Stanislas Baudry
Naissance | |
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Décès |
(à 52 ans) Ancien 5e arrondissement de Paris |
Sépulture |
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Baudry (d) |
Nationalité | |
Activités |
Militaire, entrepreneur |
Grade militaire |
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Stanislas Baudry, né le [1] à Vieillevigne, mort le à Paris, ancien médecin et colonel du premier empire, est un homme d'affaires français, pionnier des transports en commun avec l'ouverture, à Nantes puis à Paris, de lignes régulières effectuées avec des voitures à cheval spécialement aménagées, qui lui doivent aussi pour une part leur nom d'omnibus.
Biographie
[modifier | modifier le code]Son père[2], Charles René Auguste Baudry, est d'abord chirurgien (à l'époque, un sous-médecin) du bourg de Vieillevigne, puis ayant obtenu le diplôme de docteur en médecine, exerce à Machecoul, où la famille déménage en 1788[2].
Stanislas fait ses études secondaires au collège de Machecoul, puis étudie la médecine[3] à Nantes et à Paris. Il exerce[3] comme militaire dans l'armée napoléonienne, notamment lors de la campagne de France[3] en 1814. Il a atteint le grade de colonel[4] lorsque la Restauration le met en retraite avec la « demi-solde »[5], comme tous les officiers jugés hostiles à la royauté.
De retour à Nantes, il débute dans les affaires en reprenant une minoterie dans le quartier de Richebourg (situé le long de l'actuelle allée Commandant-Charcot, anciennement « quai de Richebourg », tandis que la rue de Richebourg se trouve derrière l'ancien quai)[4]. Il équipe son moulin à farine d'une machine à vapeur baptisée « pompe à feu de Richebourg »[6], puis crée à côté un établissement de bains alimenté en eau chaude par la condensation de la vapeur d'eau dégagée par la machine à vapeur de son usine. Cherchant à rendre rentable son établissement de bains un peu éloigné du centre-ville, il crée au début de l'année 1826 un service de transport avec une voiture équipée pour des passagers, où il est écrit « Bains de Richebourg ». Le transport est gratuit[7] ; la voiture effectue des trajets à horaires réguliers entre la « place du Port-aux-vins » (actuelle place du Commerce) et l'établissement de Richebourg, l'entrepreneur prévoyant de rentrer dans ses fonds avec l'augmentation des entrées dans ses bains. En fait, beaucoup de clients empruntent la voiture simplement pour aller d'un quartier à l'autre, sans aller aux bains, étant donné que le quartier Richebourg est très actif sur le plan économique. Stanislas Baudry en tire la conséquence qu'il existe un marché pour une entreprise de transport collectif.
Cette entreprise apparaît en public le [8], après avoir obtenu de la municipalité l’autorisation d’établir un service de voitures dans les rues de Nantes ; il publie un prospectus pour informer d'éventuels investisseurs[9]. La société commence à opérer le 30 septembre 1826 ; Stanislas Baudry en est le principal actionnaire et le directeur (l'entrepreneur, comme le dit le prospectus). Au départ, elle établit deux lignes : Rue de Richebourg-Salorges (le long de la Loire) et Pont de la Poissonnerie (au nord-est de l'île Feydeau)-Tour Pirmil (à travers les îles de Loire). Elle fait rouler deux voitures à suspension aménagées pour permettre le transport de 16 voyageurs. Stanislas Baudry est aussi un communicant : pour baptiser son entreprise, il emprunte le nom de l’opéra-comique à succès de Boieldieu, La Dame blanche. Les voitures sont peintes en blanc et portent le nom de l'entreprise. Le surnom d'omnibus apparaît cependant très rapidement[10]. L'entreprise connaît le succès : de septembre 1826 à janvier 1828, pour un capital apporté d'environ 23 500 francs, elle dégage un bénéfice de 8 200 francs[11].
Dès 1827, il sollicite une autorisation pour Paris, mais celle-ci est d'abord refusée par le préfet Delavau. Il faut attendre un changement de gouvernement en janvier 1828 et l'arrivée du préfet De Belleyme[12] pour que l'autorisation soit accordée. L'entreprise formée alors avec l'intervention d'investisseurs parisiens, l’Entreprise générale des omnibus de Paris absorbe la compagnie nantaise. L'EGO, dont Stanislas Baudry est encore le directeur commence à opérer ses deux lignes parisiennes le 12 avril 1828. Elles relient la Bastille à la Madeleine et au Carrousel. Huit mois plus tard, la compagnie compte 200 employés, 800 chevaux et 89 voitures.
La même année, Edmond Baudry, fils de Stanislas, crée deux sociétés similaires à Bordeaux et à Lyon[13].
En février 1830, l'entreprise parisienne est dans une situation difficile, en raison de l'apparition entre-temps de plusieurs concurrents et surtout d'un hiver rigoureux qui fait flamber les prix des fourrages ; menacé de faillite, Stanislas Baudry se suicide en se tirant une balle dans la tête devant les écuries de sa compagnie, sur les bords du canal Saint-Martin (quai de Jemmapes)[14]. En fait, l'entreprise survit à cette crise[15]. En 1855, elle est l'élément essentiel de la Compagnie générale des omnibus, ancêtre de la Régie autonome des transports parisiens (RATP).
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (37e division)[16].
Le rôle de Stanislas Baudry comme innovateur
[modifier | modifier le code]L'invention du système de transport
[modifier | modifier le code]En ce qui concerne l'époque contemporaine, Stanislas Baudry est le premier en France à avoir fait circuler des véhicules ouverts à tous sur des lignes prédéfinies.
Mais il s'est certainement inspiré de l'initiative privée d'Étienne Bureau, petit-fils d'un armateur nantais, qui, peu avant celle de Baudry, met en place un service de transport des employés de son grand-père par une voiture circulant entre la rue Jean-Jacques-Rousseau et les Salorges, où se trouve le bureau de la Douane.
On doit aussi évoquer une initiative de John Greenwood en 1824 à Manchester[17]. John Greenwood, propriétaire d'une barrière d'octroi, instaure, le 1er janvier 1824, un service régulier de voitures de cette barrière vers la rue du Marché ; les voitures peuvent transporter huit ou neuf personnes. Il n'y a que trois rotations par jour et le tarif est assez élevé : ce service vise une clientèle de personnes aisées, notamment des commerçants.
L'invention du terme « Omnibus »
[modifier | modifier le code]Le mot « Omnibus » viendrait de ce que sur la ligne d'Étienne Bureau ou de Stanislas Baudry, l'arrêt principal était situé devant le commerce d'un chapelier à l'enseigne Omnes Omnibus ; le propriétaire des lieux portant le nom d'Omnès, la traduction de cette expression latine (littéralement : « Tous pour tous ») pouvait être « Omnès pour tous »[18]. Les employés auraient pris l'habitude de dire « Je vais à l'omnibus »[18], cette habitude ayant perduré lors de l'installation des lignes de la Dame blanche. Stanislas Baudry l'utilise et l'officialise lorsqu'il crée son Entreprise Générale de l'Omnibus en 1828.
Toutefois, aucun document d'époque n'atteste catégoriquement l'origine à partir d'une inscription commerciale Omnes Omnibus[19] ; la seule chose certaine est la première apparition du mot « omnibus » dans le cadre de l'entreprise créée par Stanislas Baudry en 1828. Une version différente de l'origine du mot est fournie par un article publié dans le Bulletin de la Société archéologique de Nantes en 1892 ; cet article cite aussi un texte de presse de 1826 et une chanson sur les omnibus de 1828[20].
Hommage
[modifier | modifier le code]Des rues portent son nom[21] :
- Rue Stanislas-Baudry, à Vieillevigne ;
- Rue Stanislas-Baudry, à Nantes, dans l'ancien quartier Richebourg (Jardin des Plantes, Lycée Clemenceau, Gare SNCF).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jean-Luc Flohic, Le patrimoine des communes de la Loire-Atlantique, Volume 1, Flohic éditions, 1999 (ISBN 9782842340407), p. 70 extrait en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
- Site Vieillevigne44.com, La première légion d'honneur vieillevignoise, par Dominique Tétaud, association généalogique des marches vieilevignoises lire en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
- Marie-Anne Pirez, Marie-Hélène Trouvelot, « Stanislas Baudry », dans Les Baudry ou Beaudry, éditions Archives & Culture, 1994 (ISBN 9782909530475), p. 117 extrait en ligne (consulté le 27 novembre 2010).
- Site loire-atlantique.fr (conseil général), Archives : Les omnibus à traction hippomobile lire en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
- Site Amis et Passionnés du Père-Lachaise, Baudry Stanislas 37e division (1re ligne, R, 34), 30 août 2005, lire en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
- Revue de Bretagne et de Vendée, vol. 45, édition J. Forest ainé, 1879 p. 165 & 254-255 extraits en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
- Josette Desrues, « Les omnibus de Baudry un service pour tous », dans En coche, en tram, en bus : le Paris-Saint-Germain, Dislab, 2005 (ISBN 978-2-95200-917-1) pp. 34-36 extrait en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
- Jean-Charles Cozic, Daniel Garnier, La presse à Nantes: Les années Mangin, Atalante, 2008 (ISBN 9782841723959) p. 144 extrait en ligne (consulté le 28 novembre 2010)
- Le texte du porspectus est cité dans Bulletin de la Société archéologique..., 1892, pages 109 et suivantes.
- Voir la page Omnibus et ci-dessous Invention du terme Omnibus
- Bulletin de la Société archéologique, p. 115.
- Ibid., p. 118.
- « Les omnibus à traction hippomobile », sur Conseil général de la Loire-Atlantique (consulté le ).
- Musée des Transports - Histoire générale des transports
- Ibid., p. 120. Selon l'auteur, le nouveau directeur s'appelle Fouquet, peut-être Edme Fouquet dont il faudrait éclaircir les liens avec Stanislas Baudry.
- Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 62
- Cf. site du Musée des Transports de Manchester : [1] : Organised public transport in Greater Manchester dates from 1st January 1824, when John Greenwood, proprietor of the Pendleton Toll Gates, started a regular horse bus or coach service to Manchester’s Market Street. This catered for merchants and the better off, for at first the journey was made only three times a day, at a fare of 6d (sixpence)(2 ½ p) for about three miles, but still cheaper than the Manchester hackney carriages. Each vehicle carried about eight or nine passengers, who were picked up or set down anywhere along the route.
- Site Le Point, Abécédaire Nantes de A à Z : O comme omnibus, par Philippe Dossat et Denis Roux, publié le 27 septembre 2009 lire en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
- Référence sur l'absence de documentation : Archives municipales de Nantes, L'Enfer du décor, décembre 2003.
- Renseignements sur l'article de 1892 : Histoire des Omnibus
- Site Google maps, lire en ligne (consulté le 28 novembre 2010).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Baron de Wismes, Les chars aux diverses époques, Bulletin de la Société archéologique de Nantes, , p. 108-122. L'auteur peut être Christian de Wismes, secrétaire général, ou Gaëtan de Wismes, bibliothécaire-archiviste de la Société archéologique de Nantes.
- Marcel Rumin, « Les omnibus nantais », Les Annales de Nantes et du Pays Nantais, no 294, , p. 1-2 (ISSN 0991-7179, lire en ligne)
- Émilien Maillard, Nantes et le département au XIXe siècle : littérateurs, savants, musiciens, & hommes distingués, 1891.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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