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Adrien VI

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Adrien VI
Image illustrative de l’article Adrien VI
Portrait peint d’après Jan van Scorel. 1523. Centraal Museum à Utrecht.
Biographie
Nom de naissance Adriaan Floriszoon
Naissance
Utrecht (principauté d'Utrecht, Saint-Empire)
Ordination sacerdotale
Décès (à 64 ans)
Rome (États pontificaux)
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat
Intronisation
Fin du pontificat
(1 an, 8 mois et 5 jours)
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
Titre cardinalice Cardinal-prêtre
des Saint-Jean-Saint-Paul
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Tortosa

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Adriaan Floriszoon Boeyens (Adrien Florensz), né à Utrecht le et mort à Rome le est le 218e pape de l’Église catholique du au sous le nom d'Adrien VI (en latin Hadrianus VI, en italien Adriano VI)[1].

Il est également connu comme « Adrien d'Utrecht » ou « Adrien de Tortosa » quand il était au service de Charles de Gand (futur Charles Quint) en Espagne.

Unique pape originaire des Pays-Bas, relevant alors du Saint-Empire romain germanique, il est donc considéré comme le dernier pape allemand avant Benoît XVI, et en tout cas le dernier pape non italien avant l’élection de Jean-Paul II en 1978[2].

D’origine très modeste, Adrien voit son père, un menuisier d'origine allemande, mourir alors qu’il est encore très jeune. Il semble qu’il est alors confié par sa mère à un groupe de Frères de la vie commune qui lui donnent une bonne formation de base, spirituelle (la Devotio moderna) et intellectuelle. À 17 ans, Adrien entre comme étudiant à l'université de Louvain.

À Louvain : théologien, professeur et recteur

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Par vocation et compétence, Adrien est d’abord un théologien et professeur de théologie. Il passe la plus grande partie de sa vie à l’université de Louvain, d’abord comme étudiant et ensuite comme enseignant. Il parcourt toute l’échelle des honneurs académiques. De professeur, il devient recteur en 1493, doyen de l’église Saint Pierre en 1497, de nouveau recteur de l’université en 1501 puis chancelier jusqu’en 1507.

Il a laissé un commentaire du livre des Sentences de Pierre Lombard et des quodlibet sur des questions théologiques alors débattues. Comme théologien, il se montre solide, orthodoxe mais sans originalité. Adrien est déjà respecté comme homme de Dieu et homme d’études.

Ordonné prêtre le 30 juin 1490, il est également chanoine au chapitre d'Anderlecht, de la collégiale des Saints-Pierre-et-Guidon.

Précepteur de Charles Quint

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En 1507, il est nommé précepteur de l’archiduc Charles d’Autriche, futur empereur Charles Quint, d’abord à Gand (où se trouvait la cour des Pays-Bas bourguignons) puis en Espagne, où Charles Quint, qui l’estime beaucoup, l’emmène comme principal conseiller lors de son accession sur le trône de Castille en 1516. Adrien y est fait archevêque de Tortosa en Catalogne le 18 août 1516 et inquisiteur du royaume d'Espagne. Peu après, le , Charles-Quint lui obtient du pape Léon X le titre de cardinal avec titre de saints Jean et Paul à Rome.

Jouissant de toute la confiance de l’empereur, Adrien était également vice-roi durant les absences de Charles-Quint. L’austère flamand au caractère calme et réfléchi était détesté à la cour d’Espagne, en partie parce qu’il s’y était entouré d’hommes de son pays.

Conclave de 1522

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Le conclave chargé d’élire un successeur à Léon X est une fois de plus divisé en partis intransigeants. La solution est trouvée en l’élection le d’Adrien Florensz, quasi inconnu des cardinaux et absent du conclave. Un chroniqueur contemporain commenta l’élection ainsi : « Conformément à la décision de Dieu, les cardinaux, jusque-là désunis, ont élu contre leur propre gré Adrien de Tortose qui n’était pas présent au conclave. C’est un homme tout simple, qui ne s’est distingué jusqu’ici que par la crainte de Dieu ; à Louvain il ne vivait que de science ». Et encore : « À la nouvelle de son élection, il n’a donné aucun signe de joie, mais a soupiré profondément »[3]. Le soutien de l’empereur Charles-Quint contribua certainement à son élection[4].

Mais à Rome c'est la consternation. Adrien n’y est pas connu, et, venant du nord de l’Europe, considéré sans nul doute comme un « barbare », un ennemi, un homme de l’empereur. Le fait qu'il ne soit pas italien est très mal accepté[2] et les cardinaux regrettent vite leur choix. Il surprend également en gardant son nom de baptême et devenant donc Adrien VI.

Un pontificat court et difficile

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Pour des raisons politiques diverses, consistant surtout à éviter les invitations pressantes et intéressées des rois de France et d’Angleterre, Adrien met six mois pour passer d’Espagne à Rome. Il marque même immédiatement son indépendance vis-à-vis de son ancien élève : pas plus que les souverains de France et d’Angleterre, il n’accepte de rencontrer Charles Quint avant de quitter l’Espagne. Le , il débarque à Livourne, en route pour Rome.

Son style de vie, simple, pieux et austère[2], impressionne d’abord le peuple romain. Il réduit le nombre de ses serviteurs à quatre (de 100 qu’avait son prédécesseur). Il évite les banquets et se contente d’un plat de viande à sa table. Il se lève la nuit pour réciter l’office divin et se relève à l’aube pour célébrer la messe. Il interdit le port d’armes dans la ville et en expulse les femmes de mauvaise vie. Au lieu de poètes et de bouffons, il s’entoure de pauvres et de malades. L’édification augmente en même temps que l’inquiétude : il est un reproche vivant pour beaucoup.

Adrien VI, théologien classique, est cependant intransigeant sur les questions de doctrine. Luther doit être puni pour ses hérésies et interdit d’enseignement, comme décidé à Worms en 1521. Il est le tout premier pape à reconnaître que les sources de l’hérésie et de l’attraction qu’elle suscite sont à trouver dans le désordre même de la curie romaine et le comportement déréglé de nombreux prélats de l’Église[2]. Lors de son premier consistoire, cinq jours après son arrivée à Rome (), il est brutal dans son constat : il faut commencer la réforme par Rome même. Adrien VI s’attaque vigoureusement aux abus (simonie, cumul des bénéfices, etc.), mais il le fait à coups de décrets et ordonnances sans s’entourer suffisamment de soutiens efficaces. Il ne fait rien pour se concilier les sympathies. Même les cardinaux favorables à la réforme de la curie romaine se tournent contre lui : « Il manque d’égards pour le Sacré Collège ».[réf. nécessaire]

De plus, Adrien VI ne possède en rien les manières élégantes si prisées à Rome, ne cherchant d’ailleurs pas à être romain. Il mésestime les chefs-d’œuvre présents dans son palais et commence à les distribuer en cadeaux. Il ne manifeste aucun intérêt pour les arts et la littérature, dont ses prédécesseurs étaient de grands mécènes. Aux yeux de la noblesse romaine, des artistes et de l’intelligentsia en général, Adrien reste un « barbare inculte », un « buveur de bière ». Très rapidement, ce sera le déchaînement contre lui, d’autant plus qu’après avoir limogé les fonctionnaires corrompus de son administration, il s’entoure d’hommes nouveaux, étrangers à Rome et inexpérimentés, tel que Jan van Scorel, qu'il nomma conservateur des collections pontificales du Belvédère[5]. Personnellement intègre, il interdit aux membres de sa famille de venir à Rome pour y chercher près de lui faveurs et bénéfices.

Politiquement, ce n’est pas un succès non plus. Ses tentatives faites pour unir les grandes nations chrétiennes d’Europe contre Soliman et les Turcs qui viennent de prendre Belgrade (1521) et menacent la Hongrie et Rhodes, n’aboutissent à rien. Adrien VI n’a pas l’étoffe d’un chef d’État : les erreurs diplomatiques sont nombreuses. Lorsque, après la chute de Rhodes en 1522, il tente d’imposer une trêve entre les nations chrétiennes (avec menace d’excommunication à la clé) pour faire face au péril turc, il provoque la colère de François Ier qui envahit la Lombardie, forçant Adrien VI à chercher une alliance qu’il ne désirait pas avec les autres souverains, à commencer par l'empereur Charles-Quint.

Sa grande dignité et son sens du devoir (il n’a pas souhaité être pape mais n’a pas songé non plus à refuser la charge) sont illustrés par son attitude lors de l'épidémie de peste qui se déclare à Rome un mois après son arrivée : alors que très rapidement cardinaux, ambassadeurs et tous ceux qui le pouvaient quittent la ville, Adrien VI refuse de les suivre.

Adrien VI crée un seul cardinal Willem van Enckenvoirt lors du consistoire du 10 septembre 1523.

Cependant, vers la fin de sa vie, il lui arrive d’exprimer un regret à un ami : « Comme on serait mieux si j’étais encore paisiblement à Louvain ! » et il meurt le , dans l’indifférence, sinon l'hostilité, générale.

Son pontificat est en général perçu comme une occasion manquée pour la réforme de l’Église. Sur son sarcophage se trouve cette inscription latine : « Proh dolor, quantum refert in quae tempora vel optimi cujusque virtus incidat » (« Quelle douleur de voir la vertu des meilleurs s’exercer en de telles conjonctures ! ») qui est peut-être une citation de Pline le Jeune.

L'impopularité d'Adrien VI est l'objet d'une boutade de Diderot dans l'Entretien d'un père avec ses enfants (paru en 1773). Anecdote avérée ou bien inventée par Diderot, ce dernier rapporte que les Romains avaient fait inscrire sur la porte du médecin du pape (mort peu de temps après son arrivée à Rome) l'inscription suivante : « Au libérateur de la patrie ». Le philosophe raille ici autant l'incurie des médecins que l'impopularité d'Adrien VI dans cette Rome du XVIe siècle.

Au cinéma, son personnage apparaît dans Carlos, rey emperador, une série espagnole de 2015, où il est interprété par Francesc Orella.

Bibliographie

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  • Jacques Leclercq, Saints de Belgique, Bruxelles, 1942.
  • Fred Bérence, Les Papes de la Renaissance, Paris, Éditions du Sud & Albin Michel, 1966.
  • (nl) Michiel Verweij, De paus uit de Lage Landen : Adrianus VI (1459-1523), catalogus bij de tentoonstelling ter gelegenheid van het 550ste geboortejaar van Adriaan van Utrecht[6], Supplementa Humanistica Lovaniensia 27, Leuven : Leuven University Press, 2009, (ISBN 978 90 5867 776 1).
  • (nl) Michiel Verweij, Adrianus VI (1459-1523) : de tragische paus uit de Nederlanden, Antwerpen ; Apeldoorn : Garant, 2011.

Notes et références

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  1. Thomas Tanase, Histoire de la Papauté en Occident, Paris, Éditions Gallimard, , p. 563.
  2. a b c et d Bernard Lecomte, Dictionnaire amoureux de papes, article Adrien VI, Paris, Plon, (ISBN 978-2-259-22056-9)
  3. Citations tirées de Ludwig von Pastor, Histoire des papes depuis la fin du Moyen Âge, vol. IX, Paris, 1913, chap. 1 et 2.
  4. Yves Chiron, Histoire des conclaves, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-02308-9), p. 110-111
  5. Jeanne van Waadenoijen, « Biographies », dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Éditions Place des Victoires, (ISBN 2-84459-006-3), p. 666.
  6. De paus uit de Lage Landen sur le site de la Bibliothèque royale de Belgique.

Articles connexes

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Liens externes

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