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piquer

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
Voir aussi : Piquer, piqûer
Dérivé de pic issu du latin picus (« pic-vert »).

piquer \pi.ke\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se piquer)

  1. Percer, entamer légèrement avec quelque chose de pointu ; enfoncer, faire pénétrer une pointe.
    • Je m’apprête, pour descendre à table. J’endosse un gilet de fantaisie, un vêtement sombre. Je pique une perle à ma cravate. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Quand cette image de la mort en turban crasseux, en casaquin sinistre, regarda les grains de millet que la poule noire piquait, et appela son crapaud Astaroth pour qu’il se promenât sur les cartes étalées, Mme Cibot eut froid dans le dos, elle tressaillit. — (Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847)
    • Piquer quelqu’un jusqu’au sang.
  2. Faire de petits trous, à l’aide d’aiguilles.
    • Piquer un papier, du carton.
    • Piquer des épingles sur une pelote.
  3. (Par extension) (Couture) Coudre, unir, faire avec du fil ou de la soie, sur deux ou plusieurs étoffes mises l’une sur l’autre, des points qui les traversent et qui les unissent.
    • Piquer un couvre-pied.
    • Piquer des bottines, Unir par des points l’étoffe des bottines à leur cuir.
    • Piquer un collet d’habit, des poignets de chemise, etc., y faire des points et arrière-points symétriques pour les orner.
    • Piquer à la machine, piquer des étoffes à l’aide d’une machine à coudre.
    • « Aujourd’hui, disait maman, nous irons chez Mlle Mariette piquer ton tablier. » — (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100)
    1. S’emploie encore en des sens analogues dans plusieurs termes d’arts, de métiers, de jeux, etc.
      • Piquer une pierre, un moellon, une meule, etc., les rendre rugueux, en y faisant de petits enfoncements avec le côté pointu du marteau.
  4. Mordre, darder en parlant des serpents, de la vermine, des insectes.
    • Être piqué par un serpent.
    • Être piqué par un moustique, par une guêpe.
    • Les mouches piquent les chevaux.
  5. (Par extension) (Familier) : être follement épris ; avoir l'esprit exalté ou dérangé. (C'est à dire avoir été piqué par une tarentule qui était censée par sa piqûre provoquer la folie, l'exaltation.)
    • Ce gars ne sait plus ce qu'il dit, il est piqué !
    • Et je dis pour m'expliquer À la belle dont je suis piqué. (Du film La Belle Équipe ; chanson : Qu'est-ce que tu dis d'ça de Maurice Yvain et Louis Poterat).
  6. Se dit également des insectes qui entament le bois, les étoffes, etc.
    • Les mites, les vers ont piqué ce manteau.
    • Ce livre est piqué des vers.
  7. (Maréchalerie) Clouter.
    • Piquer un cheval, lui faire entrer la pointe du clou jusqu’à la chair vive, en le ferrant.
  8. (Manège) Éperonner un cheval pour le pousser au galop.
    • Piquer un cheval et, absolument, piquer.
    • Donc la reine piquait un galop vers la borne… — (Maurice Leblanc, La Comtesse de Cagliostro, 1924)
    • — Comme il vous plaira, seigneur, répondit Modernus en piquant sa monture. — (Anatole France, Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux, 1909)
    • Ils piquèrent droit, au petit trot, et ils arrivaient sur l’aire quand la porte s’ouvrit. — (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 352)
    • Piquer des deux, faire sentir les deux éperons à un cheval afin d’accélérer sa marche.
  9. (Familier) Avancer rapidement ; se diriger vite.
    • Elle sauta sur le sol et piqua droit vers des buissons hérissés de ronces. — (Joseph Kessel, Le Lion, Gallimard, 1958)
    • Il quitte le chemin dès qu’ils ont atteint la clairière et pique tout droit en direction de la baraque. — (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, Robert Laffont, 1968)
    • Nulle part on ne les gorge autant qu'à La Chapelle-Montlinard, qui aligne au bord d'un bassin une demi-douzaine de silos, et d'où une route pique tout droit vers les toits et les clochers romans de la Charité. — (Jean Rolin, Chemins d'eau, éditions de La Table Ronde, 2013, chapitre 33)
  10. (Familier) Plonger, tomber.
    • Piquer une tête, se jeter, tomber la tête la première.
    • Il a piqué la tête la première.
    • J’ai failli piquer une tête du haut du mur.
    • Sur une petite plate-forme, les nageurs se pressent pour piquer leur tête. — (Guy de Maupassant, La femme de Paul, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 226)
  11. (En particulier) (Aéronautique) Descendre brusquement.
    • L’avion revient vers nous, plane un moment sur nos têtes, glisse, remonte et, dans une dernière caracole, pique vers son hangar. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204)
  12. (Marine) Aller à l’encontre du vent.
    • Piquer au vent.
  13. (Cuisine) Larder.
    • Piquer de gros lard un morceau de bœuf, Le larder avec de gros lardons.
  14. (Billard) Frapper perpendiculairement.
    • Piquer la bille.
  15. (Musique) Détacher une note.
    • Piquer une note, et jouer tout un passage en staccato (en détaché).
    • Il tentait d'imiter le fameux jeu "non legato" (non lié) et la clarté d'articulation de Glenn Gould jouant Jean-Sébastien Bach, pour rapprocher le "rendu" du son du piano de celui du clavecin, et chacune de ses notes était légèrement piquée. Mais chez lui, l'effet était un peu "mécanique", sans la subtilité du maître virtuose...
  16. (Par extension) Sonner.
    • La cloche venait de « piquer » 19 heures, et nous descendions dîner quand le cri « un ours! » nous rappela sur le pont. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  17. Picoter la langue.
    • Ce vin pique agréablement.
    • Ce fromage pique.
  18. (Sens figuré) Faire une vive impression.
    • Il n’y a rien dans cet ouvrage, dans ce style qui pique et qui réveille.
    • Il y a dans la physionomie de cette femme je ne sais quoi qui pique et qui attire.
    • Piquer la curiosité de quelqu’un, Inspirer un vif désir de connaître.
    • La difficulté de l’entreprise me piquait ; plus question de divaguer ni de m’ennuyer. — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 400)
  19. Fâcher, irriter, froisser la susceptibilité ou la légitime fierté de quelqu’un, mettre en colère.
    • Ce discours l’a piqué au vif.
    • La moindre chose le pique.
    • Il réagit et parle désormais en homme piqué.
    • Il dit souvent des choses qui piquent.
    • Elle garde maintenant un silence têtu : elle est piquée au vif par la virulente diatribe de son vis-à-vis qui a stigmatisé toutes ses prises de position et ses engagements les plus chers.
  20. (Élevage) Euthanasier (en parlant d’un animal domestique).
    • Tout plutôt que de le faire piquer. Il ne tuerait pas ce clebs, c’était dit. — (Maud Mayeras, Reflex, Anne Carrière, 2013)
    • Faire piquer son chien est un moment déchirant pour le propriétaire.
  21. (Familier) Emprunter, prendre ou voler quelque chose.
    • Dès huit heures du matin, on se pressait dans le métro en bourrant tous les Parisiens maussades à l'idée d'aller au travail pour leur piquer les places assises. Parfois, on s'asseyait sur les strapontins […]. — (Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015)
    • Je l'ai invité à nous piquer nos bonnes idées. Il n'a pas dit non. — (Jean-François Lisée, Qui veut la peau du PQ?, éditions Carte blanche, 2019, page 156)
    • En effet, certains élèves le décrivent comme un fourbe qui leur pique en douce des stylos, des livres et des sous. — (Patricia Tourancheau, Fourniret, naissance d’un prédateur, Les Jours, 10 septembre 2018)
  22. (Pronominal) Se percer légèrement la peau avec quelque chose de pointu.
  23. (Pronominal) Injecter de la morphine ou de quelque autre substance analogue ; se droguer.
    • Il se pique.
  24. (Pronominal) (Familier) (Par ellipse) Se piquer le nez ; s’enivrer légèrement et habituellement.
  25. (Pronominal) Se gâter, en présentant d’ordinaire des trous ou des taches.
    • Ce bois se pique, ces étoffes se piquent, les vers s’y mettent.
    • Ce papier imprimé se pique, il commence à se gâter, faute d’avoir été étendu et séché.
    • Ces confitures se piquent, elles ont des taches de moisissure.
    • Une gravure, un livre qui se pique, où il se fait de petites taches d’humidité.
  26. (Pronominal) Aigrir, tourner au vinaigre.
    • Ce vin, cette boisson se pique, ce vin, cette boisson commence à s’aigrir.
  27. (Pronominal) (Sens figuré) Se sentir offensé, prendre en mauvaise part.
    • C’est un homme très susceptible qui se pique du moindre mot qu’on lui dit.
  28. (Pronominal) Se glorifier de quelque chose, en faire vanité, en tirer avantage, en faire profession.
    • Il faut avouer que les jansénistes, qui ne se sont jamais piqués d’être fins, l’ont été dans ces derniers temps bien plus qu’ils ne pensaient, et que les jésuites, qui se piquent de l’être beaucoup, ne l’ont été guère. — (Jean le Rond d’Alembert, La Suppression des jésuites (éd. populaire abrégée), Édouard Cornély, 1888)
    • Comment le savez-vous ? lui demandai-je vexé, car je me pique de parler très purement l’espagnol. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Les gens qui se piquaient d’orthodoxie marxiste n'ont voulu ajouter rien d'essen­tiel à ce qu'avait écrit leur maître […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre V, La grève générale politique, 1908, page 246)
    • C’est que Macron est capable d’ouvrir les portes des salons les plus réputés, ceux où l’on se pique de démocratie du meilleur genre. — (Loïc Tassé, Emmanuel Macron, la putain exigeante, Le Journal de Québec, 6 décembre 2021)
  29. (Tauromachie) (Argot) Lors d’une corrida, achever un taureau d’un coup d’épée.
    • Le généreux picador rejeta bien loin cette exception si avantageuse pour lui. « Si madame et mes compagnons n’ont pas libre pratique, dit-il résolument, je ne piquerai pas ! » — (Prosper Mérimée, Lettres d’Espagne, 1832, réédition Éditions Complexe, 1989, page 55)
  30. Toucher l’adversaire, dans un duel à l’arme blanche.
    • Ribadier. — Ah ! mais, permettez ! Non ! s’il n’y en a qu’un qui ait le droit de piquer, ce n’est plus un duel, c’est une opération chirurgicale. — (Georges Feydeau, Le Système Ribadier, 1892, acte II, scène 3)
  31. Donner des coups d’aiguillon à un animal de trait pour le forcer à avancer.
    • Il ne sera jamais bon à rien pour le travail de la terre ; mettez-le un peu devant la charrue à piquer les bœufs, vous verrez combien il durera. — (Hector Malot, Sans famille, 1878)
  32. (Nouvelle-Calédonie) (Pêche) (Familier) Pêcher à la sagaie ou au fusil sous-marin.
    • On a piqué des loches. — (Christine Pauleau, Le français de Nouvelle-Calédonie, EDICEF, 1995, ISBN 9782841290239, page 119.)
  33. (Pêche) Pratiquer l'opération de piquage sur des poissons, en particulier des morues.
    • On commence par piquer la morue, autrement dit , l'éventrer jusqu'au nombril. — (Annuaire de îles Saint-Pierre et Miquelon, 1897)
  34. Irriter en donnant une sensation de picotements.
    • Lui qui transpire si peu de manière générale, est en eau. La sueur suinte de son front, lui pique les yeux. — (Richard Caron, De la poudre et des balles, Éditions Fleuve Noir, 1967, chapitre 9)
    • — Je le fais moi-même à base de jus de cactus !
      — Ah ? C'est sans doute pour ça que ça pique un peu…
      — (Thierry Culliford, Benoît Brisefer # 9 - L'île de la Désunion, éditions Le Lombard, 2003, page 46)
  35. (Audiovisuel) Effectuer un panoramique vertical avec une caméra vers le bas.
  36. (Familier) Jurer (pour des couleurs), heurter les habitudes, la sensibilité, le sens commun, se faire remarquer négativement.
    • — Dis-donc : des collants rouges avec une mini-jupe rose, ça pique un peu les yeux, non ?
      — Si, mais c'est fait exprès !
      — Eh bien c'est réussi ! Ça jure grave, et ça pique terrible !...
    • Une note aussi dissonante et qui “frotte” autant dans une harmonie qui ne se “résout” pas, à ce moment-là de la mélodie, ça pique, ça brise même l'équilibre de l'ensemble, ne trouves-tu pas ? On dirait presque une erreur de doigté, ça fait simplement “fausse note”, non ? Et tu la joues trop fort, tu la détaches, tu la mets comme en exergue... Ça pique, je te dis !
  37. (Familier) Piquer quelqu'un : le prendre sur le fait, en flagrant délit. Être piqué / se faire piquer : être pris / se faire prendre, cueillir, “choper”, attraper la main dans le sac, ou le doigt dans la confiture...
    • Il s'est fait piquer par les flics au point de deal, à la sortie de la boîte, et en plus il était complètement bourré !
    • La maîtresse l'a piqué juste au moment où il lui chourait son beau stylo plume-or sur son bureau !


Variantes orthographiques

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Apparentés étymologiques

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Traductions à trier
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Prononciation

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Références

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