Seb Martel et Catman[6].


D'un texte écrit pour donner forme et voix à ses souvenirs du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, elle tire le canevas d'un spectacle, Samedi détente, créé vingt ans après, en novembre 2014, au théâtre de Nîmes, quelques mois après la naissance d'une fille. Ce nom, Samedi détente, est celui d'une émission de radio qu'elle écoutait, gamine, avant les événements dramatiques : « c'est un titre paradoxalement lumineux, qui me semblait plus juste pour évoquer l'indicible et essayer de me souvenir d'abord de la vie, de mes amis lorsqu'ils étaient vivants. ». Elle est accompagnée dans l'interprétation par le musicien et compositeur Alain Mahé et par la danseuse et chorégraphe ivoirienne Nadia Beugré, puis ultérieurement par le danseur Amaël Mavoungou[1],[2],[4],[7]. Ce spectacle fait ensuite l'objet d'une tournée dans une centaine de lieux[2], y compris au Rwanda en 2016[3].

En juillet 2017, elle présente au festival d'Avignon sa deuxième pièce, Unwanted, dans la suite de Samedi détente. Elle est consacrée aux enfants nés des viols perpétrés pendant le génocide des Tutsi au Rwanda, et au traumatisme des femmes violées[8],[9],[10]. Pour élaborer cette pièce, elle a rencontré une soixantaine de femmes et leurs enfants[3]. « Elles racontent des faits d’une extrême violence avec une telle douceur et un tel calme. Ce contraste était lui-même un sujet. »[10]. Dans l'interprétation de la pièce, elle est accompagnée d'une chanteuse compositrice africaine américaine, Holland Andrews : « Unwanted devait être un solo : juste moi seule chargée de toutes les voix de ces femmes », indique-t-elle, « Puis j’ai rencontré Holland Andrews à Portland. Rien que sa voix pure, non trafiquée, offre plusieurs textures. Elle peut partir en envolées lyriques façon opéra pour redescendre aussi sec dans des couches souterraines avec une voix très gutturale. En improvisation, quand moi je sombrais dans l’extrême violence, elle savait toujours me rattraper avec un contraste poétique »[10]. Alain Mahé est également partie prenante pour le volet musical de la création[11].

En 2017 également, elle rend hommage à Omaya Al-Jbara, en chantant le morceau en trois parties Omaya sur le disque Ascensions de Babx, accompagné par Archie Shepp[12].




En 2024, elle imagine une programmation, pour le Théâtre national de Chaillot à Paris, Chaillot Expérience #8 Rwanda-Ejo, consacrée à la scène contemporaine rwandaise[13].



Références

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  1. a b et c Ève Beauvallet, « Dorothée Munyaneza, une danseuse de haut volt », Libération,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d et e Marie-Ève Barbier, « Dorothée Munyaneza, la résiliente », La Provence,‎ (lire en ligne)
  3. a b c et d AFP, « Dorothée Munyaneza, chorégraphe, chanteuse et rescapée du génocide du Rwanda », Le Point,‎ (lire en ligne)
  4. a et b Pierre Boisselet, « Rwanda : où étiez-vous le 6 avril 1994 ? », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  5. Yasmine Chouaki, « Dorothée Munyaneza (Rediffusion) », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  6. « Struggle », sur Télérama
  7. Rosita Boisseau, « Rappel à la vie de Dorothée Munyaneza », M, le magazine du Monde,‎ (lire en ligne)
  8. Abdourahman Waberi, « De Paris à Kigali, l’art fait le printemps », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Muriel Maalouf, « Festival d’Avignon 2017: «Unwanted» de Dorothée Munyaneza », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  10. a b et c Ève Beauvallet, « Dorothée Munyaneza, au chœur des ténèbres », Libération,‎ (lire en ligne)
  11. Rosita Boisseau, « Trois monuments de l’art chorégraphique africain sur un plateau », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Matthieu Conquet, « BabX et ses Ascensions », sur France Culture, (consulté le )
  13. Rosita Boisseau, « Douze spectacles à réserver pour mai : « Guercœur », « Lacrima », « Requiem(s) »… # Du Rwanda à Paris », sur Le Monde,

Liens externes

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