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Junillus Africanus

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Junillus Africanus
Junillus Africanus

Junillus, natif de la province d'Afrique, fut questeur du palais sacré (quæstor sacri palatii) à Constantinople sous le règne de Justinien. Il exerça cette fonction de 542 à sa mort en 549.

Il est question de lui dans l'Histoire secrète de Justinien de Procope de Césarée (XX, 17-20)[1]. Ce pamphlet virulent contre Justinien et ses collaborateurs présente de lui un violent portrait à charge : successeur de Tribonien dans la fonction[2], il n'avait absolument aucune formation juridique et n'avait jamais été avocat ; très versé dans les lettres latines, il connaissait en revanche très mal le grec et faisait rire ses subordonnés quand il se risquait à utiliser cette langue ; il était d'une extraordinaire cupidité et faisait un commerce éhonté des rescrits impériaux ; après avoir ridiculisé sa fonction pendant sept ans, il mourut et fut remplacé par un certain Constantin.

Œuvre littéraire

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Heinrich Kihn, premier éditeur scientifique en 1880 du traité pédagogique d'exégèse biblique intitulé Instituta regularia divinæ legis[3], a été le premier à identifier son auteur (« Junilius Africanus ») au questeur de Justinien : auparavant, on pensait qu'il s'agissait de quelque évêque de la province d'Afrique. L'épître dédicatoire du texte est adressée à un évêque Primase qui est sûrement l'Africain Primase d'Hadrumète, compagnon du pape Vigile à Constantinople pendant la querelle des Trois Chapitres (551/53). On comprend qu'au cours d'une conversation, Primase a demandé à Junillus de lui indiquer quel était parmi les Grecs l'homme le plus versé dans l'exégèse biblique ; Junillus a nommé Paul le Perse, un théologien formé dans l'école de Nisibe[4], auteur d'un ouvrage sur la question intitulé Règles ; Primase lui a alors demandé de produire une version latine de ce précieux traité ; les Instituta regularia sont le résultat de cette requête (mais ce n'est pas précisément une traduction, et Junillus a notamment adopté une autre présentation, sous forme de questions-réponses).

Junillus ajoute qu'il a également assisté à un cours remarquable de ce Paul le Perse sur l'Épître aux Romains, où il a pris soigneusement des notes, mais que ses activités absorbantes ne lui permettent pas (si l'on comprend bien) de mettre ces notes au clair[5]. On suppose qu'il a été très occupé à partir de sa nomination comme questeur en 542, et qu'il suivait les cours de Paul le Perse pendant la période antérieure ; d'autre part une délégation d'évêques de la province africaine de Byzacène se rendit à Constantinople en 542, et l'évêque Primase devait en faire partie, ce qui situe cette année-là la conversation évoquée entre Junillus et Primase[6].

L'ouvrage, une introduction à la lecture des Saintes Écritures[7] en deux livres, se présente comme un dialogue entre un maître et son disciple. Le premier livre est divisé en deux parties : sur la forme du discours (espèce de discours, autorité, auteur, genre, ordre), puis sur le contenu des textes (en rapport avec Dieu, le monde d'ici-bas, et l'au-delà). Le second livre traite du monde, de sa création, de son gouvernement, des propriétés et accidents de la nature, du libre-arbitre et de ses conséquences, puis des prophéties annonçant le Christ, de la vocation des païens, de l'accord de la raison avec les commandements de l'Écriture.

À notre connaissance, le texte n'a jamais été traduit anciennement dans aucune langue autre que le latin. Il fut apporté en Italie, et sa lecture recommandée, par Cassiodore[8], ce qui lui a assuré une petite diffusion en Occident (une vingtaine de manuscrits médiévaux conservés). L'editio princeps, due au théologien luthérien Johann Gast de Brisach, est parue à Bâle en 1545.

  • PL, vol. 68.
  • Heinrich Kihn (éd.), Junilii Africani Instituta regularia divinæ legis, Fribourg-en-Brisgau, Herder, 1880.
  • Michael Maas (éd.), Exegesis and Empire in the Early Byzantine Mediterrean : Junillus Africanus and the Instituta regularia divinæ legis, Studies and Texts in Antiquity and Christianity 17, Tübingen, 2003 (introduction, texte latin et traduction anglaise).

Bibliographie

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  • Wolgang A. Bienert, « Die Instituta des Junilius (Junillus) Africanus : Ein nestorianisches Kompendium der Bibelwissenschaft im Abendland », in M. Tamcke, W. Schwaigert, E. Schlarb (dir.), Syrisches Christentum weltweit : Studien zur syrischen Kirchengeschichte. Festschrift für Prof. W. Hage, Münster, 1995, p. 307-324.
  • Adam H. Becker, « The Dynamic Reception of Theodore of Mopsuestia in the Sixth Century : Greek, Syriac and Latin », in Scott Fitzgerald Johnson (dir.), Greek Literature in Late Antiquity : Dynamism, Didacticism, Classicism, Ashgate Publishing, 2006, p. 29-47.

Notes et références

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  1. Ce texte a été rédigé en 550 : voir Jacob Haury, « Zu Prokops Geheimgeschichte », Byzantinische Zeitschrift 34, 1934, p. 10-14, et « Prokop verweist auf seine Anekdota », Ibid. 36, 1936, p. 1-4.
  2. Tribonien était toujours en fonction en 541.
  3. Anciennement De partibus divinæ legis, mais ce titre est erroné et ne convient qu'au début.
  4. « Ad hæc ego respondi vidisse me quendam Paulum nomine, Persam genere, qui Syrorum schola in Nisibi urbe edoctus est ».
  5. « Sunt alia illius viri præclara monumenta : nam et beati Pauli ad Romanos epistolam audivi subtilius, ut arbitror, exponentem, quam [sic] ego ex ejus ore, ne memoria laberetur, excepi. Sed curarum negotiorumque spinæ, ne quid agro dominico fructificemus, impediunt ».
  6. Selon Junillus, Primase était en déplacement pour les affaires de sa province (« provinciæ utilitas »). La délégation d'évêques, envoyée par Dacien, métropolitain de Byzacène, obtint un rescrit impérial daté du 25 octobre 542 (Nov. app. 3). Voir Ernest Stein, « Le questeur Junillus et la date de ses Instituta », Bulletin de l'Académie royale de Belgique, Cl. Lettres, 1937, p. 378-383.
  7. Même genre de manuel que le Liber regularum de Tyconius, que le De doctrina christiana de saint Augustin, que les Formulæ spiritalis intelligentiæ de saint Eucher, et en grec l'Isagoge in Scripturam sacram du moine Adrien.
  8. Institutiones divinarum et sæcularium litterarum, I, 10.